Six questions pour l’élevage en 2024
Par Adrien Cugnasse
En 2023, la vie des éleveurs a été tout sauf un long fleuve tranquille. Et chacun aborde 2024 avec un état d’esprit différent, en fonction de ce que le destin lui a réservé l’année dernière. En ce début de mois de janvier, l’actualité est très calme et malgré de nombreux croisements à finaliser, elle laisse à ceux qui s’intéressent à l’élevage le temps de se projeter vers l’avenir. Ce qui est ensuite bien plus difficile, lorsque la saison est lancée. Le rêve de « sortir » un bon cheval est le moteur de cette activité ô combien difficile. Mais c’est une passion qu’on est contraint de vivre avec son lot de stress et de difficultés. Que ce soit à l’échelle d’un élevage, de la France ou de la filière internationale, la réalité est toujours contrastée, avec un enchevêtrement de bonnes nouvelles et d’autres de mauvais augure, dans lesquelles nous essayons tous de lire comme dans le marc de café. Chacun se pose beaucoup de questions, sur l’état du marché, sur les courants de sang qui vont dominer demain, sur la viabilité économique de l’élevage commercial… Au fil des pages suivantes, retrouvez nos six grandes questions pour l’élevage en 2024.
Justify, le nouvel étalon-or ?
Coolmore n’a pas fait que des paris gagnants dans ses tentatives de diversification de courants de sang… mais c’est le lot commun de tous ceux qui se lancent dans cet exercice difficile. Reste que le pari sur Scat Daddy (Johannesburg) s’est en revanche révélé un coup de maître. No Nay Never (Scat Daddy) est une réussite et Sioux Nation (Scat Daddy) vient de passer de 17.500 € à 27.500 € grâce aux bons résultats de ses premières générations en piste. Avec 13,9 % de black types par partant, Ten Sovereigns (No Nay Never) est le meilleur first crop sire en Europe l’année dernière (selon ce critère).
Mais la division américaine de Coolmore a un monstre entre les mains en la personne de Justify (Scat Daddy). En 2023, il avait une génération de 2ans et une de 3ans en piste. Avec 16 % de black types par partant, son taux de réussite est enviable. Mais ce qui interpelle, c’est le fait d’avoir réussi à sortir six gagnants de Gr1. Au même stade de sa carrière, Frankel (Galileo) en avait deux. C’est dire si cette réussite dans la production de chevaux d’élite est impressionnante, même si, bien sûr, le fait de pouvoir jouer sur les deux tableaux (dirt et turf) est un avantage indéniable pour aligner les gagnants de Gr1.
Les Justify sont capables d’aller sur le dirt, comme Arabian Lion (Woody Stephens Stakes, Gr1) ou encore Just F Y I (Breeders’ Cup Juvenile Fillies, Gr1). Mais il fait aussi des 3ans qui tiennent comme Aspen Grove (Belmont Oaks Invitational Stakes, Gr1). Sans oublier trois gagnants de Gr1 à 2ans sur le gazon avec City of Troy (Dewhurst Stakes, Gr1), Hard to Justify (Breeders’ Cup Juvenile Fillies Turf, Gr1) et Opera Singer (Prix Marcel Boussac, Gr1). City of Troy est annoncé par Aidan O’Brien comme un cheval pour la Triple couronne cette année et il faut avouer qu’il a été tout à fait impressionnant à 2ans en 2023. Justify a été annoncé à 200.000 $ la saillie au mois d’octobre par Coolmore. Mais face à la demande, il est rapidement passé …