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mardi 8 juillet 2025
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Kishore Mirpuri, de l’Inde à la France en passant par la Pologne !

Kishore Mirpuri, de l’Inde à la France en passant par la Pologne !

Lauréat d’une Classe 1 le 11 avril, Kishore Mirpuri sera représenté dimanche par Miss Dynamite dans le Prix Pawneese (L). Désormais propriétaire en France, cet Indien qui vit en Pologne a un parcours assez extraordinaire !

Par Adrien Cugnasse

ac@jourdegalop.com

Kishore Mirpuri est copropriétaire de deux chevaux en France : Zen Spirit (Inns of Court) gagnant de Classe 1 sous l’entraînement de Victoria Head, et Miss Dynamite (Vadamos) qui va courir pour la première fois sous la férule d’Alicja Karkosa dimanche (dans le Prix Pawneese, L). La vie de Kishore Mirpuri est digne d’un film de Wes Anderson, à cheval entre les continents… mais avec le cheval comme fil rouge.

La Pologne, sur un coup de tête

Dans un anglais châtié, comme souvent chez les représentants de la bonne société indienne, Kishore Mirpuri nous a confié vendredi : « Comme on peut le deviner à mon nom, je suis indien. Mais je vis en Pologne depuis plus de trente-cinq ans maintenant. Après mes études, à la vingtaine, j’ai vécu deux ans à Bangkok. Et j’y ai rencontré de nombreux Polonais. C’était le moment où la Pologne s’ouvrait après le communisme. Beaucoup de Polonais arrivaient en Asie, et moi j’avais un commerce d’exportation. Et je les ai trouvés très amusants, très chaleureux, et les femmes étaient vraiment très belles [il s’est ensuite marié et ses trois filles sont nées en Pologne, ndlr]. Ils m’ont dit : « Pourquoi tu ne viens pas en Pologne pour monter un business ? Ce serait sympa. » Je n’ai pas réfléchi une seconde, vous voyez. Quand on est jeune, on aime l’aventure, on saute dans l’avion. Mais aujourd’hui, à la soixantaine, je dois dire que le climat de la Pologne ne me convient que la moitié de l’année ! Mais à l’époque, je ne réfléchissais pas autant. J’ai sauté le pas. Et je ne le regrette pas. Personne ne m’a forcé à rester ! J’ai bien profité de ma vie ici, en Pologne. Honnêtement, j’ai vu ce pays changer. Quand je suis arrivé d’Asie, tout me semblait gris. Le ciel était gris, les bâtiments étaient gris, tout était gris. Je me suis dit : « Le commerce de la peinture devrait bien marcher ici. » Et je ne me suis pas trompé ! Aujourd’hui, tout est coloré. Les Polonais sont des gens très entreprenants. Ils sont travailleurs et ils sont entrés dans l’Union européenne au bon moment. Et je pense qu’ils en ont bien profité. Et je crois qu’on s’en sort bien. »

Les passions naissent dans l’enfance

Kishore Mirpuri vient d’une famille où l’on aime les courses. Et sa passion pour le sport hippique a ses racines dans son enfance indienne : « Mon grand-père était membre du Jockey Club. Durant ma jeunesse, j’étais son chauffeur pour aller aux courses. Le père de mon meilleur ami était bookmaker, donc cela m’a rapproché encore plus du monde des courses par l’aspect ludique des paris. Bien plus tard, en 2000, j’ai renoué avec les courses en Pologne, un pays où je suis arrivé en 1989. Assez rapidement, j’ai commencé à élever et à faire courir. J’ai été éleveur de chevaux arabes et de pur-sang. Je suis la seule personne, je crois, en Pologne, à avoir élevé un gagnant classique dans les deux races ! J’ai élevé une pouliche arabe qui a gagné les Oaks, et aussi une pouliche pur-sang qui a gagné les Oaks. Désormais, je représente Goffs Ireland pour toute l’Europe centrale et de l’Est, de la Pologne jusqu’au Kazakhstan. » Kishore Mirpuri dirige aussi une entreprise de vente d’aliments et de compléments alimentaires pour chevaux.

Les Polonais achètent une centaine de yearlings à l’Ouest

On voit clairement une tendance ces dernières années : des chevaux venus de Pologne réussissent bien en France. Si Miss Dynamite obtient du black type français ce dimanche, elle ne sera absolument pas le premier cheval polonais à atteindre ce niveau. Loin de là. Kishore Mirpuri analyse : « Les propriétaires ont commencé à importer des chevaux de meilleure qualité pour courir en Pologne. Il y a quelques investisseurs majeurs, et d’autres qui investissent de manière raisonnable, mais chaque année, plus de 100 yearlings sont achetés pour venir en Pologne, plus environ 20 à 30 achats privés. Entre 30 et 40 viennent d’Arqana, entre 50 et 60 de Goffs. Il y a 15 ans, en Pologne, il y avait très peu de chevaux de qualité capables de courir à l’étranger. Mais désormais, avec ce vivier acquis à l’international, il y a toujours quelques bons dans le lot. Maintenant, dire à quel point ils sont bons est difficile avant de les essayer à l’étranger… Car ils ne courent qu’entre polonais durant la saison à Varsovie. Même si désormais, nous avons une Listed avec plus de 100.000 € d’allocation, qui se court à peu près au même moment que l’Arc. Elle attire quelques chevaux d’Allemagne ou de France pour venir tenter leur chance ici. Miss Dynamite y a couru l’an dernier et elle a été battue de très peu par la française Kaneshya (Hunter’s Light). Les meilleurs polonais valent Listed ou Gr3 en Europe de l’Ouest. Mais il leur faut du temps pour s’adapter aux courses françaises. Le style de course en France et en Pologne est un peu différent. Je pense qu’il leur faut cinq ou six sorties pour comprendre… »

