Starnberg pour la France, Klaynn pour l’histoire

Le Derby Italiano (Gr2) est à l’affiche lundi à Capannelle, dans une réunion qui propose cinq autres épreuves black types. Le classique doté de 640.200 € sera couru un lundi mais il faut savoir que le 2 juin est un jour férié en Italie, pour la fête de la République. Dix-huit partants ont été déclarés, dont Starnberg (Lawman) pour la France, et la pouliche invaincue Klaynn (Make Believe) qui portera les espoirs d’une performance historique. La dernière femelle à s’être imposée dans le Derby remonte à 1936, avec l’exploit d’Archidamia (Manna). Déjà lauréate du Grand Critérium à 2ans, elle avait réussi en l’espace de 105 jours à remporter le Premio Pisa, les deux versions italiennes de la Poule d’Essai (Pouliches et Poulains), les Oaks, et le Derby, avant d’enchaîner avec le Gran Premio d’Italia et de conclure sa campagne en explosant par sept longueurs les chevaux d’âge dans le Gran Premio di Milano (3.000m). Depuis, plusieurs pouliches ont tenté l’aventure, et huit d’entre elles ont terminé dans les trois premiers.

Klaynn n’est peut-être pas la nouvelle Archidamia, mais ses titres parlent pour elle. Elle a gagné ses cinq courses avec un total de vingt-quatre longueurs d’avance, et s’est imposée très facilement dans le Premio Regina Elena (Gr3), la Poule des Pouliches, laissant sa plus proche rivale à six longueurs. Son entraîneur Endo Botti qui partage l’entraînement avec sa compagne Cristiana Brivio Sforza a commenté : « On a bien réfléchi et dimanche, on a fait un dernier point avec un champ probable sous les yeux. On a choisi de courir le Derby pour trois raisons. En premier lieu, c’est une pouliche qui sort de l’ordinaire et elle nous a montré au travail qu’elle peut tenir les 2.200m à Rome. Une option possible était d’aller sur les Oaks d’Italia (Gr2), mais les 2.200m de San Siro sont plus sélectifs, et surtout la course est programmée le 22 juin, alors qu’il fera très chaud, et que sa dernière sortie remonte au 27 avril. Une autre bonne raison est le niveau de l’opposition, respectable mais pas impossible. Et enfin, il y a le plaisir de courir pour un objectif historique. »

Le principal rival annoncé est l’allemand Zauberkönig (Teofilo) qui a remporté par sept longueurs le Premio Emanuele Filiberto, trial le plus fiable pour le Derby, après avoir ouvert son palmarès en Allemagne. Il se présente avec un rating de 104. Endo Botti ajoute : « Je respecte tous les adversaires, mais je pense que Klaynn aurait elle aussi gagné le Premio Emanuele Filiberto en se baladant comme l’allemand. C’est une pouliche pas comme les autres, très masculine dans son physique et son mental. Elle est dure et fait mal aux autres. Dans le Premio Regina Elena, celles qui ont tenté de la suivre ont craqué dans les 400 derniers mètres, et Klaynn a terminé avec des ressources. »

Jérôme Reynier tente l’aventure avec Starnberg, représentant de Bernard Giraudon, resté invaincu en trois sorties à 2ans et placé à quatre reprises cette saison en Classe 1. Son entraîneur nous a confié : « C’est un poulain qui tient, très régulier, et qui vaut une Listed en France. En dernier lieu, il a joué de malchance à Borély, et avant cela, il est tombé sur une course sans train à La Teste. On a hérité d’un mauvais numéro dans les stalles, le 16, mais je pense que la course va se dérouler à un bon rythme. Comme d’habitude, on se déplace pour gagner, et je le vois compétitif. »

Pour les amateurs d’histoire, la dernière pouliche à avoir battu les mâles dans un Derby européen est Borgia (Acatenango), lauréate du Deutsches Derby (Gr1) en 1997 pour Bruno et Andreas Schutz, avec Olivier Peslier en selle. Au Curragh, Balanchine (Storm Bird) avait fait l’histoire dans le Irish Derby (Gr1) en 1994. Brumelli (Maintenon) est la dernière lauréate du Prix du Jockey Club (Gr1). C’était en 1917 et douze mois auparavant Fifinella (Polymelus) s’était imposée dans le Derby (Gr1) couru à Newmarket en 1916, alors que Tagalie (Cyllene) en 1912 est la dernière pouliche à avoir passé en tête le poteau du Derby à Epsom.