samedi 27 juillet 2024
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Rudy Pimbonnet, le jockey… comédien

Rudy Pimbonnet, le jockey… comédien

Son nom vous dit certainement quelque chose… Et pour cause ! Il y a près de dix ans, Rudy Pimbonnet était l’un des apprentis les plus en vue en plat. Désormais, il brille aussi sur les planches et devant la caméra.

Par Thomas Guilmin

tg@jourdegalop.com

Comme tout jeune pilote, la perte de sa décharge a grandement réduit ses montes. Déjà très impliqué dans une démarche artistique, il a donc décidé d’embrasser une nouvelle carrière, celle de comédien. Mais neuf ans plus tard, son nom a subitement réapparu sur les programmes : « Il s’est passé beaucoup de choses durant ces neuf ans. Lorsque j’ai arrêté de monter en courses, j’avais 22 ans. Physiquement, j’étais encore en train d’évoluer, ce qui me permettait difficilement de monter en dessous de 55kg. Ces soucis de poids limitaient le nombre de montes également. À un moment, je n’avais plus l’envie d’enchaîner les régimes. En parallèle, j’ai toujours apprécié l’art. Les métiers artistiques m’ont toujours beaucoup plu. »

Le théâtre après les courses…

Parfois, il faut savoir prendre des initiatives, et encore plus lorsque l’on est jeune. Rudy, lui, n’a pas hésité une seconde à tenter l’aventure lorsque sa carrière de jockey s’est ralentie : « Depuis petit, j’ai pris beaucoup de plaisir à aller au théâtre. Parfois, après avoir monté sur divers hippodromes parisiens, je m’y rendais avec un ami qui travaillait chez monsieur Laffon-Parias. Et, un jour, je me suis lancé en m’inscrivant au Cours Florent à Paris. C’était en septembre 2014, l’année où j’ai mis ma carrière de jockey entre parenthèses. Cela a été le déclic. Le stage s’est bien déroulé et j’ai donc intégré le Cours Florent. Cela m’a tout de suite beaucoup plu. À tel point que j’allais bien plus aux Cours Florent qu’à l’écurie… Il a donc fallu faire un choix. J’ai choisi l’option de me lancer pleinement dans ce milieu. Durant toutes ces années, j’ai joué dans différentes pièces de théâtre, rencontré des personnes qui travaillaient dans le domaine de l’audiovisuel, et c’est ce qui m’a permis de décrocher plusieurs rôles. À côté, je suis également danseur. J’ai donc pu intégrer une production au sein de l’Opéra Garnier, en 2021. Cela a toujours été un de mes fantasmes de pouvoir danser sur une telle scène. Lorsque vous avez 1.800 personnes qui vous regardent à chaque représentation, c’est magique. On se sent protégé par la scène… c’est puissant. Le jeu, la danse, c’est une sensation de liberté qui vous tend les bras à chaque fois. En 2023, j’ai obtenu un rôle dans un film intitulé Les enfants de la Forêt, réalisé par Olivier Casas. C’était très enrichissant. »

Son apprentissage chez Carlos Laffon-Parias

Entré à 15 ans au Moulin à Vent de Gouvieux, Rudy Pimbonnet a effectué tout son apprentissage chez Carlos Laffon-Parias pour lequel il semble avoir une grande admiration : « Là-bas, j’ai surtout appris à rester à ma place car j’étais un peu sale gosse (rires). Plus sérieusement, lorsque vous galopez plus d’une dizaine de fois par semaine, vous progressez énormément d’autant plus que vous galopez avec des jockeys comme Olivier Peslier. Je faisais souvent leader et cela m’a appris à gérer un rythme de course. Souvent, ce sont les bons chevaux qui vous font progresser. J’avais également beaucoup de chance de monter avec de très bons cavaliers à mes côtés. J’ai fait tout mon apprentissage au sein de l’écurie de Carlos Laffon-Parias, soit de mes 15 ans jusqu’à la perte de ma première décharge, à 22 ans. À l’époque, nous perdions notre décharge lors de la 70e victoire. Aujourd’hui, c’est désormais au bout du 85e succès, ce qui me permet d’avoir de nouveau une remise de poids. »

