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mardi 8 juillet 2025
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Reconversion des chevaux : Au-delà des Pistes appelle à une mobilisation collective

Reconversion des chevaux : Au-delà des Pistes appelle à une mobilisation collective

Lundi 30 juin à Deauville, l’association Au-delà des Pistes a organisé une table ronde inédite sur l’avenir de la reconversion des chevaux de course. Réunissant éleveurs, propriétaires, entraîneurs, écuries de reconversion et représentants institutionnels, l’événement visait à réfléchir à des solutions afin de pérenniser le financement de la reconversion et permettre ainsi à tous les chevaux, y compris les « blessés », de bénéficier d’une seconde vie.

Un modèle économique sous tension

« Les demandes de prises en charge de chevaux suivent une tendance croissante depuis la création de l’association, et nous observons qu’elles portent de plus en plus sur des chevaux réformés sur blessure, synonymes de coûts plus élevés », a indiqué Alix Choppin, vice-présidente d’Au-delà des Pistes. « À l’autre bout de la chaîne, la demande de chevaux reconvertis émane de cavaliers amateurs avec de petits budgets, qui choisissent les réformés pour leur rapport qualité prix imbattable. Ces acheteurs ont été très affectés par la crise du pouvoir d’achat et beaucoup de nos structures ont davantage de difficultés à vendre », a-t-elle ajouté. Elle a aussi pointé la fragilité du financement actuel : « Notre modèle nous oblige à solliciter sans arrêt de nouveaux donateurs pour couvrir l’augmentation de nos charges. Ce n’est pas une garantie pour l’avenir… »

Un rôle salué par les professionnels

Interrogé sur le rôle de l’association, Tim Donworth, entraîneur à Chantilly, a souligné : « Nous avons la chance en France de disposer d’une organisation efficace et facilement accessible pour assurer la transition des chevaux réformés vers leur seconde carrière. » Pour Pauline Chehboub, manager de Gousserie Racing et du haras de Beaumont : « Ce que fait Au-delà des Pistes, c’est la définition même du Race and Care. L’association est un excellent ambassadeur des courses. » Anthony Baudouin, propriétaire et gérant du haras du Hoguenet, estime quant à lui « qu’Au-delà des Pistes joue un rôle clé pour répondre aux attaques que peut subir la filière hippique de la part de mouvements prétendument animalistes ou anti-courses. »

Sébastien Desmontils, éleveur et courtier, a ajouté : « Un nouveau propriétaire doit d’emblée avoir conscience que la reconversion représente un coût qui sera au moins en partie à sa charge. On exige un seuil minimum de revenus pour obtenir l’agrément en tant que propriétaire, donc tout propriétaire doit être en mesure de contribuer financièrement à la deuxième vie de ses chevaux. » Valérie Estèves et Nathalie Dietrich, responsables d’écuries partenaires d’Au-delà des Pistes, ont rappelé l’importance de l’association comme trait d’union entre professionnels des courses et acheteurs. « L’appartenance au réseau est perçue comme un gage de qualité par les entraîneurs comme par les cavaliers qui achètent nos chevaux », a précisé Valérie Estèves.

Vers un financement partagé en amont

Les intervenants ont insisté sur la nécessité d’impliquer financièrement les propriétaires plus tôt. « Lorsqu’un propriétaire prend son agrément ou achète un cheval, nous sommes dans une phase de « rêve », et c’est dès ce moment-là qu’il faudrait le faire contribuer au financement de la reconversion », a estimé Tim Donworth. Anthony Baudouin a proposé : « Il faudrait permettre à chaque acheteur de faire un don à l’association dès le ring des ventes, comme cela se pratique aux États-Unis. » « L’adhésion à Au-delà des Pistes devrait être obligatoire pour pouvoir bénéficier de ses services », a ajouté Pauline Chehboub.

La gestion des chevaux accidentés, un sujet délicat

Sébastien Desmontils a alerté sur les conséquences d’un refus de soins par certains propriétaires : « Nous sommes tous engagés par l’image que véhicule notre sport, et ces situations peuvent avoir des retombées catastrophiques. Peut-on accepter que des propriétaires se défaussent ainsi ? » Il a suggéré : « Les entraîneurs ont la possibilité de saisir France Galop pour obtenir le règlement forcé des pensions impayées, il faudrait réfléchir à élargir cette possibilité pour de telles situations. »

Pour Albéric Théry, vétérinaire et représentant de France Galop, la situation nécessite une approche prudente : « Chaque situation d’accident est unique, et il faut rappeler que 99 % des propriétaires assument leurs responsabilités financières. Mais il n’est pas juste que cette charge retombe sur Au-delà des Pistes. Ces questions doivent être abordées collectivement afin de déterminer la responsabilité de chacun. »

Renforcer la dynamique collective

En conclusion, Alix Choppin a rappelé l’origine d’Au-delà des Pistes : « L’association est née de la volonté de deux femmes – Lisa-Jane Graffard et Nemone Routh – qui ont su convaincre leurs employeurs puis d’autres acteurs de la filière. Aujourd’hui, notre association possède une belle notoriété, mais il y a encore un écart entre la perception de certains acteurs des courses, qui s’imaginent que nous « nageons dans le cash » parce que nous sommes soutenues par France Galop et les grandes casaques, et la réalité du terrain, qui est bien plus difficile. » Clotilde de Barmon, responsable des placements, a conclu : « Ce qui ressort de cette table ronde, c’est que de nombreux acteurs sont fermement convaincus de l’importance de la reconversion et des financements qui doivent y être alloués. La reconversion est l’affaire de tous ! »

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