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samedi 17 mai 2025

Graffard

À LA UNE

La méthode Graffard

Le rendez-vous était pris à 6 h 15, carrefour du Mont de Pô, base principale de Francis-Henri Graffard. Deux minutes de retard à l’arrivée : les chevaux sont déjà en route pour la piste. Pas le temps de traîner, on grimpe dans le 4×4 de l’entraîneur, direction la Gouvieux. Il faut traverser la Perth, les Réservoirs, puis la Plaisanterie pour arriver sur la contre-allée, où le lot d’Aiglemont (celui des Aga Khan Studs) croise celui des Graffard. « Avec cette organisation, je peux regarder les chevaux trotter avant qu’ils ne travaillent. D’abord les Aga Khan, puis ceux de mon écurie. Depuis décembre dernier, j’occupe également la cour de James Reveley, avec 45 boxes. Les deux équipes s’entendent pour se rejoindre avant le trotting. » Chaque écurie a son responsable : Willy Loncke pour les Aga Khan, et Romain Dupasquier. Les deux accompagnent les lots sur leur poney, et deux autres « hacks », montés par des responsables, stationnent au départ des canters pour gérer les départs, en évitant la herse ou les lots des autres entraîneurs…

Travail court et fractionné

Depuis que son effectif a considérablement augmenté, Francis-Henri Graffard a fait évoluer sa méthode. Le mot d’ordre ? Simplification ! « Ma priorité, c’est de voir un maximum mes chevaux. Qu’ils soient dehors aussi le plus longtemps possible… Et évidemment, d’optimiser leur préparation. J’avoue que lorsque l’entraînement français était en peine face aux Britanniques, j’ai essayé de chercher en quoi notre méthode de travail différait, pour m’inspirer de ce qui fonctionnait. Suite à une matinée passée à Ballydoyle et en reprenant mes notes sur l’entraînement quand je travaillais en Angleterre, j’ai décidé de modifier ma façon d’entraîner en adoptant le système d’un travail quotidien court et fractionné. Cette décision fut une énorme prise de risque et il a fallu convaincre mes équipes de me suivre dans ce changement radical alors que ma méthode d’avant fonctionnait déjà bien ! Mais il est important de toujours se remettre en question pour progresser et surtout de s’inspirer des meilleurs ! Bien sûr, et ce malgré le nombre, nous arrivons à garder un programme « à la carte » en fonction des individus. L’autre avantage de cette méthode, c’est qu’elle m’offre une occasion de plus de voir mes chevaux passer devant moi… »

Soigner le mental comme le physique

Aux côtés de l’entraîneur, à pied, le responsable de chaque écurie, à cheval. L’échange est constant, sur les engagements à venir, les comportements des chevaux, leur action… 7 h 15, chaque groupe repart de son côté pour retrouver son écurie. Au carrefour du Mont de Pô, dans l’écurie que Francis-Henri Graffard occupe depuis 2017, 111 boxes s’organisent autour de plusieurs barns, d’une cour en L qui entoure les bureaux, et de quelques boxes s’ouvrant sur des paddocks individuels. « Dans l’idéal, j’aimerais que mes chevaux puissent tous passer quelques heures dehors pour se détendre… À Chantilly, c’est compliqué, mais nous avons tout de même cette possibilité pour les chevaux d’âge notamment, qui peuvent s’amuser dans leurs paddocks en sable. Dans le barn que j’ai fait construire, les boxes sont communicants deux par deux. Cela permet les interactions entre les chevaux. C’est important pour leur santé mentale ! » Le bien-être équin est une préoccupation constante : outre le vétérinaire, les chevaux sont vus régulièrement par un ostéopathe, une physiothérapeute, et reçoivent même des soins d’acupuncture !

