AUCTAV PRÊT À FRANCHIR UNE NOUVELLE MARCHE
Depuis dimanche dernier, une quinzaine de poulains en provenance de Yorton Farm, le haras anglais de la famille Futter, a pris place dans les boxes de Bois Roussel, en vue de la vente Auctav du 20 septembre. Quelques mois après l’édition inaugurale dans les murs du haras de Bois Roussel, Auctav annonçait en effet s’être rapproché de Yorton Farm. Nous y sommes : sous le grand barnum qui accueillera vendredi les tables du déjeuner, Arnaud Angéliaume et David Futter sont réunis pour évoquer cette collaboration. L’éleveur anglais rappelle : « Fin 2023, nous avons décidé de faire une pause en 2024 avec la vente que nous organisions depuis 2019, avec l’aide de Goffs UK. Il devenait difficile de trouver suffisamment de poulains pour mettre en place un catalogue d’une cinquantaine de lots. Quelques semaines après cette décision, Arnaud m’a appelé et nous avons discuté… L’idée de vendre des chevaux à Auctav s’est dessinée ! »
Vendre de futurs sauteurs anglais à des professionnels français, voilà une idée à contre-courant ! Mais pas contre-nature pour autant comme l’explique David Futter : « Depuis longtemps, nous avons confié des chevaux de notre élevage à des entraîneurs français, ce qui nous a permis de créer une relation de confiance, et de prouver que nos chevaux pouvaient réussir en France ! Nous en avons eu chez David Cottin, Gabriel Leenders, François Nicolle… Et logiquement, les professionnels français, entraîneurs ou courtiers, nous ont soutenus lorsque nous avons lancé la Yorton Sale. » Les résultats parlent d’eux-mêmes. Cette vente a généré 24 partants en France, adjugés à un prix moyen de 25.000 £ ; 67 % d’entre eux sont gagnants, 21 % sont black types, et leurs gains s’élèvent à plus d’un million d’euros. Pour Arnaud Angéliaume, la filiation entre les deux entités était assez évidente : « J’avais l’expérience de l’organisation de vente « privée », comme celle des Rouges Terres, et je sais la débauche d’énergie que cela nécessite ! J’ai toujours suivi la Yorton Sale, et je me reconnaissais dans cette volonté de convivialité insufflée par David. Je me suis dit que je n’avais rien à perdre à l’appeler ! »
Une vision long-termiste
On le sait, la méthode anglaise de préparation des jeunes sauteurs n’a pas grand-chose à voir avec les habitudes françaises. Mais David Futter, sans mettre une méthode au-dessus de l’autre, est persuadé que chacun peut apprendre de l’autre : « Il est vrai qu’en Angleterre ou en Irlande, il n’est pas habituel de débuter les chevaux d’obstacle à 3ans ! À Yorton, les 2ans que nous présentons sont débourrés, mais ils n’ont pas été pré-entraînés comme ils peuvent l’être en France. En revanche, depuis qu’ils sont yearlings, ils sont beaucoup travaillés – sans le poids d’un cavalier –, en longe, aux longues rênes. Ils sautent en liberté. On muscle ainsi leur dos, on travaille la bouche de sorte que les entraîneurs français qui nous ont acheté des 2ans en septembre n’ont eu aucune difficulté à les faire entrer dans leur routine de travail. » Pour choisir quels individus emmener en France, David Futter a une vision long-termiste : « Nous raisonnons vraiment sur le profil susceptible de réussir en France, plutôt que celui capable de faire un top price ! Bien sûr, nous souhaitons obtenir le bon prix pour nos chevaux, mais nous voulons avant tout que leurs nouveaux propriétaires soient heureux de leurs achats, que les chevaux de Yorton continuent à performer en France ! Je ne dis pas que le pedigree ne compte pas. Mais parmi les chevaux les plus performants que nous avons vendus, certains avaient vraiment une page de pedigree modeste. Je crois plus dans l’individu lui-même et dans ce que nous en faisons… »
Yorton présentera quinze lots vendredi, dont six yearlings. Tout ce petit monde s’est bien acclimaté à son nouvel environnement : « Le haras de Bois Roussel est un endroit fantastique, et je dois dire assez similaire à Yorton. Nous avons pu profiter des paddocks, du marcheur, du rond de longe et les chevaux sont désormais parfaits pour les inspections et la vente ! »
ARNAUD ANGÉLIAUME : « CRÉER UN CERCLE VERTUEUX »
La vente obstacle a accueilli des wild cards jusqu’au tout dernier moment, signe de l’intérêt des professionnels et surtout du gros travail de démarchage réalisé par l’équipe d’Auctav : « L’arrivée de Vincent Leroy et l’aide de Toby Jones nous ont permis de réaliser un super travail pour proposer le meilleur service aux éleveurs et aux vendeurs. Le catalogue initial ne proposait pas de chevaux à l’entraînement car, à huit semaines d’une vente, cela n’a pas de sens. Les acheteurs veulent des performers récents, d’où le succès de nos ventes flash. En revanche, au fur et à mesure que la vente s’approchait, nous avons pu intégrer au catalogue des chevaux correspondant aux attentes du marché. Nous sommes impatients ! Les récentes victoires des chevaux vendus ici l’an dernier, comme celles de Musique Maestro ou d’Olympic Story [toujours invaincue en haies après son succès dans le Prix de Chambly (Gr3) ce jeudi, ndlr], représentent la meilleure des publicités. Le catalogue est bon, les gens ont apprécié l’environnement l’an dernier, ainsi que le format de cette vente, où la convivialité a toute sa place. Les entraîneurs peuvent inviter leurs clients à déjeuner tout en participant à la vente. Nous savons que la vente est aussi l’occasion de nouer des contacts et nous sommes ravis de pouvoir participer à ce cercle vertueux. »