samedi 27 juillet 2024

Miho

Il est 6 h 50 passés. Les portes pour accéder aux pistes de l’anneau sud sont ouvertes. C’est la ruée vers l’or ! Des centaines de chevaux défilent, se pressent les uns contre les autres pour rejoindre le tunnel menant aux pistes. D’autres lots arrivent des écuries à ce moment-là, rejoignant ceux qui attendaient. C’est impressionnant et, d’instinct, on se dit que l’on va retrouver sur les pistes une sorte de chaos que l’on peut voir sur les centres américains, où tout le monde se croise sur la piste. Pas du tout.

Une grande variété de pistes

L’anneau sur lequel nous nous trouvions, celui du sud du centre, est le plus grand des deux. Quand on prend de la hauteur, le site est impressionnant et, après la cohue devant les portes, il paraît assez vide. Il faut comprendre qu’il est composé de cinq pistes circulaires, auxquelles il faut ajouter une piste montante en copeaux de bois – 1.200m au total, 18m de dénivelé. Sur l’anneau en lui-même, on trouve, de l’extérieur vers l’intérieur : une piste en dirt (2.000m, largeur 30m), une piste en gazon et une polytrack de 1.800m, une piste de copeaux de bois (1.600m) et, enfin, une autre piste en dirt (1.370m). Au centre, des ronds de marche et de galop de chasse. Oui, il y a du passage lors du premier lot mais le complexe est tellement vaste que tout ce petit monde ne se marche pas non plus sur les pieds.

Tous les chevaux sont identifiés par un numéro, porté sur leur tapis de selle. Dans le cas d’un cheval comme Equinox (Kitasan Black) – numéro 51 –, il possède aussi un tapis avec son nom inscrit dessus. Mais il n’a pas droit à un traitement spécial : à Miho, il est un cheval comme un autre qui suit les mêmes règles que les autres. Au Japon, les entraînements sont chronométrés et, dans les deux tribunes – avec espaces pour les entraîneurs, les officiels et salles de presse – permettant de les repérer, les chronos fractionnés sont affichés, tandis que des télévisions permettent de suivre l’action un peu partout sur le centre. En dehors de l’entraînement pur et dur, on trouve un espace avec des stalles de départ. Il a deux utilités : former les chevaux aux boîtes, bien sûr, mais aussi les tests de stalles. Un cheval, pour avoir le droit de courir, doit passer devant les yeux des officiels de la J.R.A. pour valider son gate test. Faites le calcul si vous regardez une course au Japon : en général, les dix-huit partants sont rentrés en une vingtaine de secondes et, du côté des inédits qui ont le droit d’être un peu perdus et moins disciplinés, nous avons chronométré une entrée dans les stalles de moins d’une minute.

Les chevaux vont sur la piste pour faire leurs galops. Ils ne traînent pas sur place et, en restant au niveau de l’entrée/sortie, on voit passer un certain nombre d’éléments encore bien enthousiastes ! On les comprend. La détente aura lieu de retour aux écuries. Le complexe dispose de pistes de marche tout autour des bâtiments, où les chevaux peuvent se détendre tranquillement avant de rejoindre leurs boxes.

Autour des pistes, des installations grandioses

Les centres d’entraînement de la J.R.A. possèdent chacun leur clinique vétérinaire. On y prodigue les soins aux chevaux mais on y fait aussi de la recherche, certains chevaux peuvent être monitorés pour mieux comprendre et analyser le système cardio-respiratoire par exemple. Le centre dispose aussi de son supermarché, bien utile puisque plus de 5.000 personnes y sont logées. Miho, c’est une ville : de chevaux, mais aussi d’hommes.

La J.R.A. nous a aussi permis de voir la piscine. Pas pour les humains, mais pour les équidés ! Le complexe dispose d’une piscine en ligne droite et d’une circulaire, ainsi que d’une “vide” pour habituer les chevaux à ce drôle d’environnement. En moyenne, il est estimé que 43 chevaux par jour profitent de ces installations, avec des pointes possibles à plus de cent. On trouve aussi un tapis roulant immergé et les chevaux peuvent profiter d’une sorte de spa puisque cet outil propose son option jacuzzi.

Une usine ?

D’un œil européen, lorsqu’on est habitué à l’environnement calme et verdoyant de Chantilly par exemple, Miho a un aspect “usine à entraînement”. Le centre dispose d’une piste de promenade, entourée par la végétation et composée de dix centimètres d’écorce de cèdre japonais. On y marche, on s’y détend. Quelques petits carrés d’herbe entourent certaines écuries, mais c’est peu. Il faut cependant comprendre que l’entraînement japonais ne fonctionne pas comme en France.

La J.R.A. compte 196 entraîneurs licenciés, répartis de façon équitable entre Miho et Ritto. Miho, comme nous l’avons indiqué, possède 139 écuries. De façon générale, chaque entraîneur a 25 boxes à disposition dans son écurie attribuée mais ceux ayant de bons résultats ont le droit à des boxes supplémentaires, qu’ils partagent entre eux. Cela ne veut pas dire qu’un entraîneur ne peut entraîner que 25 chevaux par an ! Le manque de place a obligé tout le monde à s’adapter et les équidés présents sur le site sont prêts à courir, avec une course dans les deux ou trois semaines. Prenons un exemple : votre cheval doit courir le Tenno Sho – Automne fin octobre et, ensuite, l’Arima Kinen fin décembre. Après le Tenno Sho, il ne reviendra pas à Miho mais partira dans les centres dits de pré-entraînement, où il pourra avoir un entraînement plus allégé tout en étant préparé par les équipes sur place – souvent gérés par les grands propriétaires et éleveurs. Il reviendra à Miho pour la fin du mois de novembre ou le début du mois de décembre, afin de peaufiner sa préparation en vue de son futur objectif.

Le centre d’entraînement de Miho est une machine bien rodée et qui continue de se développer. Ainsi, un nouveau complexe d’écurie est en cours de construction, dans l’idée de proposer un système plus à l’européenne, avec des cours plus grandes notamment.

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