Goliath est toujours géant

Alors que l’entourage de Goliath (Adlerflug) craignait d’avoir « perdu » son champion en Asie, celui-ci renaît de ses cendres en remportant La Coupe (Gr3). Ce n’était certes pas un Gr1 – pas comme les King George VI and Queen Elizabeth Stakes qu’il a déjà à son palmarès –, mais ce succès représente une victoire décisive pour toute une équipe, soulagée de retrouver le vrai Goliath. John Stewart, Philip von Ullmann et Francis-Henri Graffard peuvent désormais aborder la suite de la saison sereinement. La pression d’avant-course était si intense que les nerfs ont lâché au retour aux balances : son cavalier d’entraînement, Dylan, et Anthony, le garçon de voyage, étaient en pleurs. Francis-Henri Graffard, lui, pouvait souffler.

Dimanche, Goliath a mené la course et, lorsqu’il peut imprimer son rythme, il devient compliqué de l’accrocher. Il l’a de nouveau montré. Posé sur la main de Christophe Soumillon, il a pointé les oreilles et mené à un rythme peu soutenu. Présent, mais pas contraint d’être repris, il a su s’oxygéner dans la fausse ligne droite et lancer la course dès la sortie du dernier tournant. Alors que tous ses concurrents étaient déjà bien sollicités, Goliath était uniquement soutenu aux bras par Christophe Soumillon. Progressant à la corde, il a laissé un instant l’espoir à Grand Stars (Sea the Stars) de pouvoir l’accrocher, mais il est finalement reparti, allongeant son action pour s’en défaire. Prenant de plus en plus de vitesse et de longueur sur ses rivaux, il s’impose de deux petites longueurs, uniquement sollicité aux bras, devant Grand Stars, qui a su montrer son bon changement de vitesse sur une piste à sa convenance. Deux longueurs et demie plus loin, Augustus (Soldier Hollow) termine troisième, après avoir accompagné Goliath tout au long du parcours. Il devance d’une courte tête Irésine (Manduro).

Quelques instants après la performance de son pensionnaire, Francis-Henri Graffard a déclaré : « Nous sommes vraiment heureux de le retrouver à ce niveau. C’est quand même beaucoup de pression. Le cheval restait sur une performance compliquée et moi, en tant qu’entraîneur, j’ai eu peur de lui avoir donné la course qu’il ne fallait pas. Lorsqu’ils ne veulent plus, c’est compliqué à corriger… Aujourd’hui, nous avons décidé de le laisser faire, de le laisser à sa main et d’essayer qu’il soit heureux. Lorsqu’il est comme cela, c’est un vrai champion. Les deux courses où il n’a pas tiré ont été le Prix d’Hédouville, où il était allé devant, et à Ascot, lorsque le rythme a été très élevé. Lors de toutes ses autres sorties, nous avons essayé de le monter derrière, mais cela ne lui convient pas du tout. En France, il est possible de le monter devant et de réduire l’allure en tête, mais à l’étranger c’est plus compliqué. Il aura certainement besoin d’un leader et de rythme afin de pouvoir changer de vitesse. Pour la suite, il va falloir voir comment il rentre, c’est une priorité. Il va également falloir discuter avec les propriétaires. Après Hongkong, j’ai voulu lui mettre le bonnet tous les matins car il était trop émotif. Mais lors d’un galop, il a vraiment mal travaillé et nous avons décidé de le lui enlever et de l’emmener aux courses afin de voir son comportement. Aujourd’hui, c’était vraiment un test. Après Hongkong, avec l’entourage, nous avons convenu de repartir à zéro avec lui. »

Lors du Prix Corrida (Gr2), où elle se classait troisième, Grand Stars avait déjà réalisé une performance très correcte, derrière des pouliches telles qu’Aventure (Sea the Stars) et Survie (Churchill). Après cette course, son mentor, Gérald Mossé, nous avait confié qu’elle serait encore meilleure sur une piste plus souple. Dimanche, en se classant deuxième de La Coupe, elle l’a prouvé. Gérald Mossé nous a dit : « Ça se concrétise petit à petit ! Elle n’a pas encore gagné à ce niveau, mais ça va venir. Cette fois, on termine juste derrière un crack, qui est largement au-dessus de nous en valeur. On ne peut rien lui reprocher : elle a eu un excellent parcours, le terrain lui convenait parfaitement. Bien sûr, c’est toujours un peu frustrant d’être battu, mais c’est la loi de la compétition. L’entourage de la jument est ravi de sa prestation. Le prochain objectif est ambitieux : courir un Gr1 à Munich [certainement le Bayrisches Zuchtrennen (2.000m), ndlr]. On va tenter l’aventure à l’étranger, et c’est un profil qui lui convient bien, notamment avec la corde à gauche. »

Irésine était dans un parfait état au rond de présentation, mais il a subi le démarrage de la course. Son mentor, Jean-Pierre Gauvin, a analysé au micro d’Equidia : « L’épreuve a été contrôlée par Goliath qui a été très détendu. La course a été très tactique. Les trois premiers durant le parcours ont fait subir le démarrage aux autres. Je voyais bien que le trou était fait à l’entrée de la ligne droite. La troisième place nous échappe d’un nez. Nous avons couru 2.000m par défaut avec lui, il a besoin de courir sur plus long. Il ne faut pas le condamner, nous reviendrons sur des distances plus longues et, si tout va bien, sur le Grand Prix de Saint-Cloud s’il rentre bien. Je suis un peu déçu tout de même de son accélération… Il a 8ans, il est peut-être moins percutant sur un sprint comme aujourd’hui. »

Élevé par le Gestüt Schlenderhan, Goliath est un fils du top-étalon maison Adlerflug (In the Wings), disparu en avril 2021, et de Gouache (Shamardal), qui a remporté une Listed sur 1.700m à 4ans en Allemagne. Outre Goliath, elle a donné un autre gagnant : Gamine (Adlerflug), lauréate de cinq courses en Allemagne à 3ans et 4ans, de 1.800m à 2.000m.  Elle a une 4ans, Galaxy (Cloth of Stars), à l’entraînement chez Sascha Smrczek et lauréate d’une épreuve sur 1.800m, Go Flying (Adlerflug), une 3ans entraînée par Peter Schiergen et toujours à la recherche d’une première victoire, Grande Merci (Magna Grecia), une 2ans ainsi qu’une yearling par Blackbeard (No Nay Never). En 2024, elle a été saillie par Baaeed (Sea the Stars).

La deuxième mère, Guantana (Dynaformer), lauréate du Monsun Oster-Stutenpreis (L, 2.200m) et de l’Hanshin Cup (L, 2.200m), a donné Guardini (Dalakhani), lauréat du Prix du Lys (Gr3) et du Gerling Preis (Gr2, 2.400m), à Cologne, ainsi que Guizot (Tertullian), troisième du Preis des Winterfavoriten (Gr3). C’est la grande souche des « G » de Schlenderhan (Getaway, Guadalupe)… Sous la troisième mère, on retrouve celui qui fut un étalon français, Guignol (Cape Cross), lauréat du Grosser Preis von Baden et du Grosser Preis von Bayern (Grs1), cette dernière course à deux reprises.

Départ à 1.000m : 1’10’’39

De 1.000m à 600m : 25’’17

De 600m à 400m : 11’’28

De 400m à 200m : 10’’69

De 200m à l’arrivée : 11’’09

Temps total : 2’08’’62