jeudi 16 mai 2024
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Jean-Michel Lefebvre : « J’ai donné 50 années de ma vie aux chevaux et je n’ai pas envie de rompre le lien… »

Jean-Michel Lefebvre : « J’ai donné 50 années de ma vie aux chevaux et je n’ai pas envie de rompre le lien… »

Jockey puis entraîneur, Jean-Michel Lefebvre a décidé de prendre sa retraite au début de l’année 2023. Une retraite, certes, mais non loin des pistes d’entraînement et des hippodromes…

« Je suis à la retraite mais je manage l’effectif de l’écurie Mélanie – Gérardus Cornelis Beemsterboer – qui se trouve dans l’Ouest et à Marseille [chez Bruno Audouin, Mathieu Brasme et Richard Chotard, ndlr]. Je collabore avec cette casaque depuis 2013. Désormais, c’est une question d’amitié… J’ai donné cinquante années de ma vie aux chevaux et je n’ai pas envie de rompre les liens. C’est une vraie passion. Mais, vu le contexte actuel et la difficulté du métier, j’ai décidé d’arrêter d’entraîner. J’ai maintenant le temps de profiter de mes autres centres d’intérêt. J’ai vendu mon écurie qui se situe à Mézeray, un petit village de la Sarthe. Avant que je m’installe, elle appartenait à Jean Dasque. Sur 34 hectares, le site est exceptionnel et le sable naturel. Ce sont vraiment ces caractéristiques qui m’avaient plu lors de l’achat. J’avais pensé à m’installer sur un centre d’entraînement public, mais être seul a ses avantages. Un “trotteur” a racheté les lieux. Mon épouse et moi avons investi dans une maison à La Flèche, non loin de Mézeray. Dans la Sarthe, nous nous sentons vraiment bien. Je n’ai pas complètement coupé les ponts avec le rythme de vie d’un entraîneur : je continue de me lever aussi tôt, je me rends à l’entraînement chez Mathieu Brasme et Bruno Audouin. »

Dix-sept années en tant que jockey…

« Cela remonte à loin ! Un jour, en face de la fenêtre de ma chambre, un cercle hippique a ouvert. Âgé de 11 ans, je m’y suis rendu et lorsque j’ai découvert les chevaux, je ne les ai jamais plus quittés. J’ai connu les courses hippiques grâce à une émission qui passait à la télé. Elle présentait le travail des apprentis dans les écuries de courses. Je suis directement allé voir mon père pour lui dire que c’était le métier que je souhaitais faire. Il m’avait donné une condition : travailler à l’école. L’année suivante, j’étais premier de la classe ! En 1973, je suis rentré apprenti jockey à Maisons-Laffitte. Ensuite, j’ai travaillé pour Charles Riou, un entraîneur particulier. Lorsque son propriétaire est décédé, je suis parti à Chantilly où j’ai rejoint Bernard Secly. Ma carrière de jockey a débuté chez ce dernier pour qui j’ai eu de nombreux gagnants lorsque j’étais apprenti. Une fois la décharge perdue, il ne pouvait plus me garder. Je suis donc parti chez Robert, puis Gérard Collet. J’ai monté ma première course en 1976, en obstacle fin 1977, et j’ai arrêté en 1990. Grâce au métier de jockey, j’ai pu aller en Belgique, en Italie et aux États-Unis à deux reprises. Certains chevaux m’ont marqué : j’étais le jockey de Cyborg (Arctic Tern), avec qui j’ai pu gagner de nombreux Groupes, même si, à l’époque, il n’y avait pas ces appellations, et j’ai également été associé au très bon sauteur Salute (Luthier). »

…Vingt-six en tant qu’entraîneur

« Lorsque j’ai mis un terme à ma carrière de jockey, suite à de nombreuses blessures, je suis rentré comme premier garçon chez Stuart Cargeeg. Puis, je me suis installé comme entraîneur en 1991. Et cela a duré jusqu’en 2000. Ensuite, je suis devenu assistant entraîneur chez Jean-Paul Gallorini, puis chez Henri-Alex Pantall pendant quatre ans, avant que Jean-Claude Laisis me demande de prendre ma licence particulière. Pendant quatre ans, j’ai été son entraîneur privé, puis il m’a sollicité afin que je reprenne ma licence publique. J’ai pu exercer à nouveau de 2010 à 2023. J’ai entraîné des chevaux d’obstacle, j’ai même remporté la Grande Course de Haies de Rome (Gr1) avec Or ou Argent (Mansonnien). En plat, j’ai été plusieurs fois à l’arrivée de Groupes et j’ai remporté des Listeds. Je n’ai jamais eu un très gros effectif, j’ai toujours souhaité rester proche de mes chevaux. Le métier d’entraîneur permet de vivre des moments de bonheur et de joie mais également des périodes de désillusion. Je ne retiens que les bons moments, les mauvais s’effacent assez vite de ma tête… J’ai vraiment aimé ma carrière de jockey et celle d’entraîneur malgré les hauts et les bas. Mais une chose est sûre, j’ai toujours tout fait avec passion. J’ai apprécié ma vie de jockey et d’entraîneur. Si tout était à refaire, je recommencerais sans hésitation. J’ai pu rencontrer de belles personnes, à l’image de Gérardus Cornelis Beemsterboer, dont nos liens sont très forts.

Touz Price, My Old Husband, Green Byron, Greyway, Royal Dolois…

« Plusieurs chevaux ont marqué ma carrière d’entraîneur. On peut retenir Green Byron (Green Tune) qui a remporté le Prix de l’Avre (L), Greyway (Myboycharlie), un pensionnaire de l’écurie Mélanie qui a terminé quatrième du Prix Thomas Bryon (Gr3). Ce dernier est resté longtemps à l’écurie, c’était un bon cheval sans être un crack, mais il m’a marqué. Il y a également eu Royal Dolois (Silver Frost). Son propriétaire, Michel Ghys, l’avait acheté à réclamer pour faire plaisir à sa femme car il était gris, une robe qu’elle appréciait beaucoup. Il était tout petit et n’avait pas trop de physique. Au départ, nous l’avons ménagé puis il a remporté le Grand Prix du Nord, le Prix Fabuleux et le Grand Prix du Lion-d’Angers (Ls). Il est parti à la retraite en ayant remporté 500.000 € de gains. À l’image de Royal Dolois, My Old Husband (Gentlewave) m’a offert trois succès black types : le Grand Prix d’Avenches, le Grand Prix de Lyon et le Prix Badel (Ls). Enfin, Touz Price (Priolo) est l’un des chevaux à avoir marqué ma carrière grâce à sa troisième place dans le Prix Noailles (Gr2). » 

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