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mercredi 18 juin 2025
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Craig Bernick : « Nous voulons avoir des femelles de tout premier plan en France »

Craig Bernick : « Nous voulons avoir des femelles de tout premier plan en France »

Personnalité importante du galop américain, Craig Bernick investit avec réussite et bonheur en France où il veut créer un élevage de chevaux sur le gazon. Courir le Diane avec Audubon Park est un véritable accomplissement qu’il apprécie à sa juste valeur

Par Adrien Cugnasse

ac@jourdegalop.com

C’est l’un des jeunes éleveurs et propriétaires qui comptent outre-Atlantique. Mais Craig Bernick aime aussi beaucoup l’Europe et en particulier la France : « Dans ma vie professionnelle, j’ai toujours aimé l’idée d’aller dans de nouveaux pays, de créer, de développer. Avec les chevaux, c’est un peu la même chose. J’aime beaucoup l’univers des courses en Europe. En termes de volume, nous sommes encore plus présents en Irlande, mais à long terme, je pense que notre activité sera plus importante en France. J’apprécie la manière dont les chevaux y sont préparés. Cette année, j’ai deux chevaux de 3ans à l’entraînement en France : j’ai une petite part de Safia (Sottsass) qui vient de gagner le Prix Mélisande (L) et je suis propriétaire à 100 % d’Audubon Park (Dubawi), qui, elle, n’a pas couru à 2ans. Ces deux pouliches ont toujours été très estimées par leurs entraîneurs. Elles ont débuté quand elles étaient prêtes, sans précipitation, et elles progressent régulièrement. C’est un début d’année enthousiasmant. »

Elle vise le Diane depuis longtemps

« Nous avons énormément de chance d’avoir Francis Graffard : c’est un entraîneur exceptionnel. Tout était en place pour qu’Audubon Park ait une vraie chance de devenir une bonne jument. Mais, évidemment, on ne sait jamais avant qu’ils ne courent. Et jusque-là, elle a bien couru. À plus long terme, elle restera en France pour l’élevage. Nous essayons de développer notre structure ici. Audubon Park est une jument de haut niveau, la meilleure que nous ayons. Pour nos pouliches qui courent en Europe, tant qu’elles progressent… nous les gardons ici. Lorsqu’elles atteignent leur plafond, nous envisageons parfois de les envoyer aux États-Unis, où les allocations sont meilleures. Ses deux premières courses étaient très bonnes. Certes, Audubon Park n’a peut-être pas battu grand-chose, mais visuellement, c’était superbe. Sa dernière sortie a été un peu décevante. Francis avait une excuse : elle n’avait pas couru depuis un moment et n’était pas vraiment préparée pour cette course. Il avait toujours en tête le Prix de Diane. Et ce jour-là, elle était en chaleur de façon assez marquée. Je n’ai pas pu faire le déplacement, mais en arrivant quelques jours plus tard, elle était encore sensible. Cela peut vraiment les affecter. Nous espérons qu’elle va progresser avec cette course dans les jambes, une meilleure condition, et en espérant qu’elle ne soit plus en chaleur cette fois-ci… »

Déjà une réussite

« Vu ce qu’elle a réussi et son pedigree, Audubon Park est déjà une immense réussite pour nous. Compte tenu de son prix d’achat, de ce qu’elle vaut aujourd’hui et de ce qu’elle peut produire à long terme comme poulinière, c’est formidable d’avoir une telle pouliche. Et elle n’est absolument pas hors du coup pour dimanche ! Si ses excuses lors de sa dernière sortie sont valables et qu’elle progresse, alors elle a une vraie chance dans cette course. C’est tout ce que l’on peut demander dans une épreuve de ce niveau. Certains investisseurs arrivent avec beaucoup de moyens et veulent tout réussir d’un coup, comme si l’on pouvait avaler une pizza entière en une seule bouchée. Ce n’est pas notre manière de faire. Notre stratégie, c’est de construire un noyau de poulinières de classe mondiale. On essaie d’acheter des pouliches, de les faire courir et, si elles se montrent bonnes, on les garde pour l’élevage. Au sommet de cette pyramide, il y a bien sûr les classiques. Mais obtenir du black type en Europe est déjà très difficile. C’est extrêmement rare d’avoir une pouliche qui court au niveau black type en Europe sans devoir affronter, dans chaque course, huit ou dix entités qui possèdent chacune une centaine de poulinières et croisent avec des étalons comme Frankel (Galileo), Dubawi (Dubai Millennium), Kingman (Invincible Spirit) ou Wootton Bassett (Iffraaj). Ils sont dans toutes les courses ! »

