Willie Browne, le pape des breeze up

L’homme de Mocklershill était présent à la fin des années 1970, lorsque les ventes de 2ans montés représentaient la dernière chance de vendre ce que le marché avait rejeté yearling. Tout a changé à partir du milieu des années 2000, notamment grâce à Speciosa (Danehill Dancer). Vendue par Willie Browne à Doncaster, elle a remporté les 1.000 Guinées (Gr1), devenant ainsi le premier lauréat classique issu des breeze up. D’une certaine manière, il a montré la voie – celle d’une montée en gamme – dans un océan sur lequel il est très difficile à naviguer. Acheter, préparer et vendre des 2ans montés est un sport à haut risque pour ceux qui en ont fait leur métier. Mais Willie Browne a traversé toutes les tempêtes, et beaucoup le considèrent comme la figure tutélaire de cette profession en Europe.

La victoire classique de Speciosa fut le début d’une longue série pour les breeze up, de Cachet (Aclaim) à Teppal (Camacho) en passant par The Grey Gatsby (Mastercraftsman)… pour en arriver à Ruling Court (Justify), impressionnant lauréat des 2.000 Guinées (Gr1). Sans oublier Hotazhell (Too Darn Hot), qui sera dimanche l’un des trois favoris de la Poule d’Essai des Poulains (Gr1). Le taux de gagnants et le taux de black types des chevaux issus de breeze up soutiennent la comparaison avec n’importe quelle vente de yearlings. Et comme Willie Browne aimait à le rappeler récemment : « Il y a encore des sceptiques, mais les breeze up ont prouvé – et prouveront encore – qu’elles sont une source fiable de très bons chevaux. Pas besoin d’une boule de cristal pour savoir que, si vous avez un bon cheval cette année, une demi-douzaine d’acheteurs potentiels sont prêts à se l’arracher à n’importe quel prix. Mais on aimerait voir une dynamique s’installer sur le segment intermédiaire à inférieur du marché. Car on peut encore y acheter un cheval capable de gagner beaucoup de courses. Malheureusement, les gens ne le perçoivent pas encore ainsi. Et c’est là le problème. Le marché est tellement polarisé : c’est tout ou rien. » Récemment, Willie Browne a par exemple déniché à Deauville (pour 25.000 €) le futur Light Infantry Man (Fast Company). Revendu 82.000 £, il est monté sur le podium du Prix Jean Prat, du Prix Jacques Le Marois (à deux reprises), du Prix d’Ispahan et des Queen Anne Stakes (Grs1). Puis vendu en Australie, Light Infantry Man a remporté les Northerly Stakes et l’Australian Cup (Grs1) !

Clairement, à Deauville, Willie Browne vient avec du classique. Il présente par exemple trois 2ans issus de la première génération de St Mark’s Basilica (Siyouni). Pour l’instant, les produits du jeune étalon de Coolmore se sont plutôt bien comportés lors des breeze up (moyenne de 327.000 €). Il présente aussi un Camelot (Montjeu) avec un papier maternel exceptionnel, et même un Dubawi (Dubai Millennium) dont la mère, Anthem Alexander (Starspangledbanner), a remporté les Queen Mary Stakes (Gr2). Sans oublier deux Siyouni (Pivotal), avec des pages impressionnantes…