samedi 11 mai 2024

Ferland

RETOUR AUX SOURCES

Une cour historique

Après le passage d’une arche, nous découvrons une jolie cour dont les portes des boxes sont en bois bleu, un vestige de l’époque Wildenstein. Une quarantaine de chevaux ont déjà pris place dans ce lieu qui comporte une centaine de boxes. Au centre, deux paddocks sont entourés d’imposants saules pleureurs. Dans la cour du haut, un marcheur a pris place. Christophe Ferland raconte : « Lorsque j’ai annoncé à mes propriétaires que je venais m’installer à Chantilly, ils ont, dans l’ensemble, plutôt bien réagi. Je cherchais une cour suffisamment grande pour accueillir tous mes pensionnaires. Il n’y avait pas grand-chose à vendre sur Chantilly… L’achat de l’écurie de Pia et Joakim Brandt a été une opportunité que j’ai saisie sans hésiter. Comment pourrait-on être déçu d’intégrer une aussi belle cour ? »

Idéalement située à Chantilly…

Après une brève visite de l’écurie, les chevaux du deuxième lot se présentent devant nous, et parmi eux, Lindy (Le Havre), Shalromy (Shalaa) ou encore Yoozuna (Kizuna). Un court trajet en voiture nous amène aux Lions… Idéalement située, l’ancienne cour des “Bleus” permet d’accéder à la piste des Lions ainsi qu’aux Aigles avec une extrême facilité. Mais c’est sur les Lions que Christophe Ferland a choisi d’entraîner quotidiennement : « Nous allons sur les Aigles pour galoper mais le reste du temps, nous évoluons sur les Lions. L’écurie est très bien placée, je peux utiliser toutes les pistes. J’ai choisi les Lions car la fréquentation des Aigles est dense. Ici, nous sommes moins nombreux, et tout le monde a pu trouver rapidement sa place. Les pistes à Chantilly constituent un outil de travail de top niveau. Lorsqu’autant de moyens sont déployés pour gérer le centre d’entraînement, il est normal que les infrastructures soient d’une telle qualité. Nous sommes dans le temple du galop français, voire mondial. Le cadre est exceptionnel, en pleine forêt domaniale… Lorsqu’il pleut, nous sommes protégés par cette jolie forêt et, lorsqu’il fait chaud, elle nous permet d’être au frais. »

« Le plus important lors de ces changements d’environnement est que les chevaux s’acclimatent correctement. Ce sont eux les sportifs. À nous de trouver nos repères pour réaliser le meilleur travail possible. »

…Mais également en France

Le jour de notre visite, Christophe Ferland a un partant à Compiègne : GPS en main, il nous indique les 45 minutes de trajet contre 7 h 22 depuis La Teste… Un gain de temps important pour Sandy, son garçon de voyage qui, ce matin-là, a même le temps de monter deux lots. Mais ce paramètre semble également essentiel pour le bien-être des chevaux : « Le prix de pension n’est pas le même à Chantilly mais nous étions vraiment peu chers à La Teste. En revanche, nous avions d’importants frais de transport. À La Teste, nous sommes à six heures de Lyon, Marseille, Paris, Deauville… J’ai dû financer de nombreux camions car nous n’avons pas les services de transporteurs que nous pouvons trouver à Chantilly. Lorsque nous partons en déplacement, nous récupérons mieux en dormant chez nous, et c’est exactement pareil pour les chevaux. Les longs voyages sont une contrainte. Impossible de courir un cheval à deux semaines d’intervalle quand il doit passer 24 heures dans un camion… Il existe bien sûr un programme de courses autour de La Teste, mais dès que l’un de mes 2ans gagnait, il devait venir courir à Paris. Désormais, nous ne pouvons pas être mieux situés qu’à Chantilly, à moins d’entraîner dans le Bois de Boulogne ! Le plus important lors de ces changements d’environnement, c’est que les chevaux s’acclimatent. Ce sont eux les sportifs. À nous de trouver nos repères afin de réaliser le meilleur travail possible. »

Une nouvelle équipe à constituer

Nous voilà garés sur le parking du garde des Lions. Après une entrevue avec Jean-Marie Béguigné, quelques blagues de Rodolphe Collet, l’heure est aux consignes pour ses salariés et le moment pour nous de revenir sur la construction de sa nouvelle équipe : « Quelques salariés de La Teste m’ont suivi à Chantilly. Il n’est pas encore très compliqué de trouver du personnel, et je ne pense pas avoir la réputation d’être un mauvais patron. Nous avons des chevaux de qualité, et je pense que cela motive le personnel. J’ai la chance d’avoir une équipe exceptionnelle avec un bon noyau. Chaque personne qui l’intègre bénéficie de ce bon état d’esprit, un état d’esprit ramené de La Teste. »

À la maison

Né à l’hôpital des jockeys de Chantilly, Christophe Ferland n’hésite pas à rappeler qu’il est l’un des plus locaux des entraîneurs cantiliens. Très tôt, il a commencé à monter des lots chez Jean-Marie Béguigné au côté de son père Gilles, premier garçon à l’époque. Au vu de son physique, il a tout de suite compris qu’il ne pourrait pas devenir jockey. C’est finalement l’entraînement qui l’a attiré. Après une formation à l’étranger chez Sir Mark Prescott, il revient à Chantilly et intègre l’écurie de Richard Gibson : « Chez Sir Mark Prescott, il existait une grande attention sur l’observation du physique des chevaux. Quotidiennement, il fallait faire le tour des chevaux afin d’observer leur poids, leurs jambes, leur poil… Pour moi, à cette époque, c’était “regarde, écoute, et tais-toi”. J’ai énormément appris sans spécialement m’en rendre compte. Je suis parti en meeting à Dubaï tout seul, et c’est à ce moment-là que j’ai réalisé à quel point j’avais appris au contact de Sir Mark Prescott. Une fois à notre compte, nous essayons de nous inspirer de ce que nous avons pu observer. Chez Richard Gibson, l’observation des chevaux était également capitale. Il est important de voir ses chevaux sans la selle, au repos, dans leur box, lorsqu’ils sont plus relâchés… Les petits détails ont beaucoup d’importance. Mais ce qui est certain, c’est que la qualité des chevaux gomme les petits défauts et les erreurs minimes qu’un entraîneur peut faire. »

Deux sites pour le moment

Depuis 2008, Christophe Ferland était installé sur le centre d’entraînement de La Teste. Il est revenu sur les raisons de son départ : « Nous étions bien à La Teste, j’entraînais les pensionnaires de la casaque Wertheimer & Frère en province, je n’avais pas d’intérêt à bouger. Mais cela a mûri dans ma tête et j’avais envie de travailler à Paris pour essayer d’être meilleur et que mes chevaux le soient aussi. Finalement, j’avais le sentiment d’être arrivé à la fin d’un chapitre mais, surtout, j’avais la volonté de relever de nouveaux défis. Actuellement, une quarantaine de chevaux sont à Chantilly, l’autre moitié est encore à La Teste. Ces derniers arriveront lorsque tout le côté administratif sera réglé à La Teste. Mes semaines entre La Teste et Chantilly s’organisent un peu au feeling. »

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