Les problèmes de poids sont derrière lui

Lorsque l’on mesure plus d’1,75m, les problèmes de poids peuvent vite se faire ressentir. Pourtant, à 31 ans, Rudy Pimbonnet ne semble plus être impacté par cela : « Lorsque je suis revenu, j’ai souhaité déclarer un poids minimum de 56kg. Je me suis toujours maintenu entre 57-58 kg durant mon absence. Étant donné que je travaille avec mon père, je monte rarement en dessous de 57-58 kg. Même avec la décharge de trois livres, je peux donc monter à 56 kg. Cela reste jouable pour moi. L’idée est de remonter pour le plaisir, mais pas pour faire des régimes. »

Une double casquette

Le métier de jockey est exigeant et contraignant… celui d’acteur aussi. Pourtant, il semble tout à fait possible de cumuler les deux : « Lorsque vous êtes comédien, vous avez du temps libre. Mais je n’ai jamais vraiment arrêté de monter à cheval car j’ai toujours aimé aller à l’écurie de mon père, Marc. Les chevaux sont toujours restés très importants pour moi. En 2023, l’écurie familiale s’est retrouvée sans jockey car nos deux bons pilotes ont souhaité mettre un terme à leur carrière. Le premier, Franck Blondel, a été quelqu’un de très important à l’écurie. Sa carrière a été admirable et nous avons respecté son choix lorsqu’il a souhaité arrêter. Quant au deuxième, Guillaume Mandel, il a été exemplaire dans la préparation de nos chevaux. C’était un peu notre jockey «maison». Pour ma part, j’avais toujours ce temps de disponible. Physiquement, je me sentais bien, je n’étais pas lourd. L’entente avec les chevaux a toujours été là. La décision de revenir n’était pas simple à prendre car elle interfère quelque peu avec mon profil d’intermittent du spectacle. Ma mère, Sylvie, et mon frère, Anthony, ont toujours répondu présent pour me soutenir et ce sont des personnes qui travaillent énormément… tout comme Cédric, qui est à l’écurie depuis plus de vingt ans. L’année dernière, les résultats de l’écurie n’étaient pas à la hauteur de nos espérances, voire décevants parfois. Pourtant, les chevaux étaient bien. Donc, plutôt que de faire des remarques sur la monte des uns et des autres, j’ai pris la décision de revenir. Dans ce genre de situations, c’est toujours mieux d’être dans l’action plutôt que dans la critique.  »

Et la suite ?

Neuf ans après avoir arrêté de monter en course, il n’est pas simple de se relancer, et encore moins de se fixer des objectifs lorsque l’on exerce deux professions à la fois : « Je ne me fixe pas d’objectif. Depuis le début de l’année, j’ai déjà remporté deux courses sans la moindre décharge. L’idée est de confirmer les bons résultats que j’ai depuis mon retour. J’ai monté une vingtaine de fois pour un total de cinq victoires. Mon père s’adapte à mon emploi du temps, c’est important. Je peux toujours être comédien à côté et c’est d’ailleurs ce que je privilégie. »

Son regard sur les deux univers

Le monde des arts et celui des courses de chevaux paraissent assez éloignés. Pour autant, il existe quelques similitudes d’après Rudy Pimbonnet : « Sur le fond, il est évident que ce sont deux univers différents mais il y a quelques points communs, notamment dans l’écoute. En tant que comédien, jouer un rôle revient en quelque sorte à être à l’écoute de ce que l’on ressent. À cheval, nous sommes aussi en permanence à l’écoute de son partenaire, du rythme de courses. À l’image d’une pièce de théâtre, une course à son rythme. Dans les deux univers, il faut être hypersensible afin de réagir à tous les éléments autour de nous. En revanche, aussi bien aux courses que dans la comédie, on apprend en permanence. C’est tout ce que j’aime. »

Est-ce plus difficile de devenir acteur ou jockey ?

Avec un père entraîneur de chevaux, son destin semblait tout tracé. Mais Rudy aime se lancer des challenges, et ce même si cela n’est pas toujours simple : « Comme je suis né dans le monde des courses, je dirais que le métier de jockey me tendait un peu les bras. En revanche, le métier d’acteur est plus difficile dans le sens où, ne serait-ce qu’en Île-de-France, nous sommes près de 18.000 comédiens. Pour donner un exemple, prochainement je serai à l’affiche d’un court-métrage. J’ai répondu à un casting via une plateforme, et nous étions plus de 200 candidats au départ ! En France, 200, c’est peut-être le nombre total de jockeys qui montent en course sur une année. »

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