LES FAITS MARQUANTS DU JOUR 3

Jane Mangan a rejoint l’aventure de la renaissance de The Thoroughbred Corporation, casaque mythique portée par Dr Fong, Royal Anthem, Oath, Elusive City, War Emblem, Point Given (liste non exhaustive). Les couleurs ont fait leur retour en piste en 2022 sous le nom de The Thoroughbred Racing Corporation, leurs chevaux étant entraînés par John et Thady Gosden. Elle a signé le bon à 650.000 € pour le lot 285, une fille de Siyouni et de Right Hand (Lope de Vega), dont c’est le deuxième produit. Le premier, Audubon Park (Dubawi), n’a pas encore débuté. Il est à l’entraînement chez Francis-Henri Graffard pour Craig Bernick. Jane Mangan a expliqué : « Elle provient d’une famille exceptionnelle, sur laquelle les Wertheimer ont fait un travail incroyable. Et elle a été élevée par l’écurie des Monceaux. C’est le style de profil que nous recherchions : de belles pouliches bien nées. Nous avons tenté plusieurs fois d’acheter mais ce fut difficile sur ce genre de profils. Dans l’immédiat, elle va partir en Grande-Bretagne pour le débourrage et se reposer. Son futur entraîneur n’est pas choisi, le prince Faisal décidera en temps et en heure. Probablement pas avant la nouvelle année mais elle a le pedigree pour être classique. »

La deuxième mère, Balladeuse (Singspiel), a gagné le Prix de Royallieu (Gr2, à l’époque), avant de donner Left Hand (Dubawi), lauréate du Prix Vermeille (Gr1). Balladeuse a été à l’honneur ce week-end à Deauville puisque sa fille Aventure (Sea the Stars) a gagné le Prix de Pomone (Gr2), remportant son ticket pour le Qatar Prix Vermeille (Gr1) où elle essaiera de faire aussi bien que sa sœur. C’est la souche de Plumania (RS) (Anabaa) ainsi que de Double Major (Daiwa Major), impressionnant dimanche dans le Sumbe Prix Kergorlay (Gr2).

Ghislain Bozo l’a emporté sur Alex Solis à 500.000 € pour le lot 312, une fille de Siyouni présentée par Ballylinch Stud. La structure de John O’Connor réalise une bonne dernière journée de vente, ayant notamment vendu un peu plus tôt dans la journée le lot 240 pour un million d’euros à Oliver St Lawrence. Ghislan Bozo était au côté d’Alessandro Botti, son futur entraîneur, et a expliqué : « Elle a été achetée pour un partenariat. On va y retrouver l’entourage de Gala Real (Wootton Bassett) [la Scuderia Dei Duepi de Carlo Ancelotti, Ballylinch et l’écurie des Charmes, ndlr] ainsi qu’Everest Racing Exclusive. Il s’agit d’une nouvelle organisation d’Everest Racing, mais s’adressant aussi à l’élevage. La pouliche coche toutes les cases et elle est très belle. La famille est très vivante. »

Concernant l’écurie des Charmes, elle est en terrain connu puisqu’elle possédait Opera Mundi (Kingman), la sœur du lot 312, gagnante du Prix Zeddaan (L). Elle est désormais indiquée en exportation aux États-Unis, comme Minoushka (Starspangledbanner), autre réprésentante de l’écurie des Charmes. Ghislain Bozo nous a précisé : « Elles ont rejoint l’entraînement de Brendan Walsh, toujours pour l’écurie des Charmes. » La deuxième mère est Secrète (Frankel), lauréate du Prix de la Nonette (Gr2) et du Prix Vanteaux (Gr3). Sous la troisième mère, Featherquest (Rainbow Quest), on retrouve la famille Wertheimer ayant marqué ce weekend deauvillais, celle d’Aventure (Sea the Stars) et Double Major (Daiwa Major).

Les équipes d’Al Shaqab Racing l’ont emporté à 400.000 € pour le lot 250, un Frankel présenté par Coulonces. Il s’agissait de son deuxième passage en vente, puisqu’il était passé foal sur le ring d’Arqana où Paul Harley l’avait acheté 260.000 €. Nicolas de Watrigant et Benoît Jeffroy ont commenté : « Nous l’avons beaucoup aimé, il est très mature, a un très beau physique et fait très précoce. Il est par un des meilleurs étalons d’Europe et le prix est très intéressant. » Il s’agit du premier produit de Palmas (Lord of England), gagnante du Preis der Diana (Gr1). La deuxième mère, Peace Time (Surumu), est black type et on lui doit Peace Royale (Sholokhov), gagnante du Schwartzgold Rennen (Gr3) et mère de Peace in Motion, gagnante de Gr3 en Allemagne. Elle est aussi l’aïeule de Pao Alto (Intello), lauréat du Prix La Force (Gr3), ou encore de Penny Lane (Lord of England), gagnante du Prix des Sablonnets (L).