Une aventure familiale

Craig Bernick fera le déplacement avec les siens dimanche à Chantilly : « Toute ma famille sera là. Tous les deux ans, nous faisons un voyage en Europe. Cette année, nous faisons Paris, puis la deuxième partie en Italie. J’avais toujours gardé à l’esprit cette date en me disant que si on avait la chance d’avoir une partante dans le Diane, ce serait ce week-end-là. Et nous l’avons ! Donc ce sera ma femme, mes trois filles, ma mère, ma belle-mère et moi. Beaucoup de femmes… et moi ! Ça va me coûter cher en robes… mais ce n’est pas grave ! Je regarde le Diane tous les ans. C’est une course extrêmement spéciale par son histoire, sa tradition, et la qualité des juments qui l’ont gagnée. Des éleveurs-propriétaires très célèbres y ont brillé. C’est un objectif que nous avons toujours poursuivi : avoir des chevaux capables d’évoluer à ce niveau, bâtir un bon élevage en France. Bien évidemment, nous n’aurons jamais la même force numérique des grandes écuries internationales. La distance de 2.100m est excellente. Un cheval lent ne peut pas gagner. Beaucoup de milers d’exception l’ont remporté. Le Prix de Diane, comme le Jockey Club, est parfaitement construit. Les gagnants du Jockey Club de ces 10-15 dernières années sont devenus d’excellents étalons. Prenez Study of Man (Deep Impact). Il n’a jamais eu la reconnaissance qu’il méritait. Au haras, il n’était pas cher, mais ses débuts sont remarquables. Cette distance permet de produire des chevaux capables d’aller sur 1.600m, 1.800m, 2.400m selon les croisements. Lope de Vega (Shamardal) en est la preuve : ses produits brillent à 2ans comme à 4ans ou 5ans. »

Il rêvait de cette souche !

« Vu son pedigree, j’ai été très, très surpris que nous puissions acheter Audubon Park à Arqana il y a deux ans. Cette année-là, nous vivions une saison magique. Les Pavot (Wootton Bassett) venait de gagner le Prix de Cabourg (Gr3) à Deauville, le jour même ou peut-être la veille de l’achat d’Audubon Park. Et un mois plus tôt, nous avions une pouliche entraînée en Irlande, Aspen Grove (Justify) qui remportait les Belmont Oaks (Gr1). Nous étions vraiment dans une excellente dynamique et nous cherchions à acheter quelques femelles. Mais nous n’avions jamais imaginé avoir une chance d’obtenir Audubon Park vu son profil exceptionnel ! Elle ne faisait pas partie des six yearlings que nous avions présélectionnés, car nous pensions tout simplement qu’elle serait beaucoup, beaucoup trop chère. À la toute dernière minute, nous avons décidé de la véter. Au cas où. Et il se trouve que cette année-là, Godolphin n’achetait pas de pouliches. Quand nous l’avons achetée, j’étais tellement surpris que j’ai envoyé un deuxième vétérinaire de peur d’avoir fait une erreur. C’était la première fois que nous pouvions acheter une fille de Dubawi (Dubai Millennium). Je suis de près les courses européennes et j’ai les stud-books de l’Aga Khan et des Wertheimer… Je connaissais donc par cÅ“ur le pedigree d’Audubon Park avant de l’acheter ! L’écurie des Monceaux est un élevage formidable qui a élevé tant de bons chevaux. »

L’attrait pour le gazon

« Mon grand-père a lancé notre activité hippique au milieu des années 1960 aux États-Unis. Au fil des décennies, nous avons progressivement orienté notre élevage sur le gazon et il possédait d’ailleurs des parts dans Roberto (Hail to Reason), et nous avons eu l’étalon Relaunch (In Reality). Beaucoup de nos chevaux se sont naturellement tournés vers le turf. J’ai constaté que lorsqu’un cheval de gazon américain entre au haras, et que l’ensemble de sa famille est américaine, il n’obtient pas la crédibilité internationale qu’il mériterait. J’ai donc commencé à envoyer quelques-uns de nos chevaux vers l’Europe, pour courir ou pour l’élevage. Plus récemment, nous avons fait saillir certaines de nos juments par des étalons européens, d’où Mount Kilimanjaro (Siyouni), deuxième du Critérium International (Gr1) et lauréat des Dee Stakes (L) cette année. Cela commence à porter ses fruits. »

Si l’on suit les résultats des bonnes courses aux États-Unis, on remarque que les chevaux nés en Europe sont beaucoup moins performants sur le gazon américain depuis une paire d’années. Craig Bernick réagit : « Oui, j’ai remarqué cela aussi. Je ne saurais dire pourquoi. Il y a de bons étalons aux États-Unis et des entraîneurs spécialistes aussi. Peut-être que les chevaux importés ne sont plus aussi bons. Mais ce n’est qu’une supposition. Peut-être que le niveau remonte aux États-Unis. Wathnan Racing et d’autres grandes casaques achètent aussi beaucoup de chevaux qui restent désormais en Europe. »

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