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lundi 11 août 2025
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Éric Legrix : « Un Dalton ? Disons que l’on dérogeait un peu à la règle car on gagnait tout ! »

Éric Legrix : « Un Dalton ? Disons que l’on dérogeait un peu à la règle car on gagnait tout ! »

Jockey star des années 1990, vainqueur du Diane, de la Breeders’ Cup Turf, expatrié à Hongkong puis entraîneur au Maroc pendant huit ans… le globe-trotteur Éric Legrix s’apprête à relever un nouveau défi : entraîner pour Yas Horse Racing Management aux Émirats. Pour JDG, il est revenu sur son parcours atypique.

Jour de Galop. – Pour beaucoup de nos lecteurs, vous êtes d’abord et avant tout une star de la team Biancone. Comment tout cela a commencé ?

Éric Legrix. – Mon père était très proche de Pierre Biancone, le père de Patrick, chez qui j’ai fait mon apprentissage. Je suis arrivé à Gouvieux à l’âge de 14 ans. Patrick Biancone était un patron formidable. Il m’a appris l’analyse post-course, les aspects techniques. Nous nous repassions les cassettes ou les CD plusieurs fois afin de corriger mes erreurs. Patrick a formé nombre de très bons jockeys : Dominique Bœuf, Gérald Mossé, William Mongil, Olivier Peslier… J’ai débuté à Compiègne et signé mon premier succès à Fontainebleau, pour Tony Clout et figurez-vous que j’ai gagné à la cote de 476/1 !

Comment décririez-vous cette période flamboyante ?

C’était formidable, dans une écurie puissante avec des propriétaires comme les Wildenstein. J’étais leur premier jockey en 1987. Mon premier Gr1 a été le Cadran 1984 en selle sur Neustrien (Matahawk), entraîné par Patrick. J’avais 18 ans, et je pense que cela n’était pas forcément évident pour l’entourage de faire confiance à un très jeune jockey. Mais Patrick aimait prendre des risques. Il avait été gentleman-rider, donc il savait de quoi il parlait. Sans nostalgie, je crois que j’ai vécu mes plus belles années dans ce métier à ce moment-là. Il y avait bien plus de monde sur les hippodromes, plus d’ouverture également. À Chantilly, nous écumions toute la région parisienne, sans délocalisation des courses. Il y avait une vraie égalité des chances entre province et Paris. J’ai eu une ascension rapide, passant d’apprenti à jockey professionnel en un an et demi. J’ai toujours eu une bonne relation avec le public, malgré ma discrétion naturelle.

Avec Bœuf, Mongil, et Mossé, on vous appelait « les Daltons » ou « Les Mousquetaires » : d’où venaient ces surnoms ?

Nous étions les « quatre jeunes » de l’époque. On dérogeait un peu aux codes car on gagnait tout, mais surtout, on s’entendait très bien. Ce surnom a sûrement été lancé par un journaliste. Pierrette Brès venait souvent nous interviewer à l’écurie, car elle connaissait bien Patrick. Cela expliquait notre forte médiatisation et cela a sans doute joué dans nos carrières. On s’entendait à merveille et Patrick mettait même Pierrette à cheval avec nous. On rivalisait avec de grands noms : Yves Saint-Martin, Freddy Head, Alain Lequeux… À 20 ans, nous vivions un rêve. Il y avait sûrement d’autres jeunes talents juste avant nous, mais nous, nous avons véritablement marqué une génération.

Quelles courses vous ont le plus marqué ?

Certainement mon premier Gr1, le Cadran, et surtout le Diane avec Caerlina (Caerleon) pour Jean de Roualle. Une victoire très émouvante pour moi. J’avais traversé des périodes difficiles et j’avais une belle relation avec Jean. Gagner la Breeders’ Cup Turf (Gr1) avec Miss Alleged (Alleged), c’est fort, mais le Diane, c’est unique. Il y avait une ferveur incroyable au retour aux balances. Le Diane est une course prestigieuse qui était sponsorisée par une grande maison de luxe, Hermès. Un jour, à Kyoto, j’ai vu des photos de Caerlina dans un musée hippique [la pouliche a gagné la grande épreuve française pour le propriétaire japonais Kaichi Nitta, ndlr]. J’avais fait faire des mugs à l’époque… et ils y étaient ! J’ai même pu revoir la course. Ce fut un moment très émouvant.

Outre Patrick Biancone et Jean de Roualle, quels sont les professionnels avec lesquels vous avez travaillé ?