Coolmore a continué à soutenir Camelot (Montjeu) lors du jour 3 de la vente d’août Arqana. Au moment où sont écrites ces lignes, soit bien avant le lot 270 adjugé 1,7M€, l’entité irlandaise a acheté cinq lots, dont deux Camelot : le lot 126 (via Mandore International Agency) moyennant 380.000 €, et le lot 370 pour 370.000 €. La yearling était présentée par le haras de Beaufay, qui réalise une très belle vente. Jusqu’à ce lot 247 inclus, la structure a présenté trois lots, tous vendus pour un C.A. de 1.370.000 €, un prix moyen de 456.667 € et une médiane de 400.000 €.

Le lot 247 est une fille de l’inédite Ornelia Ruee (Sea the Stars), dont elle est le cinquième produit. Le meilleur d’entre eux est pour le moment Rose Prick (No Nay Never), deuxième au mois d’avril des Snowdrop Fillies’ Stakes (L, 1.600m) sur la tapeta de Kempton. La deuxième mère, Katyusha (Sea the Stars), est une propre sœur de Migwar (RS) (Sea the Stars), deuxième du Prix du Conseil de Paris (Gr2). Katyusha est la deuxième mère de Feed the Flame (RS) (Kingman), lauréat du Grand Prix de Paris (Gr1). Sa pouliche yearling par St Mark’s Basilica (Siyouni), présentée par l’écurie des Monceaux, a été vendue 550.000 € lors du jour 2 de la vente d’août.

Lorsqu’un jeune étalon débute à 50.000 €, les attentes sont grandes et Coolmore voulait fortement marquer l’arrivée des premiers St Mark’s Basilica (Siyouni) sur un ring de vente. Douze sont passés en vente chez Arqana, huit ont été vendus, dont six à 200.000 € ou plus, soit une moyenne de 446.250 €.

Est-ce si fort que cela ?

L’équipe de Coolmore au grand complet avait fait le voyage depuis l’Irlande et pas uniquement pour voir Whistlejacket (No Nay Never) s’imposer dans le Sumbe Prix Morny (Gr1) ! À titre de comparaison, le précédent débutant de Coolmore dans cette gamme de tarif était Gleneagles (Galileo) à 60.000 €. Ses premiers yearlings ont foulé les rings de vente en 2018. À Arqana, huit avaient été vendus à une moyenne de 139.375 €. Coolmore en avait acheté un à Deauville pour 180.000 € : c’était Royal Lytham, gagnant des July Stakes (Gr2). Le top price du jeune sire s’était élevé à 500.000 Gns, réalisés lors du book 1, toujours pour Coolmore, pour Precious Moments, deuxième des Airlie Stud Stakes (Gr2). St Mark’s Basilica fait donc un départ canon aux ventes avec le soutien de Coolmore, mais pas que… Car parmi ses six yearlings à 200.000 € ou plus chez Arqana, quatre ont été acquis par des entités autres que Coolmore, dont deux par Al Shaqab.

Cette famille qui a fait la vente

Au fil des ans, Coolmore a acheté sept yearlings de l’origine de Platonic (Zafonic), la deuxième mère de ce lot 270. Tous n’ont évidemment pas réussi mais on se souvient de Magic Wand (Galileo) qui est montée dix fois sur le podium au niveau Gr1 à travers le monde, pour plus de 4,3 M€ de gains. Au fil des ans, l’écurie des Monceaux a vendu vingt yearlings à 200.000 € ou plus issus de cette famille, dont neuf à un million d’euros ou plus. Ces vingt lots représentent quasiment 18 M€ de chiffre d’affaires. Henri Bozo aime à dire que c’est la famille qui a fait les Monceaux. Mais c’est quasiment la souche qui a fait – pour partie du moins – la réussite d’Arqana…

Une prise de risque payante

M.V. Magnier, après avoir signé le bon à 1,7 M€, a déclaré : « Pour être tout à fait honnête, il faut avouer que l’équipe des Monceaux a pris un gros risque en envoyant une telle jument à un débutant. Je suis très heureux pour eux. St Mark’s Basilica était un cheval de course incroyable, très dur. Ce qu’il a fait dans les Irish Champion Stakes, avec sa blessure deux semaines avant… C’est remarquable. Nous avons beaucoup de descendants de cette famille et bon nombre n’ont pas encore débuté. Il faut aussi saluer la mémoire de son co-éleveur, Lady O’Reilly. Elle manque à beaucoup de monde. »

