samedi 27 juillet 2024
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« Si mon histoire peut en inspirer d’autres… »

« Si mon histoire peut en inspirer d’autres… »

Tant de chemin parcouru depuis l’achat, en 2000, de Perry Island… Turfiste passionné, Serge Stempniak est ensuite devenu petit propriétaire. Petit, mais avec une casaque gagnante aussi bien à Longchamp, Auteuil et Vincennes, et de plus, depuis Ace Impact, classique. Le chef d’entreprise dans la construction immobilière pourrait, dimanche, soulever le trophée d’un monument : l’Arc de Triomphe.

Anne-Louise Échevin

ale@jourdegalop.com

Lorsque nous avions appelé Serge Stempniak à la fin du mois de janvier, il était sur la route, remontant de Cagnes-sur-Mer vers Douai, dans le Nord. Visiblement, nous avons le chic de le contacter durant ses trajets puisque, jeudi matin, il décroche puis nous dit : « Attendez, je me gare, je suis en voiture ! » Sur la route toujours, mais contexte différent. En janvier, Ace Impact (Cracksman) venait d’ouvrir son palmarès dans le Prix du Suquet (Inédits). Au 28 septembre, il n’est plus un poulain prometteur mais un 3ans classique, invaincu, favori du Qatar Prix de l’Arc de Triomphe (Gr1), admiré et craint par l’Europe des courses. « Vous aurais-je crus si on m’avait dit cela à l’époque ? Non. Mais je savais que j’avais un bon poulain. Jean-Claude Rouget est un homme de peu de mots mais il n’avait jamais caché beaucoup l’aimer. De là à imaginer qu’il serait de ce niveau-là, non, ce n’est pas possible. C’est assez exceptionnel ! Je vis un moment incroyable, j’ai débuté avec des chevaux à réclamer et, dimanche, mon poulain se présente en favori dans l’Arc. Si mon histoire peut inspirer d’autres personnes, d’autres petits propriétaires, j’en serai ravi. Ace Impact n’a pas été acheté 2 millions yearlings aux ventes. Il a coûté 75.000 €, ce qui est, certes, une somme, mais reste raisonnable quand on investit dans un yearling. »

Moins de pression qu’à Deauville

Flashback. Deauville, 15 août. La tension est palpable. Ace Impact, si impressionnant dans le Jockey Club, fait son retour en piste dans le Prix Guillaume d’Ornano (Gr2) sous les couleurs de ses nouveaux copropriétaires, Gousserie Racing. Jean-Claude Rouget est tendu, les propriétaires aussi, et au passage du poteau, on sent un vrai sentiment de délivrance, de soulagement. Aussi étrange que cela puisse paraître, tout le monde est beaucoup plus détendu avant l’Arc, un rendez-vous si important. « Nous sommes tous plutôt décontractés. Jean-Claude Rouget a bien fait son travail, son équipe aussi, le poulain est à 100 %. Pour sa rentrée à Deauville, il n’était qu’à 80 % mais il avait été si impressionnant à Chantilly… Cela aurait été dur d’être battu. De plus, la journée ne s’était pas très bien passée jusque-là pour les pensionnaires de Jean-Claude. Certains esprits critiques disent qu’il n’a pas gagné si facilement que cela à Deauville. Je ne suis pas d’accord, je trouve qu’il a gagné facilement. Le poulain est intelligent, il sait ce qu’il a à faire. Quand Cristian Demuro l’a déboîté, il a répondu présent, tout simplement. Le but n’était pas de gagner de la ligne droite, cela ne servait à rien. Dimanche, nous serons au départ en confiance, avec un poulain invaincu. Il n’a pas pris dur lors de chacune de ses sorties et il le fait tellement facilement que nous avons le droit de rêver. Évidemment, s’il venait à se retrouver loin à l’entrée de la ligne droite, comme ce qui est arrivé à Feed the Flame dans le Niel, il n’est pas certain qu’il puisse revenir comme dans le Jockey Club, même si sa capacité d’accélération est incroyable. Il y aura les anglais ainsi que la japonaise ou Continuous, des chevaux durs. Très honnêtement, s’il est battu, ce ne sera pas dramatique. Nous y croyons et notre seule angoisse est qu’il se fasse mal d’ici-là. Une fois en piste, ce ne sera plus entre nos mains. »

