SAIN D’ESPRIT, UN FUTUR GRAND

Battu dans les préparatoires, Sain d’Esprit (RS) (Cokoriko) a gagné la belle comme un tout bon mais aussi et surtout comme un futur 4ans de grande classe. Ce Cambacérès a été l’une des deux éditions les plus rapides depuis deux décennies. C’est un deuxième succès dans ce Gr1 pour le tandem Détré et Nicolle !

Rooster Crowing (Chanducoq) a fait le train dès le départ, avant d’être relayé en tête par Kivala du Berlais (Saint des Saints). Angelo Zuliani a placé Sain d’Esprit non loin de la tête de la course. En face, il a fait venir le futur lauréat à la pointe du combat, au contact de Kivala du Berlais. La course s’est accélérée et Sain d’Esprit s’est parfois un peu emmêlé les pinceaux sur les obstacles. Mais cela ne l’a pas empêché de prendre la tête dans le tournant en faisant parler sa grande action. Ensuite, la classe a parlé. Alors que les écarts se creusaient avec le reste du lot, Nietzsche Has (RS) (Zarak) est venu accrocher Sain d’Esprit. En vain. Au final, Sain d’Esprit devance Nietzsche Has d’une longueur et un quart. Les autres sont loin. 

Avec la gouaille qu’on lui connaît, François Nicolle a déclaré : « J’ai annoncé il y a trois semaines que j’allais gagner le Cambacérès… et je ne me suis pas trompé, pour une fois ! Ce poulain, c’est une machine, il suit tous les trains et saute assez bien. Angelo a monté une belle course offensive, comme je le lui avais demandé. Le poulain a mis un bon coup de rein pour finir. C’est parfait. Il sera bien mieux pour le steeple. On le reverra après ses vacances… » François Nicolle remporte pour la troisième fois ce Gr1.

Jacques Détré a ses idées sur l’obstacle et la sélection. Copropriétaire de Sain d’Esprit avec sa famille, il remporte un nouveau Cambacérès, le précédent ayant été acquis avec la championne De Bon Cœur (Vision d’État). Et elle était elle aussi issue d’une mère par Saint des Saints (Cadoudal), le cheval de cœur des Détré. Les trois gagnants de Gr1 du jour à Auteuil portent le sang de Saint des Saints qui vient de prendre sa retraite au haras d’Étreham. Jacques Détré explique : « Les mères par Saint des Saints, c’est de l’or en barre. Même petites, elles produisent. Cela véhicule un sang exceptionnel et indémodable. Nous défendons ces vieilles origines françaises qui ont fait la réussite de notre élevage. Et le Cambacérès, c’est le cœur de la sélection à la française, c’est l’accomplissement à 3ans de ce qui fait l’ADN même de l’obstacle. Beaucoup de gens pensent qu’il faut des chevaux de plus en plus vite pour Auteuil. Mais je pense que l’aptitude prime et elle vient des gènes. Sain d’Esprit a gagné la bonne mais pas la préparatoire car avec son physique, en début d’année, il n’était pas fini. Il vient avec les courses et sera encore meilleur à 4ans. Nous l’avons peu couru au printemps et a progressé de cinq longueurs à chaque sortie. C’est un sujet pour l’avenir. C’était déjà un foal qui sortait de l’ordinaire, avec un bon papier et une mère précoce. »

Sain d’Esprit a été élevé par l’écurie Artsam dont font – entre autres – partie Vincent Le Roy et Philippe Thiriet qui étaient dimanche à Auteuil. Le directeur du haras de Cercy – où le père de Sain d’Esprit fait la monte – nous a dit : « Je connais bien l’étalon… même très bien ! Parmi les associés, il y a aussi Michel Larobe [ils ont aussi sorti la gagnante de Groupe en plat Chic Colombine et le bon sauteur Lecœurdeshommes, lauréat du Wild Monarch, ndlr]. Nous avons vendu Sain d’Esprit foal à Jacques Détré dans un lot et tous les poulains de ce lot ont gagné. Le croisement Cokorico sur Saint des Saints est efficace [c’est celui de Kingland et de Pat du Pont, ndlr]. La mère est belle mais sans être exceptionnelle. Cependant, elle était placée du Wild Monarch. »

Marcel Rolland, mentor du leader de la première partie de saison, a confié alors que son pensionnaire s’apprête à rejoindre le haras de Montaigu : « L’histoire se termine bien mais nous aurions préféré que ce soit avec une victoire. Aujourd’hui, il montre de nouveau qu’il est un bon cheval. Il y a eu les deux premiers et les autres sont loin derrière. Le poulain a un peu penché pour finir. Étant entier, il est un peu coquin. Mais nous sommes battus par meilleur, il n’y a rien à redire. Nietzsche Has refait ses performances du printemps et possède un très bel avenir au haras… » On peut être battu dans le Cambacérès et devenir un bon étalon. Demandez à Nickname (Lost World) ! 

Six Figures (RS) (Harzand), troisième à 15 longueurs, décroche son black type pour son premier essai face à l’élite. Son mentor Yannick Fouin nous a confié : « Je suis très content de sa performance ! Il lui manque un peu d’expérience et de maturité face à des chevaux aguerris depuis le début d’année. Lui n’a débuté qu’au mois d’octobre. Nous pensions que c’était un bon cheval, d’où le fait que monsieur Jathière en acquière une part. Nous allons le laisser tranquille, il va aller chez Alban Chevalier du Fau… »

Élevé par l’écurie Artsam, Sain d’Esprit est un fils de Cokoriko (Robin des Champs), étalon au haras de Cercy, et de la bonne Saine et Speed (Saint des Saints), gagnante du Prix Géographie sur les haies d’Auteuil, deuxième du Prix d’Iéna (L) et placée sur le steeple. La jument a été achetée pour 17.000 € par Vincent Le Roy en décembre 2023 chez Arqana lors de la dispersion Munir-Souede. 

Sain d’Esprit est le frère de Raffles Liaison (Balko), lauréate en steeple à Dax et Clairefontaine, et le propre frère de Kevlar, un 4ans exporté en Irlande. Après Sain d’Esprit, Saine et Speed a eu Mon Millésime (Cokoriko), un 2ans, et N’Aie Peur de Rien (Cokoriko), une yearling. La page est assez blanche et il faut ensuite remonter à la troisième génération pour retrouver un bon cheval, Espoir du Bocage (Épervier Bleu), lequel a pris plus de 400.000 € de gains en plat et d’obstacle en 22 victoires. Il a remporté le Prix l’Orléanais à Auteuil.