John O’Connor est irlandais. Mais il aime la France… et la France le lui rend bien. Le patron de Ballylinch Stud a acheté Lope de Vega (Shamardal) dans notre pays, tout comme Normandel (Le Havre). Et il a vendu le produit de ce croisement – le lot 240 – dans notre pays. La francophilie, ça paye ! JOC, comme le surnomment les anglophones, nous a confié : « Pour moi, c’est une star. C’est le cheval le plus régulier que l’on puisse avoir dans une vente. À chaque fois qu’elle sortait, elle marchait divinement bien et toujours de la même manière. Elle a un très bon mental et n’a jamais montré des signes de fatigue alors qu’elle est beaucoup sortie depuis des jours. Dans ce sens, je crois vraiment qu’elle va faire un super cheval de course. Elle a été choisie par un très bon acheteur, et elle sera très bien entraînée, j’en suis certain. J’ai vraiment aimé sa mère quand je l’ai vue chez Pia Brandt. Normandel était gagnante de Listed et placée de Groupe. Nous l’avons ramenée en Irlande et elle a gagné un Gr3. Cette femelle est son plus beau produit jusqu’à présent. » Cette origine a vraiment décollé lorsque Sylvain Vidal a acheté pour Gérard Augustin-Normand la deuxième mère, Lidana (King’s Best), pour 140.000 Gns, en décembre 2009, à Newmarket. Quinze ans et sept black types plus tard, la famille a pris son envol. Le fer de lance est le très bon Pyledriver (Harbour Watch), gagnant des King George et de la Coronation Cup (Grs1).

Les Lerner récompensés

Cette année, les Lerner père et fils marchent sur l’eau. Avec Calif (Areion), ils viennent de remporter le Grosser Dallmayr-Preis (Gr1). Ce cheval porte les couleurs des Bahreïnis de Victorious Racing, une casaque qui apprend à connaître avec bonheur l’entraînement français ! Là aussi, la francophilie paye… Après avoir signé le bon à un million, Oliver St Lawrence a déclaré : « Elle n’a pas été facile à obtenir ! Carlos et Yann Lerner vont l’entraîner, et ils savent évidemment tout sur Lope de Vega, le père de Look de Vega. Yann la voulait vraiment, je n’ai pas réussi à joindre le cheikh Nasser [Son Altesse le cheikh Nasser bin Hamad Al Khalifa, prince de Bahreïn, ndlr] ! Fawzi Nass et moi avions évoqué ce niveau de prix. J’espère qu’elle courra un jour le Diane ou quelque chose d’équivalent. Nous avons acheté quelques yearlings l’année dernière, que cheikh Nasser possède pour partie. Ils sont chez Carlos et Yann. Calif, acheté à la vente de l’Arc, est allé à Bahreïn avant de gagner un Gr1 en Allemagne l’autre jour. Je pense que les belles pouliches sont toujours très difficiles à acheter. J’espérais vraiment ne pas avoir à sortir un million, mais Yann était à côté de moi en train de me taper dans les côtes ! »

Sans avoir des effectifs massifs, Al Shira’Aa Racing tire vraiment son épingle du jeu et présente régulièrement des chevaux au niveau Gr1. En 2022, Kieran Lalor, le manager, signait le bon à 320.000 € pour Vespertilio (Night of Thunder), issue du même père, de la même famille et du même haras que ce lot 249. Elle a gagné les Debutante Stakes (G2) et est montée sur le podium des Moyglare Stud Stakes et de la Poule d’Essai des Pouliches (Grs1). Dimanche, après avoir signé le bon à un million d’euros, Kieran Lalor a déclaré : « Son profil est très proche de celui de Vespertilio que nous avons achetée à Henri Bozo. Espérons que le résultat sera le même ! Henri est tout simplement l’un des meilleurs éleveurs. Ce n’est pas un hasard si sa production est aussi recherchée sur les rings de vente. » À un million d’euros, cette pouliche est tout simplement le yearling le plus cher de Night of Thunder (Dubawi). La vedette de Darley avait précédemment eu une pouliche à 800.000 Gns lors du book 1 de l’année dernière à Newmarket.

