Les courses anglaises face à la menace d’une taxe… Cela ne vous rappelle rien ?
Les courses anglaises se retrouvent quasiment au même point que leurs homologues françaises, à l’automne 2024, lors du projet de taxe sur les paris hippiques. Le Trésor anglais mène actuellement une consultation publique sur l’harmonisation des différentes taxes applicables aux jeux et paris en ligne, en vue d’instaurer une taxe unique baptisée Remote Betting and Gaming Duty. Actuellement, les paris hippiques sont soumis à une taxe de 15 %. Mais les acteurs des courses redoutent que le gouvernement aligne ce taux sur celui de 21 % appliqué aux jeux de hasard comme les casinos en ligne et les machines à sous… Selon des projections commandées par la BHA, une telle réforme pourrait priver les courses britanniques d’une somme allant jusqu’à 66 M£ de revenus annuels, via une baisse du prélèvement, des droits médias et du sponsoring. Les bookmakers pourraient en effet compenser cette hausse fiscale par une réduction des offres promotionnelles, des coupes dans les partenariats et une politique de cotes moins avantageuses. La BHA a ajouté qu’une augmentation encore plus marquée de cette taxe – jusqu’à 40 % – serait « dévastatrice », avec un manque à gagner pouvant atteindre 160 M£ !
John Gosden monte au créneau
John Gosden, six fois champion trainer en Grande-Bretagne, a estimé qu’il était du devoir de tous les professionnels des courses de contacter leur député afin de s’opposer au projet du Trésor britannique de fusionner les taxes sur les jeux en ligne. Il a prévenu : « Si rien n’est fait, le secteur hippique risque la dévastation. Nous savons que les naissances de foals sont en baisse, et les conséquences sont évidentes pour tous. Nous avons également dû faire face aux vérifications d’accessibilité financière, qui ont entraîné une explosion du jeu sur le marché noir. Un système sans recettes pour l’État, sans retour pour les courses et sans aucune protection pour les parieurs. Nous savons aussi que nous étions proches d’un accord sur le prélèvement avec le précédent gouvernement, qui a tout interrompu en convoquant des élections. Si nous n’agissons pas maintenant de manière appropriée, les dommages qui en résulteront seront irréversibles pour les courses comme pour l’élevage. Il faut que le Trésor comprenne qu’il y a des formes de jeux totalement différentes, qui ne peuvent en aucun cas être traitées de la même manière. L’autre problème, si l’on nous applique la même taxe que celle des casinos en ligne, c’est le prélèvement qui s’y ajoute. Nous deviendrons alors le produit le plus coûteux pour les opérateurs, qui se tourneront vers le gaming et relégueront les courses au second plan. Cela marquerait la fin d’un secteur économique majeur dans ce pays. J’insiste sur l’importance des courses et de l’élevage. Nous continuons à élever et à courir les meilleurs chevaux de gazon au monde. Le gouvernement commettrait une énorme erreur en tentant de résoudre ses problèmes budgétaires en augmentant la fiscalité sur les paris hippiques. Il incombe à chacun dans les milieux des courses et de l’élevage de contacter son député, dans toutes les circonscriptions où notre filière est présente. Il faut absolument faire entendre notre voix, sinon les conséquences seront terribles – et nous porterons la responsabilité de n’avoir rien fait. »
Du côté des politiques…
Des responsables de l’opposition, dont Kemi Badenoch, ainsi que plusieurs figures du Parti conservateur, devaient rencontrer ce vendredi à Newmarket des représentants du galop britannique lors d’une table ronde politique. Ils y seront informés plus en détail du projet de hausse fiscale visant les paris hippiques. Cette semaine, des ministres du Trésor ont déjà été interrogés sur l’impact de ces propositions sur l’économie des courses. Secrétaire au Trésor, James Murray a indiqué que lui-même et ses équipes travaillaient avec les représentants de la filière pour « identifier les conséquences involontaires et réfléchir à des mesures d’atténuation. » Le soutien du gouvernement aux courses britanniques a de nouveau été évoqué à la Chambre des communes jeudi, où les ministres ont réaffirmé leur volonté d’appuyer le secteur.
Caroline Dinenage, députée conservatrice et présidente de la Commission parlementaire sur la culture, les médias et le sport, a alerté sur la situation, estimant que les courses faisaient face à « une crise imminente et pressante », avant de lancer : « Quand le gouvernement commencera-t-il réellement à soutenir les courses britanniques ? » La secrétaire d’État à la culture, Lisa Nandy, lui a répondu : « Nous comprenons non seulement la joie que les courses procurent à des millions de personnes au Royaume-Uni et dans le monde, mais aussi les immenses retombées économiques qu’elles génèrent. Nous sommes absolument déterminés à soutenir pleinement le secteur économique hippique britannique. » Elle a précisé que la ministre déléguée à la Culture, Stephanie Peacock, avait déjà eu « plusieurs réunions et échanges » avec les représentants du secteur, ajoutant : « Nous continuerons à les accompagner activement, à leurs côtés, pour leur apporter notre soutien. »
Louie French, ministre de l’opposition en charge de la Culture, a lui aussi demandé des garanties, appelant le gouvernement à renoncer à son « projet de raid fiscal sur les salles de bingo, les hippodromes et les paris sportifs, qui nuirait gravement au sponsoring des grands événements sportifs, alimenterait le marché noir et détruirait des milliers d’emplois à travers le pays. »