Parfum de chaos à Compiègne
Alors que les chevaux entraient au rond de présentation pour la sixième course, la sirène a retenti, annonçant un retard estimé à 30 minutes. Ce qui n’était au départ qu’un simple contretemps a pris une tout autre tournure en coulisses. Patrick Sourd commissaire de la réunion a déclaré : « Après avoir reçu à nouveau les jockeys et les entraîneurs, nous avons décidé de ne pas courir à cause de probables risques. Certains jockeys, parmi les plus renommés, ont refusé de poursuivre la réunion, prétextant un risque d’incident dans les dernières épreuves. Nous faisons en sorte que tout se passe pour le mieux et sans risque. » Mais dans la salle des balances, la tension est rapidement montée. Les esprits se sont échauffés, et l’hippodrome a été le théâtre d’une série d’échanges tendus entre jockeys, entraîneurs, et commissaires.
Une alerte ignorée, une décision tardive
Dès la deuxième course, plusieurs jockeys avaient déjà signalé que la piste était glissante, mais aucune mesure n’avait été prise sur l’instant. Il a fallu attendre la cinquième épreuve pour qu’un groupe de jockeys refuse de monter l’épreuve suivante, invoquant des raisons de sécurité. Les entraîneurs ont été convoqués par les commissaires afin d’être informés de la situation et pour essayer de trouver une solution. Un attroupement s’est alors formé, créant une ambiance pesante et confuse. Le souvenir d’accidents récents plane : la chute de Stéphane Pasquier à Saint-Cloud, ou encore la réunion dramatique du Mans, avec trois chevaux morts sur la piste.
Des réactions partagées
Les réactions n’ont pas tardé à fuser, et les divergences de points de vue ont été vives. Certains professionnels venus de loin ont eu du mal à accepter la situation. Des voix se sont élevées, proposant de décorder ou de laisser les jockeys se déporter. L’entraîneur Armony Tinchon a exprimé son incompréhension : « C’est surtout dommage pour les propriétaires qui ont fait de la route… Qui va payer les déplacements ? Une décision est prise après la cinquième alors que certains jockeys voulaient monter. Je ne sais pas si c’est par pression ou par peur d’être blâmés après leur passage chez les commissaires, mais ils ont finalement refusé. » La jockey Mickaëlle Michel, présente chez les commissaires, a tenté de nuancer la situation : « Au vu des événements récents, c’est une décision sage. Il ne faudrait pas qu’un apprenti ou un jockey sans trop d’expérience se fasse mal. Cela dit, tout ne s’est pas passé correctement. Certains voulaient monter, surtout ceux qui montent peu, et ils ont été un peu pénalisés. En Australie, on réalise un vote blanc, et la majorité l’emporte. Là , certains jockeys sont partis avant même la décision finale. Et moi, je ne pouvais pas juger la piste, n’ayant pas encore monté. » D’autres jockeys, qui n’avaient pas encore couru, ont exprimé leur solidarité envers leurs collègues, préférant ne pas monter pour ne pas rompre l’unité du groupe.
Une scène surréaliste
Ce qui devait être une réunion ensoleillée, avec un public nombreux, a viré au chaos. On a pu voir des entraîneurs entrer dans les vestiaires à la recherche de jockeys, sur demande des commissaires, des chevaux aller et venir au rond avec la selle sur le dos, sans aucune visibilité sur la suite des événements. La réunion s’est conclue sans issue concrète, mais avec une certitude : la solidarité des jockeys a primé, dans un contexte où leur sécurité, une fois de plus, s’est retrouvée au cœur des débats.