lundi 29 avril 2024
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Les souches de Georges Vuillard brillent toujours

Les souches de Georges Vuillard brillent toujours

Par Christopher Galmiche

cg@jourdegalop.com

Grand propriétaire-éleveur en obstacle, Georges Vuillard a été précurseur dans son domaine et, plus de quinze ans après sa disparition, son travail à l’élevage paye encore, comme en témoignent les succès de Kind Lovely, favorite du prochain Antoine de Palaminy. Attirés par les souches de ce dernier, Nicolas de Lageneste et Paul Couderc nous ont expliqué ce qui fait la force de ces lignées.

La casaque noire et rouge de Georges et Jacqueline Vuillard a marqué les passionnés d’obstacle et en particulier les aficionados du meeting de Pau où le couple a fait feu de tout bois avec Jacques Ortet. Avec les “Line” pour les femelles et les “Jack” pour les mâles, le couple a connu une grande réussite en accrochant trois podiums chez les éleveurs et un chez les propriétaires. « Nous ne serions pas propriétaires si nous n’étions pas éleveurs », avait expliqué Georges Vuillard à Paris Turf. L’avocat lyonnais ne dissociait pas le propriétariat de l’élevage. En moins de trente ans, il a développé des souches parmi les meilleures de France et sa casaque a brillé avec la lauréate du Grand Steeple-Chase de Paris (Gr1) Line Marine (Agent Bleu) et le millionnaire Or Jack (Noir et Or), le futur lauréat du Grand National (Gr3). Neptune Collonges (Dom Alco), élève des frères Delorme, avait aussi défendu sa casaque, avant sa vente à John Hales pour lequel il a remporté le Grand National (Gr3). Côté élevage, il a sorti un autre vainqueur de Grand Steeple avec Sleeping Jack (Sleeping Car). Et bien sûr, il y a eu nombre de grandes victoires paloises avec Or Jack, Royal Tir (Royal Charter), Line Lawyer (Sky Lawyer), Miss Noir et Or (Noir et Or) et Line Girl (Olmeto). Ces trois dernières étaient de fameuses juments de cross et les deux dernières figurent dans les pedigrees de très bons sauteurs. Disparu en 2007, Georges Vuillard a laissé une trace énorme dans le monde de l’obstacle et ses souches brillent encore ! Grandeur Nature (Lord du Sud), Kilomètre Illimité (No Risk at All), Ine Anjou (Balko) ou encore Kind Lovely (K) (Authorized) font partie des chevaux de classe qui continuent de mettre en avant le travail de Georges Vuillard et de ceux qui ont pris son relais.