Rester calme

S’il faut trouver un point faible à Ace Impact, ce serait certainement son comportement d’avant-course. Prêt à en découdre, il peut se tendre. Avant le Jockey Club, impossible de lui mettre son bonnet rouge, il n’en voulait pas. Avant le Guillaume d’Ornano, il a refusé d’être sellé dans le box et est rentré tout seul sur la piste, avant les autres, au petit galop dans le rond. Le poulain a l’expérience du défilé, acquise dans le Jockey Club, et même s’il y aura du monde à Longchamp et un public enthousiaste, il y avait aussi un peu de foule massée autour du rond à Chantilly et, au moins proportionnellement, à Deauville le 15 août. « Il faudra tout faire pour qu’il soit le plus calme possible, qu’il conserve ainsi son influx. On le garde tranquille jusqu’à dimanche. Je fais confiance à Jean-Claude et son équipe, ainsi qu’à Cristian qui s’entend parfaitement avec lui. Ace Impact est, encore une fois, intelligent. Le matin, quand il voit arriver Cristian, il sait que c’est pour travailler et il se tend, il est prêt. »

L’alliance du nord et du sud

Ace Impact portait les couleurs Gousserie Racing à Deauville. Dimanche, il retrouvera celles de Serge Stempniak. Entre les copropriétaires, c’est l’alliance du nord de la France et de Marseille sous le signe d’une belle entente. « Le deal était qu’il coure l’Arc sous mes couleurs et Pauline [Chehboub, ndlr] a fait le nécessaire. J’apprécie beaucoup d’être associé avec Kamel et Pauline, cela se passe parfaitement, ils sont carrés, c’est un vrai plaisir. Pour l’anecdote, j’ai été contacté par Joyeux pour Le Veinard, au sujet de son traditionnel dessin humoristique. Il veut justement évoquer nos origines différentes un peu sous l’œil du football, avec Rome pour Cristian, l’OM pour Kamel et Pauline, et il voulait savoir qui je supportais puisque nous avons Lens et le Losc. Pour moi, ce sont les Sang et Or, donc Lens ! » Peut-être que le seul moyen de briser l’entente entre la famille Chehboub et Serge Stempniak serait donc de lancer un grand débat autour du foot et de quel club, entre l’OM et Lens, possède les supporters les plus passionnés. Oui, il y a débat !

L’Impact aux ventes

Jean-Claude Rouget a été très actif aux dernières ventes d’août Arqana et Serge Stempniak a été vu à plusieurs reprises à son côté. Le propriétaire a suivi sa philosophie, celle de réinvestir quand il en a l’occasion et Ace Impact, entre ses victoires et sa vente partielle, lui en a donné une. Il reste cependant dans son autre philosophie, celle de rester raisonnable : « J’ai acheté cinq yearlings. Parmi eux, il y a notamment le frère de Mondrial (Blue Point), qu’entraîne Jean-Claude Rouget, par Pinatubo. Mondrial avait d’ailleurs été battu le jour du Guillaume d’Ornano et il a regagné depuis, c’est un tout bon poulain. Je me suis aussi associé avec Gérard Augustin-Normand sur un yearling issu d’une mère allemande, Shivajia (Adlerflug). Nous verrons bien, il faut aussi une bonne étoile ! J’ai fonctionné de façon habituelle, en faisant ma liste avec les origines qui me plaisent le plus. Je l’ai donnée à Jean-Claude qui, ensuite, va voir les poulains et valide ceux qui lui plaisent le plus. Il faut être sélectif tout en investissant des prix raisonnables, nous nous fixons des limites. Ayant pas mal investi en août, je ne sais pas si ce sera de nouveau le cas en octobre. Je vais étudier le catalogue et nous verrons bien. Avec chaque poulain, c’est le début d’une nouvelle aventure. »

Et dimanche alors ?

Nous demandons à Serge Stempniak, turfiste avant d’être propriétaire, s’il a fait le papier de l’Arc : « Non (rires) ! D’ailleurs, je trouve que c’est difficile, il n’y a pas forcément beaucoup de lignes… » Sait-il où il se trouvera, dimanche, pendant l’Arc ? On sait que Jean-Claude Rouget, par exemple, aime bien rester dans le rond, face à l’écran géant par exemple. « Cela non plus, je ne le sais pas. Nous avons regardé le Jockey Club à des endroits différents avec Jean-Claude, j’étais avec ma famille. Peut-être que nous serons avec Kamel et Pauline, peut-être qu’il y aura trois groupes différents. J’arrive à Paris samedi et, dimanche, nous verrons bien comment cela se passe. »

Ace Impact s’attaque à son plus grand défi, et s’il venait à gagner, il marcherait dans les traces de Zarkava (K) ou Trêve, les dernières à avoir remporté l’Arc en invaincu. Au bout des 2.400m, le Graal. Les supporters du RC Lens ont leur chant : « On est là, dans le malheur ou la gloire, nous on est là. » Dimanche, chantons pour la gloire.

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