Starman, comme prévu et même mieux que prévu

Les éleveurs et propriétaires, notamment en Irlande et en Angleterre, ayant fait confiance à Starman (Dutch Art) ont eu raison. Les résultats commerciaux du jeune sire étaient déjà prometteurs l’an dernier, avec 151 yearlings vendus sur 211 pour un prix moyen de 47.704 €, soit près de trois fois son prix de saillie 2022, malgré le risque d’inflation. Cette année, lors des breeze up, le prix moyen des 34 produits de l’étalon du Tally-Ho Stud a atteint 70.051 €. Mais c’est surtout le verdict de la piste qui compte : Starman domine largement le classement des étalons de première production avec 12 gagnants, soit le double de son plus proche poursuivant, Nando Parrado (Kodiac). Ce n’est pas un record absolu – Havana Grey (Havana Gold) avait atteint 15 gagnants fin mai 2022 – mais la concurrence dans le créneau de la précocité et de la vitesse est de plus en plus rude, au point que les différents records ne peuvent être battus que par leurs détenteurs ! Difficile d’imaginer un autre étalon que Mehmas (Acclamation) capable en effet de produire plus de 70 gagnants de 2ans, ou un autre que Wootton Bassett (Iffraaj) avec plus de 3 M€ de gains et dix lauréats de Groupe chez les 2ans.

Dans les différents classements des pères de 2ans (par nombre de gagnants, sujets black types, lauréats de Groupe et gains), Starman figure en tête à deux reprises et se classe deuxième les autres fois. Cinq de ses produits ont déjà décroché leur black type, soit un de plus que Mehmas, et quatre ont brillé dans les Groupes, dont deux ont déjà gagné à ce niveau : les pouliches Lady Iman et Venetian Sun. Cette dernière ayant obtenu le meilleur rating (105) parmi les femelles ayant couru à Royal Ascot. Mehmas compte trois 2ans de niveau Groupe mais aucun gagnant. No Nay Never (Scat Daddy) fait jeu égal avec Starman en termes de gagnants de Groupe, et les autres étalons ayant produit un vainqueur à ce niveau sont Starspangledbanner (Choisir), Wootton Bassett et le champion sire 2024 des Îles britanniques, Dark Angel (Acclamation). Les tarifs de saillie en 2022 des autres étalons ayant engendré des gagnants de Groupe dans la génération 2023 étaient : Wootton Bassett (150.000 €), No Nay Never (125.000 €), Dark Angel (60.000 €) et Starspangledbanner (35.000 €).

Mehmas devance Starman dans le classement par gains en Europe avec 483.403 €, dont 160.720 € remportés en France par ses quatre gagnants, en tête desquels figure le lauréat de Listed et placé du Prix du Bois (Gr3) Imperial Me Cen. L’écart entre les deux étalons sur le Vieux Continent est de 83.605 €. Autrement dit, sans les allocations françaises, plus généreuses que dans les autres pays, Starman serait largement en tête. De plus, si l’on considère uniquement les gagnants sur les Îles britanniques, il est en tête ex æquo avec Mehmas, Havana Grey et Wootton Bassett, tous à 11 vainqueurs comme lui. Le seul produit de Starman ayant gagné en Europe continentale est Moonage Daydream, une pouliche achetée 17.000 € à Goffs Autumn par l’ancien entraîneur devenu courtier Valfredo Valiani. Celle-ci a gagné lors de ses débuts en Italie et s’est classée deuxième du Premio Crespi (L). En France, trois pouliches issues de Starman sont déjà enregistrées à l’entraînement chez Tim Donworth, Amy Murphy et Gianluca Bietolini.

Les autres étalons de première production en Europe ne disposent pas de la même puissance de feu que Starman, mais certains ont réalisé de bons débuts. Derrière Nando Parrado, lauréat des Coventry à Royal Ascot, trois reproducteurs comptent quatre gagnants : A’Ali (Society Rock), lui aussi vainqueur à 2ans à Royal Ascot dans les Norfolk (Gr2) alors qu’il était maiden ; Space Blues (Dubawi), gagnant à 2ans mais ayant décroché sa première victoire de Groupe à 4ans dans le Prix de la Porte Maillot (Gr3), avant de remporter son premier Gr1 deux mois et demi plus tard dans le Prix Maurice de Gheest ; et Palace Pier (Kingman), qui a ouvert son palmarès fin août de ses 2ans et s’est imposé comme un top miler, lauréat de cinq Grs1 à 3ans et 4ans. Ce dernier n’était donc pas un précoce.

Le leader des étalons stationnés en France se nomme Armor (No Nay Never). Il s’est révélé précoce après des débuts victorieux le 24 avril, mais aussi véloce en survolant les Molecomb Stakes (Gr3) sur 1.000m. Il est devenu étalon après sa troisième place dans les Middle Park (Gr1, 1.200m) à la fin de sa campagne de 2ans, proposé par le haras de Bouquetot à 5.000 €. Ses yearlings se sont bien vendus (12 au prix moyen de 33.083 €) et, en France, il a déjà produit trois gagnants sur quatre partants. Le principal défi pour Armor réside dans le nombre de ses produits, qui s’élève à 29. Pour figurer dans le top 10 européen, le score minimum au cours des six dernières années a été de 11 gagnants. Pas simple mais réalisable…