Suite de la page 1…
« Les commissaires ont notamment été interpellés par certains faits lors de l’année 2024 dont :
- La présence de Monsieur Cédric Rossi, membre de votre personnel, au sein des enceintes réservées lors de la victoire de Trafalgar Square à Deauville le 15 août 2024 ; alors qu’il fait l’objet des interdictions suivantes :
- Ne pas exercer la profession d’entraîneur de chevaux de course,
- Ne pas entrer en contact avec huit personnes identifiées dans son contrôle judiciaire.
- Le fait que Monsieur Cédric Rossi soit en copie de certains échanges entre vous et les différents services de France Galop ; échanges qui concernaient votre activité d’entraîneur.
Ces situations ont pu laisser penser à un manque d’indépendance de votre part dans la gestion de votre activité. »
Premier garçon ou prête-nom ?
Au premier degré, si Cédric Rossi est bien – comme le dit son contrat de travail – premier garçon de l’écurie Cottier, il n’est pas répréhensible qu’il soit aux ordres, sur la photo (voire sur le podium) ni en copie d’échanges de mails au sujet de l’écurie. Cela peut ou a pu être le cas dans d’autres entreprises d’entraînement, comme (pour ne citer que deux exemples) avec Jean-Bernard Roth dans l’écurie Rouget ou encore Pierre Groualle à l’époque où il gérait l’écurie Aga Khan sous les ordres d’Alain de Royer Dupré. Mais la différence avec les deux cas que nous venons de citer est évidemment que ni Jean-Bernard Roth ni Pierre Groualle n’étaient auparavant les entraîneurs principaux de l’écurie. Et ni l’un ni l’autre n’ont été suspendus de leur agrément d’entraîneur. C’est bien là toute la particularité du cas Cottier-Rossi.
Deux logiques antagonistes
Désormais, deux logiques s’affrontent : celle du tandem qui avance le Droit du travail et celle de France Galop qui s’appuie sur le fait que Cédric Rossi n’a pour l’instant plus le droit d’être entraîneur. À ce sujet, la société-mère rappelle dans sa lettre que tout entraîneur doit agir « en toute indépendance » et « s’occuper personnellement et directement » de l’entraînement. C’est exact mais dans le cas où un entraîneur a deux sites distants de plusieurs kilomètres, s’occupe-t-il personnellement et directement de l’entraînement de tous ses chevaux au quotidien ? Non. Dans cette lecture stricte du Code des courses, il faudrait interdire aux professionnels d’entraîner sur deux sites trop éloignés l’un de l’autre.
Et même sans avoir deux sites, le fait que les courses se sont multipliées – en matinale ou en soirée notamment – oblige les entraîneurs à confier la gestion de leur écurie à leur responsable certains jours entiers (les associations entre plusieurs entraîneurs démontrent d’ailleurs bien qu’il est compliqué aujourd’hui de tout gérer pour une seule personne). Ce nouveau contexte ne mériterait-il pas de susciter une nouvelle rédaction de la définition de l’entraîneur dans le Code des courses ?
Deux réactions en off
Ni Patrice Cottier ni France Galop n’ont souhaité réagir publiquement et directement à la correspondance.
Mais nous avons tout de même pu échanger avec les deux parties.
Une source proche du dossier côté Institution nous a expliqué : « Le sujet est celui de la régularité des courses. Dans cet esprit-là, et dans le cadre du renouvellement de licence de Patrice Cottier, les commissaires de France Galop ont jugé utile de faire cette démarche. C’est un rappel au règlement. En adressant également le courrier aux propriétaires, ils ont voulu aussi pleinement informer ces derniers de la situation. Il est certain que l’on pourra trouver des situations où les commissaires de France Galop n’informent pas les propriétaires d’un courrier dont leur entraîneur est destinataire. Mais cela arrive parfois, comme ici. Le sujet de la régularité des courses est extrêmement important, c’est pourquoi les commissaires ont voulu faire preuve de pédagogie envers le principal intéressé et ses clients. Il faut bien insister là-dessus : il s’agit pour les commissaires de faire preuve de pédagogie. S’il s’était agi de plus, une procédure disciplinaire aurait été entamée contre l’entraîneur. » On comprend qu’il s’agit là d’un principe de précaution, qui est une des caractéristiques de notre époque dans le monde occidental…
Et toujours en off, du côté de l’écurie Cottier, certains de ses propriétaires nous ont dit avoir été choqués de la démarche et posent la question : France Galop ne risque-t-il pas de décourager les propriétaires de continuer à lui confier des chevaux ?
La dernière question qui restera sans réponse est : pourquoi maintenant ? La situation n’est pas nouvelle puisque cela fait plusieurs années que le tandem Cottier-Rossi fonctionne comme cela, désormais. Sans doute est-ce la conséquence de l’émoi qu’avait suscité auprès de plusieurs professionnels (qui l’avaient fait savoir à France Galop cet été) la visite de Cédric Rossi en août 2024 à Deauville… Car, chacun s’en souvient, elle avait choqué un certain nombre d’acteurs des courses.