vendredi 3 mai 2024
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LES RAISONS D’UNE BAISSE…

Après le record de l’an dernier, à 67,25 millions d’euros, le chiffre d’affaires du marché
des foals en Europe a baissé de 17,9 %. Depuis 2018, nous n’avons enregistré un bilan
aussi négatif qu’à une seule reprise : en 2020, l’année Covid. En 2023, le prix moyen
recule de 8,7 % à 43.425 €. Pourquoi ?

Le taux de vendus n’a guère changé mais, avec une offre inférieure de 136 foals, 131 sujets de moins ont trouvé preneur. La perte de vitesse du prix moyen est en ligne avec celle enregistrée dans les ventes de yearlings et on comprend la prudence des acteurs quelques semaines plus tard chez les foals. Mais cela va au-delà de ce simple aspect. Car le recul du chiffre d’affaires est bien plus important pour les foals que pour les yearlings (- 9,1 %). On pour- rait bien évidemment penser à une perte d’attractivité du “produit foal” ou à une modification des plans des pinhoo- kers qui ont un peu “levé le pied” après les résultats des ventes de yearlings. Mais il existe une autre raison pour expliquer cette baisse et elle est liée à la qualité de l’offre. Nous avons pris comme point de repère les foals issus de saillies à 100.000 € et le résultat est surprenant. L’an dernier, 82 lots issus d’étalons à six chiffres sont passés sur le ring et 77 ont trouvé preneur pour un chiffre d’af- faires de 19,35 M€, soit 24,3 % du marché. Cette année, Galileo (Sadler’s Wells), mort en 2021, n’avait aucun foal en vente. Et Siyouni (Pivotal), pour la première fois depuis 2012, était aux abonnés absents. Frankel (Galileo) avait deux foals en vente publique cette année. Contre huit en 2022. Sea the Stars (Cape Cross) est passé de 21 à 10, Wootton Bassett
(Iffraaj) de 14 à 9, No Nay Never (Scat Daddy) de 12 à 8. Enfin, Dubawi (Dubai Milllennium) n’avait qu’un foal, comme l’an dernier. Contrairement à Lope de Vega (Shamardal), qui était représenté par 12 produits, un de moins qu’en 2022. Seul Kingman (Invincible Spirit) avait plus de foals en vente cette année qu’en 2022. Sur les 54 foals présentés, 48 vendus ont été vendus pour un chiffre d’affaires de 9,77 M€. La réduction du nombre de foals issus des étalons de top niveau représente une baisse du chiffre d’affaires de 9,58 M€. Cela explique une bonne partie – environ 80 % – des 12,08 M€ de baisse de
ce segment.

Le stallion power et ses risques

Pour un éleveur, passer sur le ring un foal issu d’une saillie à 200.000 £ (232.000 €) comme c’est le cas pour Frankel – pour ne citer que lui – demeure très risqué. Et un rachat pourrait peser sur une vente future. Les pinhookers prennent le risque de se retrouver en difficulté sur des investissements très conséquents. Et le foal haut de gamme est réservé à un acheteur qui aura comme objectif de faire courir son cheval. Rien de plus logique. Avec la hausse des prix de saillies des tops étalons, nous pourrions assister dans un futur proche à la concentration de leur production dans les grandes maisons qui élèvent pour courir. Voire à la naissance d’associations, même entre les “grands”.

Les super débuts de St Mark’s Basilica

Onze étalons ont un prix moyen à six chiffres avec plus de cinq foals vendus. Dont deux représentés par leurs premiers produits. St Mark’s Basilica (Siyouni) a atteint 171.452 € pour 11 vendus sur 13 offerts. Avec un top price à 575.000 Gns (696.250 €) payé pas Newsells Park pour une pouliche issue de la lauréate des Oaks (Gr1) Talent (New Approach). Le top miler Palace Pier (Kingman) a un top price acheté à 200.000 Gns (242.174 €) par Godolphin et un prix moyen de 117.641 € pour 8 vendus sur 9 présentés. Pinatubo (Shamardal), qui a ses premiers yearlings, affiche un prix moyen de 115.346 € : 23 foals sur les 24 présentés ont trouvé preneur. Too Darn Hot (Dubawi) est au sommet parmi les étalons qui ont leurs premiers 2ans en piste avec 12 vendus au prix moyen de 127.521 €. Le Champion First Crop Sire Blue Point (Shamardal) avait une offre conséquente de 43 foals. Et 42 ont été vendus au prix moyen de 94.893 € pour un chiffre d’affaires de 3,98 M€, soit le deuxième meilleur score.