L’administratif, à ne pas négliger

En attendant la sortie du deuxième lot, prévue à 7 h 45, passage au bureau. À cette heure matinale, Nathalie, la secrétaire de l’écurie, n’est pas encore arrivée. Lisa-Jane, la femme de Francis, qui travaille à ses côtés depuis plus de trois ans, ne va pas tarder. Au fil de la matinée, les bureaux se remplissent, et pas moins de quatre personnes y travaillent, sans compter le boss ! Francis Graffard se concentre sur les engagements, les galops à venir… Tout est noté à la main… mais sur une tablette permettant la prise de notes. « J’ai deux colonnes, l’une pour les Aga, l’autre pour les miens, et je note les dates des engagements à venir, et des galops ou demi-trains correspondants. Je transmets ces notes à mes assistants, qui vont ensuite gérer, selon ces objectifs, les soins qui doivent être apportés. Nous discutons beaucoup ensemble sur les travaux à donner : aussi bien Willy que Romain connaissent parfaitement leurs chevaux. Ils peuvent m’alerter sur un cheval qui pourrait se raidir en cas de travail trop intensif, d’un autre qui, au contraire, a repris trop de fraîcheur… J’ai la grande chance de travailler avec ces personnes de confiance depuis des années. Je leur fais une totale confiance, ce qui me laisse le temps pour les relations avec les propriétaires. »

« L’équipe a une importance capitale dans les résultats d’une écurie. Il faut créer un esprit d’équipe… et cela prend du temps. Aujourd’hui, nous avons un cadre très structuré, une bonne intégration des nouveaux éléments par les plus anciens… »

Anticiper, toujours…

L’écurie Graffard (Aiglemont mis à part), ce ne sont pas moins de 55 salariés ! Une vraie PME où l’improvisation n’a pas sa place. « Outre mon assistant, j’ai cinq sous-assistants. L’équipe a une importance capitale dans les résultats d’une écurie. Il faut créer un esprit d’équipe… et cela prend du temps. Aujourd’hui, nous avons un cadre très structuré, une bonne intégration des nouveaux éléments par les plus anciens… Le coût du personnel dans une écurie de courses est très important et donc l’anticipation dans la gestion des ressources humaines est primordiale. Par exemple, l’été dernier, j’ai compris que j’allais recevoir pas mal de yearlings. J’étais déjà en contact avec James Reveley pour louer sa cour. Mais bien avant de recevoir ces nouveaux pensionnaires, j’ai recruté deux responsables supplémentaires, qui sont arrivés dès septembre, alors que nous avons pris la nouvelle cour en décembre ! Je voulais être en place avant de faire face à l’augmentation de mon effectif. » Lisa-Jane, qui gère tous les déplacements à l’étranger mais aussi la communication de l’écurie, est aussi là pour mettre de l’huile dans les rouages au sein de l’équipe. Elle raconte : « Ils savent que mon bureau est toujours ouvert s’ils ont besoin de parler. Nous avons aussi mis en place des actions pour mieux intégrer les nouveaux, comme un livret d’accueil. Nous essayons d’organiser des événements pour souder l’équipe, comme le repas de fin d’année ou avant l’été, ou des petites cérémonies quand des chevaux marquants, comme The Revenant, partent à la retraite. »

C’est le matin que le travail se fait

Il est temps de regarder les chevaux du deuxième lot avant qu’ils ne partent à la piste. Du lourd ! Goliath (de retour de Hongkong et ravi de retrouver son environnement), Map of Stars (qui roule des mécaniques), Sahlan (prévu pour la Poule d’Essai), Vertical Blue, Audubon Park… Et sur les pistes, nous retrouvons Calandagan, Mandanaba et Zarigana ! La majorité des 2ans sortiront aux troisième et quatrième lots. Ici, l’écurie du matin se termine à midi. Plus tôt évidemment pour ceux qui partent aux courses… « Les employés travaillent le soir une semaine sur deux, et un week-end sur trois. » Le patron, lui, essaie de passer le plus de temps possible dans son écurie ou son bureau. « Bien sûr, il faut aller aux courses, mais quand il est impossible de concilier les deux en raison des horaires des courses, je préfère rester ici. Parce que c’est le matin que le travail se fait, mais aussi le soir, au calme : j’aime regarder mes chevaux au box. On peut voir des choses différentes. » Dernier échange avec son garçon de voyage, et il est temps d’aller se changer. Francis-Henri Graffard a cinq partants dès les deux premières courses de Chantilly, des courses d’inédits. Bilan : deux victoires. Le plan se déroule sans accroc !

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