Paix (Muhaarar), la mère, a gagné le Prix de Lutèce (Gr3). Elle n’a pas encore eu de partant. Pacifique (Montjeu), la deuxième mère, a elle aussi remporté le Lutèce. C’est la mère de Sir Bob Parker (Siyouni), troisième du Prix Greffulhe (Gr2). Platonic (Zafonic), la troisième mère, est l’aïeule d’une bonne quinzaine de black types.

Schnell Meister (Kingman) est l’un des meilleurs milers à avoir couru au Japon ces dernières saisons, ainsi que le troisième fils de Kingman le mieux coté au monde. Il a notamment gagné la NHK Mile Cup (Gr1) à 3ans. Ce lot 301 est issu du même père et de la même famille que Schnell Meister. Et cette pouliche a fait monter les enchères jusqu’à 520.000 €. Après avoir signé le bon, l’entraîneur japonais Hitoyasu Tanaka a déclaré : « Elle part au Japon. Les attentes sont grandes vu son pedigree. Kingman réussit très bien bien au Japon. Il sort beaucoup de gagnants, dont un bon 2ans que j’entraîne. Les Kingman ont beaucoup de vitesse, ce qui est essentiel au Japon. »  La deuxième mère, Saldenehre (Highest Honor), s’est classée deuxième d’une Listed sur 2.200m qui est une préparatoire au Preis der Diana (Gr1). Une course classique que sa fille Serienholde (Soldier Hollow) a remportée avant de donner Schnell Meister. En remontant dans cette famille, on retrouve d’autres chevaux ayant réussi au Japon comme Salios (Heart’s Cry), gagnant des Asahi Hai Futurity Stakes (Gr1, 1.600m, 2ans), ou encore Salacia (Deep Impact), deuxième de l’Arima Kinen (Gr1). L’origine est au Gestüt Wittekindshof depuis des décennies, mais si on remonte encore plus, on retrouve la souche des “S” du Gestüt Schlenderhan. Le Gestüt Wittekindshof a élevé des chevaux de classe internationale au fil des années, comme Pakistan Star (Shamardal) ou Tiger Hill (Danehill), sans oublier trois lauréates du Preis der Diana (Gr1).

Une aventure familiale

Ancien directeur du haras du Mézeray, Philippe Brosset a lancé Applewood Stud en 2022. Entouré de sa femme, Ciara O’Connor, et leurs enfants, il nous a confié : « C’est exceptionnel et nous sommes presque un peu surpris. La pouliche, issu d’un foal-sharing, est arrivée pour la préparation après que ses éleveurs – le Gestüt Wittekindshof – ont racheté leurs parts à Newmarket quand elle était foal [pour 110.000 Gns, ndlr]. Ce sont des clients qui nous envoient des juments pour la saison de monte habituellement. C’est important pour nous d’avoir la confiance de bons éleveurs avec des pouliches d’une telle valeur. Applewood Stud, c’est un peu la continuité de la première partie de ma carrière et des bons chevaux avec lesquels j’ai eu la chance de travailler. Nous sommes une petite structure mais cela fait plaisir de montrer que nous sommes capables de faire du bon travail, comme les grands. Nous sommes un haras familial, toute la famille participe. »

Ce yearling a été acheté 80.000 € l’an dernier chez Goffs, où il était présenté par Baroda Stud. Un beau pinhooking car il a changé de main pour 400.000 €, dimanche, à Deauville. C’est Al Shaqab Racing, très présent cette année chez Arqana, qui a signé le bon par l’intermédiaire de Nicolas de Watrigant. Cette année, lors de la vacation d’août, l’entité qatarie a acheté tout ou partie de 13 lots pour un total de 4 M€. C’est trois yearlings de plus que l’année dernière à cette même vente… Ce lot 315 est un produit de Camelot (Montjeu), dont huit des neufs yearlings présentés en août ont été vendus à un prix moyen de 255.625 €. Ils ont été conçus l’année où leur père était monté à 75.000 €. L’étalon de Coolmore réalise en 2024 l’une des meilleures saisons (sportives) de sa carrière avec trois gagnants de Gr1 : Bluestocking (Pretty Polly Stakes, Gr1), Los Angeles (Derby d’Irlande, Gr1) et Luxembourg (Coronation Cup, Gr1). La deuxième mère, Venus de Milo (Duke of Marmalade),j a gagné les EBF Give Thanks Stakes (Gr3, 2.400m, 3ans) et les Munster Oaks (Gr3, 2.400m, 4ans). Son meilleur produit – par Camelot ! – se nomme Cleveland et il a remporté la Moonee Valley Gold Cup (Gr2, 2.500m).