De vraies souches d’obstacle

Miss Noir et Or a donné le gagnant de Grand Steeple Sleeping Jack, Dollar Jack (Sleeping Car) et Chercheur d’Or (Robin des Champs), avant de rejoindre le haras de Saint-Voir où elle est devenue la grand-mère du lauréat du Prix La Haye Jousselin (Gr1) Grandeur Nature (Lord du Sud), du gagnant du Prix Montgomery (Gr3) C’est le Bouquet (Coastal Path) et du vainqueur du Prix Roger de Minvielle (L) Kilomètre Illimité (No Risk at All). Nicolas de Lageneste avait acquis Miss Noir et Or en provenance de l’élevage Vuillard, mais elle n’a pas été la seule à rejoindre Saint-Voir… « J’ai acheté Miss Noir et Or, Line Saj, Gazelle de Mai, la future mère de Vautour et Line Girl. Certaines juments avaient été rachetées, faute d’enchères, lors de la vente de dispersion “Vuillard”, et je les ai acquises à l’amiable. C’était le cas de Miss Noir et Or et Line Girl. Je m’étais associé avec Maurice Goin pour la première et avec Dominique Clayeux pour la seconde. Quant à Gazelle de Mai, nous l’avions achetée avec Patrick Joubert. Elle était pleine et elle a pouliné huit jours après d’un mâle de Martaline. Gazelle de Mai était mauvaise laitière et elle nous a donné Vautour l’année suivante. Nous l’avions élevée avec une nourrice, une jument trotteuse. Gazelle de Mai était très bonne. Elle avait gagné vingt courses pour Guillaume Macaire et la casaque de son éleveur, Adrien Michon. Georges Vuillard avait créé un élevage pour l’obstacle et il a été l’un des premiers à faire cela. Il était précurseur car il considérait qu’il y avait un débouché pour l’obstacle à condition de se spécialiser sur la discipline, dans les croisements et le mode d’élevage. Il avait des juments et des courants de sang typés “obstacle” alors qu’à l’époque, on disait qu’il fallait ramener de la vitesse. Il a été à l’initiative de la première vente de chevaux d’obstacle à Lyon en 1986. C’était la première vacation spécialisée. Georges Vuillard faisait aussi du pré-entraînement chez lui, assez tôt et cela produisait des chevaux durs. Quelles sont les raisons qui m’ont incité à acheter des juments provenant de l’élevage Vuillard ? Le fait que ce soit des lignées “obstacle”. C’étaient toutes de bonnes juments de course également. Il y avait le sang de Dom Pasquini, Carmarthen, Dhaudevi… Des courants de sang “obstacle”, qui n’avait pas été croisés avec des lignées de plat ou des chevaux qui sont trop sur les épaules. Ce sont de bonnes bases. À l’époque, on disait souvent que les juments d’obstacle n’avait pas assez de vitesse. Je n’étais pas d’accord avec cela. Aujourd’hui, tout le monde y est revenu et les aptitudes développées pour l’obstacle sont toujours là. Comme dit Guillaume Macaire : “Il vaut mieux labourer un champ avec un tracteur qu’avec une Ferrari !” (rires) »

Le début du tandem “Couderc-Joubert” avec une jument “Vuillard”

Invaincue en trois sorties en steeple, Kind Lovely (K) (Authorized) est la favorite provisoire du Prix Antoine de Palaminy (L) qui aura lieu le 18 février à Pau. C’est une fille de la championne Net Lovely (Network), une élève de Patrick Joubert et de Paul Couderc. Ce dernier nous a expliqué : « Lorsque j’allais dans les années 90 à Pau, c’était la grande époque Vuillard. Les chevaux étaient à l’entraînement chez Jacques Ortet et ils étaient montés par Christophe Pieux. J’aimais bien le couple Vuillard car c’étaient des gens passionnés. Et les souches Vuillard donnent des chevaux assez sains, durs, mais qu’il faut plutôt courir à l’automne de leurs 3ans ou plus tard. Lors d’une vente aux enchères à Saint-Cloud, j’avais repéré une jument qui s’appelait Line Lovely. Elle me plaisait, d’autant qu’elle provenait d’une bonne ascendance “mâle” avec Mansonnien et Olmeto. J’avais coché plusieurs femelles de la famille Vuillard au cours de cette vacation. La vente a eu lieu et je n’avais pas pu me rendre sur place. Je n’ai plus entendu parler des chevaux vendus. Puis, un jour, aux courses à Moulins, quelqu’un vient me taper sur l’épaule. C’était Patrick Joubert, que j’avais connu aux concours de modèles et allures à Cercy. Il travaillait avec François Louit, entraîneur à Mont-de-Marsan, avec qui je collaborais également. Grâce à lui, j’ai fait la connaissance de Patrick Joubert. À Moulins, ce dernier m’a proposé la moitié d’une jument qu’il avait acquise avec Emmanuel Clayeux aux ventes de dispersion de l’élevage Vuillard. Il m’a montré la page de catalogue… C’était extraordinaire puisque c’était Line Lovely ! Patrick Joubert l’avait achetée avec Emmanuel Clayeux. Elle avait eu un petit souci et en trente secondes, j’en ai acheté la moitié, sans avoir vu la jument. C’est comme ça que nous avons commencé à élever avec Patrick Joubert et que j’ai connu Emmanuel Clayeux ! » En plus de Net Lovely et de sa descendance, Line Lovely a aussi donné le bon cheval de cross Lucky Net Love (Network), Lovely Kiss (Epalo), troisième de Listed en steeple, et Lovely As (Assessor), génitrice du vainqueur du Grand Steeple-Chase de Bordeaux (L), ou Genesis As (Cokoriko).

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