L’entraînement à la polonaise

À Goffs en Irlande, Kishore Mirpuri achète avec le courtier Bobby O’Ryan. Ainsi Zen Spirit n’a coûté que 12.000 € et Miss Dynamite 10.000 €. Les entraîneurs d’Europe centrale font preuve de beaucoup de patience et certains chevaux en bénéficient énormément : « Ça dépend des entraîneurs, mais la tradition c’est d’être patient. À l’époque, comme les chevaux n’étaient pas très précoces, c’était la norme. Et en général, cela fonctionne mieux d’être patient avec les chevaux, même s’il est né pour être précoce. Et puis, le système de courses lui-même est structuré ainsi. La saison commence en avril, se termine en novembre, et les 2ans débutent fin juin ou début juillet. Donc les chevaux ont beaucoup de temps pour apprendre. En Pologne, je dirais que moins de 50 % des 2ans déclarés courent effectivement à 2ans. Donc les propriétaires achètent souvent des chevaux destinés à progresser. Surtout que les meilleures courses sont sur 2.400m. Donc quand les propriétaires achètent, en France ou en Irlande, ils cherchent des profils de tenue en espérant courir les bonnes épreuves. Et les entraîneurs le savent. La majorité prend son temps. C’est pour ça qu’ils ont souvent des chevaux qui restent sains et courent plus longtemps. Mais malheureusement, c’est pareil partout en Europe de l’Ouest : tout le monde essaye de produire des chevaux précoces et vites. Et les quelques profils classiques sont trop chers. On ne peut pas s’offrir un Sea The Stars (Cape Cross) ou un Camelot (Montjeu) pour la Pologne. On se rabat donc sur des mères par Galileo (Sadler’s Wells), Sea The Stars, ou Monsun (Königsstuhl). Et puis on croise les doigts en espérant que le cheval tiendra la distance. Les frais d’entraînement ont beaucoup augmenté. Ils ont été multipliés par 5 depuis que je suis arrivé. En 2000, je payais 600 zlotys par mois (140 €). Aujourd’hui, je paie 3.000 zlotys (environ 700 €). »

Un pays en pleine croissance

L’économie polonaise est en plein essor depuis quelques années. La Pologne est aujourd’hui le 6e PIB de l’UE, derrière les Pays-Bas et devant la Suède et la Belgique. Mais quel est l’état des courses dans ce pays ? : « Cela ne suit pas vraiment la même tendance. L’économie est effectivement florissante. Mais les courses n’ont jamais été le sport dominant en Pologne. Même si pendant la période communiste, c’était populaire car il n’y avait pas beaucoup de loisirs. Et c’était le seul endroit où l’on pouvait parier et boire de la vodka ouvertement ! Mais l’hippodrome de Varsovie est magnifique. J’ai voyagé dans toute l’Europe et c’est l’un des plus beaux ! L’homme qui a conçu cette piste devait être un génie. Nous avons deux belles journées de course, avec 15.000 personnes, celle du Wielka Warszawska et celle du Derby. Après la chute du communisme, les haras sont devenus privés et ils ont cessé d’exister. C’est pourquoi l’élevage est mort. Mais le galop est stable depuis cinq ou six ans. Il y a toujours quelques nouveaux propriétaires qui arrivent, d’autres qui s’en vont. Le secteur est stable car les allocations sont correctes. Mais elles n’ont pas progressé, alors que les frais d’entraînement ont beaucoup augmenté à cause de l’inflation liée à la guerre en Ukraine. Nous avons quelques courses bien dotées, mais pas assez. »

À suivre en deuxième partie de saison

« Miss Dynamite était une championne l’année dernière, elle a été élue cheval de l’année en Pologne. Et l’année d’avant, elle avait gagné une course classique, les Oaks, et faisait partie des pouliches avec les meilleures valeurs du pays. En fin de saison dernière, nous nous demandions ce que nous allions faire. Car mon associé Wojciech Zmiejko et moi-même ne souhaitions pas élever. L’élevage est presque mort en Pologne. L’idée, en envoyant Miss Dynamite en France, c’est de lui donner une valeur commerciale en prenant du black type français et de la vendre en fin d’année. Miss Dynamite est bien meilleure que ce qu’elle a montré lors de ses débuts français. Mais je ne pense pas que l’on verra encore la vérité dimanche. J’espère simplement qu’elle finira dans le peloton, sans être complètement larguée. Ce serait déjà un bon résultat pour moi. Je pense qu’elle progressera sur ses deux ou trois prochaines sorties. Tant que nous n’avons pas de valeur handicap en France, les opportunités sont très limitées. Donc nous utilisons le Prix Pawneese (L) comme un tremplin, pour en apprendre davantage sur sa capacité à courir dans des conditions différentes. Ici, elle courait corde à gauche, dimanche ce sera corde à droite. Ce sera encore une nouveauté pour elle. Ce sont des expériences nécessaires à son développement. C’est une pouliche avec une bonne tête. En regardant ses performances en Pologne, je pense qu’elle peut atteindre un rating de 40 à 42 si on est patient avec elle en France. Bien sûr, il faut aussi avoir de la chance, que les choses se passent bien. Mais pour l’instant, si vous avez un euro à parier, ne le misez pas sur elle dimanche ! Nous visons plutôt des courses cet été et cet automne… »

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