Havana Grey, quel retour !

L’étalon tête de liste selon le chiffre d’affaires n’est autre qu’Havana Grey (Havana Gold). Plus de la moitié de ses 117 foals déjà enregistrés sont passés en vente. Et 53 ont changé de mains pour un chiffre d’affaires de 4,10 M€ et un prix moyen de 77.489 €, soit onze fois son tarif 2022 (6.000 £). Un prix de saillie fixé lorsque ses premiers 2ans n’avaient pas encore débuté. Le tarif de l’étalon de Whitsbury Manor Stud était de 18.500 £ (21.500 €) en 2023. En 2024, il faudra débourser 55.000 £ (63.900 €) pour espérer lui envoyer une poulinière. L’an dernier, les yearlings de la troisième génération d’Havana Grey sont passés sur le ring alors que l’étalon était encore à la lutte pour le titre de First Crop Sire sur les îles britanniques au prix moyen de 66.775 €. Quant aux foals, ils ont été commercialisés après le couronnement du top étalon, affichant un prix moyen de 42.334 €. Cette année, Havana Grey a ajouté à son tableau de chasse cinq lauréats de Groupe, dont Vandeek (meilleur 2ans sur la vitesse pure). Ce qui a eu pour effet de booster le prix moyen des yearlings à 111.049 €. La qualité des poulinières en troisième et quatrième saisons est toujours un peu plus faible mais Havana Grey a fait des miracles et, en 2023, il est parvenu à saillir 164 juments.

Zarak très apprécié…

Les ventes de foals en France représentent près de 12 % de l’offre sur le marché européen tous segments confondus. Deux étalons français figurent dans les 25 premiers du classement par prix moyen, en Europe. Neuf des 11 foals de Zarak (Dubawi) conçus au tarif de 25.000 € ont affiché un prix moyen de 79.439 €, soit plus de trois fois son prix de saillie. Le top price a été enregistré par une pouliche issue de Lady Osborne (Fastnet Rock) qui a affiché 160.000 Gns (193.739 €) à Tattersalls. Le poulain de Zarak élevé par l’Azienda Agricola La Rovere (Giorgio Guglielmi) et présenté par le Haras de Montaigu n’est pas loin car il a été acheté 190.000 € par Morten Buskop sur le ring de Deauville.

… et Galiway également

Le succès de Sealiway (Galiway) dans les Champion Stakes (Gr1) et sa réussite constante ont boosté le tarif de Galiway (Galileo) à 30.000 € en 2022. Cette année, il avait 18 foals aux ventes et il a réalisé un carton plein avec un prix moyen de 53.069 €. Les deux top price ont été vendus en Angleterre et en Irlande. L’écurie Trouville a déboursé 115.000 Gns (139.250 €) pour un poulain par Cosmique (Pivotal) à Tattersalls. Alors que JC Bloodstock a obtenu pour 120.000 € à Goffs un poulain de la dispersion du Gestüt Höny Hof. Les yearlings de Galiway, issus de saillies à 12.000 €, ont affiché un prix moyen de 76.209 €. Ceux de Zarak, qui était au même tarif en 2021, ont fait afficher 76.375 € en moyenne.

Victor Ludorum, le top à Tattersalls

Parmi les étalons français qui n’ont pas encore de partants, Hello Youmzain (Kodiac) avait “cartonné” aux ventes de yearlings avec neuf produits vendus à six chiffres. Dans la foulée, 11 des 13 foals d’Hello Youmzain ont été vendus au prix moyen de 27.432 €. Ses 64 yearlings ont été vendus au prix moyen de 78.134 € : la marge est considérable pour les pinhookers. Victor Ludorum (Shamardal), quant à lui, avait ses premiers foals cette année et il a affiché un prix moyen de 20.331 € pour 14 vendus. Avec un top price à 60.000 Gns (72.600 €) qui a été enregistré à Tattersalls.

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