J’ai également été premier jockey pour le baron Guy de Rothschild, chez Jean-Marie Béguigné, puis pour la casaque Fares. La collaboration avec Pascal Bary a été superbe. Nous avons voyagé ensemble, remporté la Breeders’ Cup Turf. C’est quelqu’un de très sympathique, un peu chambreur (rires). Quand on ne le connaît pas, il peut paraître réservé, mais entre nous, le courant passait très bien.

Pourquoi êtes-vous parti à Hongkong ?

À l’époque, monsieur Fares réduisait son effectif. J’étais déjà allé à Hongkong et cela m’avait plu. Patrick Biancone entraînait là-bas et il m’a appelé en 1993. Hongkong était déjà bien développé. Là-bas, les courses, c’est un peu le sport national. On monte devant 70.000 spectateurs ! Je venais de passer de belles années en France et c’était une chance. Les contrats étaient courts, renouvelables selon les résultats. J’y suis resté quatorze ans.

Votre fils Samuel est lui aussi jockey…

Je suis fan de Samuel ! On échange beaucoup. Il m’appelle régulièrement pour analyser. Je lui donne des conseils, notamment sur les tactiques en France, où les courses sont moins rapides qu’en Asie. Il faut être concentré, bien connaître ses chevaux et bien faire le papier. Sa mère Sherie Kong Pik Wai était jockey à Hongkong. Samuel a toujours aimé les chevaux, même si sa vocation est venue plus tard. Je l’ai quand même poussé à faire des études, pour son après-carrière.

Vous êtes un véritable globe-trotteur des courses !

Oui, j’ai passé une grande partie de ma carrière en Asie en tant que jockey : Hongkong, Singapour, Macao, Malaisie… Au total, j’ai vécu dix-sept ans hors de France. Lorsque j’étais basé à Singapour, les hippodromes comme Kuala Lumpur, Penang, ou Ipoh étaient facilement accessibles, parfois en voiture ou en quarante-cinq minutes d’avion. Je crois que j’ai gagné un peu partout : Italie, Japon, États-Unis, Irlande, Espagne. Je n’ai pas monté en Thaïlande, mais j’ai assisté à des courses à Bangkok (rires).

Lorsque vous avez raccroché les bottes, devenir entraîneur était une évidence ?

Je suis né dans le milieu. Mon père était jockey, puis entraîneur. Dans un coin de notre tête, on garde toujours l’idée de continuer avec les chevaux. Le métier d’entraîneur est une suite logique, comme pour Freddy Head ou Gérald Mossé : des gens nés dans les chevaux. C’est aussi une question d’envie. Même si ce métier est très différent de celui de jockey.

Vous êtes d’abord passé chez Mikel Delzangles…

Étant longtemps parti, j’ai connu les systèmes asiatiques et américains, très différents du modèle français. Il était important de me remettre au goût du jour. En 2005, je montais beaucoup pour la marquise de Moratalla, dont la majorité des chevaux étaient chez Mikel Delzangles. J’ai donc travaillé un an et demi pour lui. C’était passionnant, surtout avec des chevaux comme Makfi (Dubawi), Shalanaya (Lomitas), ou Marchand d’Or (Marchand de Sable). Dunaden (Nicobar) est arrivé juste au moment où je m’en allais.

Vous vous êtes ensuite installé en France puis vous êtes parti au Maroc…

Je me suis installé à Chantilly, au Bois Saint-Denis. Mes débuts comme entraîneur se sont plutôt bien passés, avec notamment de jeunes chevaux de clients hongkongais. Puis j’ai rapidement eu cette opportunité de me rendre au Maroc. Le début de carrière d’entraîneur n’est jamais simple, d’autant plus lorsque l’on revient après une longue absence. Il faut recréer des contacts, ce qui n’est pas toujours évident. C’était un vrai choix de vie. Je connaissais la casaque, mais pas personnellement les propriétaires car je n’étais plus en France. C’est par le biais de Mikel Delzangles, entre autres, qui entraînait des chevaux pour Zak Bloodstock, que le lien s’est créé.

Allez-vous regretter le Maroc ?

J’ai passé huit belles années au Maroc au sein de l’écurie Hakam. Avec madame Bengeloun qui dirige l’écurie, nous avons partagé de grands moments. C’est une femme remarquable, tant sur le plan humain que professionnel. Elle se bat pour le développement des courses marocaines. J’étais bien là-bas, mais on est parfois attiré par de nouveaux défis. Et entraîner pour une entité aussi prestigieuse que Yas, c’est un rêve.

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