ROYAL ASCOT (GB), SAMEDI
QUEEN ELIZABETH II JUBILEE STAKES (GR1)
Lazzat, la France qui gagne
Il aura fallu patienter… mais finalement, après deux courtes défaites, la France a signé sa première victoire dans les Queen Elizabeth II Jubilee Stakes (Gr1) tout comme dans cette édition 2025 du meeting de Royal Ascot 2025. Ce succès historique porte la signature de Lazzat (Territories), qui s’est imposé avec autorité et panache dans le sprint des sprinters. Le scénario n’avait pourtant rien de rassurant samedi matin, quand la cote du japonais Satono Reve (Lord Kanaloa) fondait tandis que celle de Lazzat montait jusqu’à 6/1. Mais Jérôme Reynier y a toujours cru…
Un rêve devenu réalité
Très ému quelques minutes après avoir reçu le trophée, Jérôme Reynier nous a dit : « J’avais beaucoup de confiance en mon cheval. Le seul point d’interrogation, c’était son entente avec James Doyle. Avec Facteur Cheval, il y avait plus d’incertitude : la distance, un jockey qui ne connaissait ni le cheval ni l’hippodrome. James connaît parfaitement la ligne droite d’Ascot. Je lui ai dit de monter le cheval en confiance, qu’il allait se mettre dans son rythme et écœurer les autres. » Et d’ajouter : « J’ai préféré faire l’impasse sur le Palais Royal pour l’amener avec de la fraîcheur. C’est un cheval facile à préparer, Franck [Blondel] le connaît par cœur. Il était heureux de rentrer chez lui après les voyages, la quarantaine à Newmarket, l’Australie, Hongkong… Je crois qu’il était ravi de retrouver de la belle paille et du foin de Crau ! »
Le Maurice de Gheest en ligne de mire
Concernant la suite du programme, l’entraîneur reste prudent : « La July Cup arrive un peu vite. Aujourd’hui, il faisait très lourd à Ascot sur une piste légère. James m’a dit qu’il y avait eu deux courses : la première quand il a mis les autres dans le rouge ; la seconde quand il a fallu repousser le japonais. Cette lutte va peser sur l’organisme. Je pense donc viser une rentrée dans le Prix Maurice de Gheest, où il pourrait défendre son titre. Ensuite, pourquoi pas tenter la Sprint Cup et les British Champions Sprint Stakes. Il se sort de tous les terrains. »
Tout a commencé avec Royal Julius
Jérôme Reynier a déjà gagné des Grs1 à l’étranger, mais gagner à Royal Ascot a forcément une saveur particulière : « C’est un rêve. Je ne manquais jamais une course de ce meeting, et dès que j’ai eu un cheval pour y aller, j’ai tenté. C’était Royal Julius, et après sa victoire dans le Premio Presidente Della Republica, nous sommes allés courir les Prince of Wales’s Stakes, même s’il n’avait qu’une chance minime. Il a fini sixième mais ce sont des souvenirs à jamais ancrés en moi. Ma fille Rose était alors dans le ventre de sa mère… J’ai du mal à réaliser ce qui m’arrive. Nous pouvions rentrer ce soir ou demain matin… Je crois qu’on va rester ici ce soir ! »
Le scénario de course
Lazzat et Satono Reve se sont détachés à 400m du poteau. Lazzat a animé les débats dans le peloton du centre, tandis que côté tribunes, le japonais a trouvé un leader de luxe en Storm Boy (Justify), le 3ans australien décevant. Satono Reve a lancé une attaque puissante… mais Lazzat s’est montré encore plus dur, ne lâchant rien. Il s’impose d’une belle demi-longueur, dans un temps record de 1’11’’30, battant le chrono établi par Blue Point (Shamardal). La troisième Flora of Bermuda (Dark Angel) nouvelle représentante de Wathnan Racing est reléguée à trois longueurs — un écart conséquent dans un sprint. Deux autres français étaient en lice : Sajir (Make Believe), déclaré non partant après des soucis aux stalles, et Topgear (Wootton Bassett) qui a bien galopé en compagnie de Lazzat avant de céder, ayant perdu ses deux fers antérieurs orthopédiques. C’est la plus belle victoire de la carrière de Lazzat, désormais considéré comme le meilleur sprinter d’Europe. Son achat par Wathnan Racing s’est avéré judicieux, tout comme sa vente par Sumbe qui travaille désormais sur un autre projet d’élevage. Fait marquant : Lazzat a prolongé la fête par une échappée après le poteau, heureusement sans conséquences.
Le grand travail de Sumbe
Lazzat a été élevé par Sumbe et présenté à la Goffs London Sale en 2024, où il n’a pas atteint son prix de réserve de 2,25 M£. Son père Territories (Invincible Spirit) a officié huit saisons pour Darley avant d’être vendu en Inde à Poonawalla Stud. Il compte 51 yearlings en Europe cette année et a sailli 104 juments en 2024. Nurlan Bizakov avait acquis la deuxième mère Lashyn (Mr. Greeley) yearling à Keeneland pour 625.000 $ en 2010. Elle était issue d’une jument d’exception : Sleepytime (Royal Academy), lauréate des 1.000 Guinées (Gr1), troisième des Coronation Stakes (Gr1) et du Fillies’ Mile (Gr1). En Europe, Sleepytime a produit deux sujets black types, dont Gentleman’s Deal (Danehill) gagnant du Winter Derby (Gr3), et Hathal (Speightstown) lauréat de Gr3. Lashyn gagnante sur 2.000m pour Sir Michael Stoute a donné trois gagnants, dont Lastochka (Australia) mère de Lazzat qui s’est classée quatrième d’une Listed sur 2.000m à Newbury en trois sorties.
Lastochka a une 2ans par Golden Horde (Lethal Force), un yearling par Lope de Vega (Shamardal), et a pouliné un/e foal par Siyouni (Pivotal). Elle a été saillie cette année encore par l’étalon des Aga Khan Studs.