samedi 27 juillet 2024
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Fakarava, une victoire importante pour le Thenney

Fakarava, une victoire importante pour le Thenney

Lauréate du Critérium de Lyon (L) avec style, Fakarava est un espoir pour les bonnes courses de 2024. Cette pouliche fait partie de la première génération conséquente élevée au haras du Thenney depuis le changement de propriétaire.

Par Adrien Cugnasse

ac@jourdegalop.com 

David Salabi a racheté le haras du Thenney voici plusieurs années. Belouni (Fast Company), black type à 2ans en France, restera comme le premier lauréat de stakes – au mois d’avril aux États-Unis – élevé dans ce haras depuis le changement de propriétaire. Mais Fakarava (Le Havre), quant à elle, est le premier gagnant black type en France. La victoire est d’autant plus forte que la pouliche appartient à la souche de cœur de David Salabi. Le co-éleveur et copropriétaire nous a confié : « Cette famille, développée par Thierry de La Héronnière, est celle qui m’a apporté le plus de réussite. Sa deuxième mère, Plain Vanilla, fut l’un des premiers yearlings que j’ai achetés. Elle était bonne et elle fut mon premier partant dans les Grs1 [5e du Prix Saint-Alary, Gr1, ndlr]. Une fois au haras, Plain Vanilla m’a donné Vespera (Teofilo), deuxième du Prix Fille de l’Air (Gr3). J’ai commencé en tant qu’éleveur sans sol avec cette souche et désormais, je continue chez moi ! »

Des achats inspirés

L’histoire remonte donc au mois de décembre 2004, où Persian Belle (Machiavellian) a fait tomber le marteau à seulement 4.000 Gns chez Tattersalls. Le bon était signé par MAB Agency pour Thierry de La Héronnière. La jument a très bien produit au haras d’Ellon avec Volta (Prix de Sandringham, Gr2), dont David Salabi était copropriétaire, mais aussi Calvados Blues (Prix des Chênes & de Guiche, Grs3) et Scherzo (2e du Prix des Chênes, Gr3) : « Lorsque Thierry de La Héronnière a acheté Persian Belle, la page était vraiment blanche sur deux générations. Et cette branche s’est construite au fur et à mesure. C’est la raison pour laquelle Plain Vanilla n’a coûté que 27.000 € lorsqu’elle était yearling. Je l’avais achetée pour sa provenance, c’est-à-dire l’élevage de Thierry de La Héronnière, son père Kendor et son modèle également. Son frère Calvados Blues avait débuté par une septième place à Deauville… et il n’était pas encore monté sur le podium de la Dubai Sheema Classic (Gr1) ! »

La première grosse génération 

Fakarava a été co-élevée par David Salabi et Jean-Dominique Daudier de Cassini, un avocat d’affaires et associé de Philippe Druon dans son activité professionnelle : « C’est la première véritable génération de 2ans – avec une quinzaine de produits – depuis le rachat du haras du Thenney. Cette année, nous avons environ 25 naissances. Après cinq années de travaux et d’investissements pour remettre le haras sur pied, la victoire de Fakarava vient donner du sens à notre projet. C’est aussi la génération d’une autre 2ans prometteuse, Minoushka (Starspangledbanner). » Au sujet de Fakarava, il poursuit : « La route est longue, mais une pouliche comme Fakarava valide notre stratégie et notre manière d’élever. C’est la récompense du travail de l’équipe du haras et de toute la chaîne des personnes qui œuvrent autour de nos chevaux. Au Thenney, nous nous appuyons notamment sur l’expérience d’Étienne Drion, qui dirige l’équipe de huit personnes. »  Al Shaqab Racing a acheté la yearling de Vespera – par Blue Point (Shamardal) – pour 250.000 € en août 2023. « Notre volonté, c’est de développer la meilleure jumenterie possible. Je vends donc des yearlings pour pouvoir réinvestir. Je suis très heureux si mes élèves brillent sous les couleurs de leurs nouveaux propriétaires. Mon rêve, c’est d’élever des gagnants de belles courses, plus encore que de réaliser de très belles ventes qui ne sont pas une fin en soi. Mais pour élever aujourd’hui, il faut parfois être capables de soutenir sa production en envoyant par exemple à l’entraînement certains produits de jeunes juments. » 

L’esprit de club

Philippe Druon, au départ associé avec David Salabi, a finalement souhaité se recentrer sur les chevaux de selle. David Salabi a alors racheté ses parts dans le haras du Thenney. Mais Jean-Dominique Daudier de Cassini, lui, a souhaité continuer l’aventure du galop et il est d’ailleurs associé sur la mère de Fakarava : « C’est un peu un esprit de club. C’est-à-dire partager les chevaux et de bons moments au haras du Thenney. Je ne recherche pas d’investisseurs financiers. Ce sont plutôt des amis qui rejoignent l’aventure, par goût ou par curiosité. J’ai par exemple une jument avec Steve Burggraf qui est un passionné. Mais je suis également associé avec des avocats d’affaires ou des entrepreneurs. Dans les courses, il y a la prise de risque, des hauts et des bas, mais aussi de la stratégie, des transactions… et tout cela, ça parle aux entrepreneurs. Ils représentent une bonne cible pour le propriétariat ou l’élevage. Regardez David Layani qui vient d’arriver au galop, ou ce qui se passe aux États-Unis. »

Un véritable challenge 

Acheter un haras, c’est un projet assez unique dans un vie d’éleveur ayant un autre métier “à la ville”. Quelques années après cette acquisition, David Salabi analyse : « C’est un effort quotidien, avec un sens du détail de tous les instants pour l’équipe sur place… et un effort financier très important pour rénover le site. Mais c’est également un challenge passionnant que d’avoir la possibilité de développer un tel site, avec un positionnement géographique aussi remarquable et des terres d’une telle qualité. Comme beaucoup de gens dans notre filière, l’aspect esthétique est important à nos yeux et nous essayons de respecter cela au haras : nous sommes amoureux de la nature et des belles choses. Pendant deux années, nous avons laissé les terres se reposer. Les générations actuelles ont été élevées après cette période de repos des terres et avec une très faible densité de chevaux. » 

Un autre manière d’envisager sa passion 

« Passer d’éleveur sans sol à propriétaire de haras, c’est un challenge énorme. Lorsque l’on est éleveur sans sol, on voit ses chevaux une fois par mois pendant une heure, puis on rentre chez soi. Lorsqu’on achète un haras, on les voit bien plus souvent. On suit leur évolution bien plus régulièrement… qu’elle soit positive ou négative ! On réfléchit donc en permanence à ce dont ils ont besoin, aux croisements… C’est en permanence une véritable source d’émotions et de sentiments. Mais avoir un haras, c’est aussi un vrai projet entrepreneurial, avec une équipe à créer, un style d’élevage à définir… Je consacre beaucoup de temps aux croisements. Dans le cas de Fakarava, l’idée était d’utiliser Le Havre pour ramener du physique, tout en utilisant un étalon confirmé, ce qui est important pour une jeune poulinière. Mais aussi apporter apporter du calme car cette famille a tendance à avoir beaucoup de sang. Vespera étant alezan clair, j’ai souhaité essayer d’avoir un poulain bai ! »

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