lundi 6 mai 2024
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Le retour en grâce des hongres

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Le retour en grâce des hongres

Huit courses préparatoires pour les 3ans, labellisées Groupe, se sont disputées en France, en Angleterre et en Irlande. De par leur statut de hongre, trois vainqueurs de ces épreuves ne pourront s’aligner au départ d’un classique. Leurs entourages se voient donc contraints de choisir une autre route…

Franco Raimondi

fr@jourdegalop.com

Les préparatoires qui ont lieu en France sont les Prix La Force, Djebel, Noailles et de Fontainebleau (Grs3). En Angleterre, les 3ans ont évolué dans les Craven Stakes et les Greenham Stakes (Grs3) alors qu’en Irlande se sont disputées les 2.000 Guineas Trial et les Ballysax (Grs3). Les trois vainqueurs privés d’attributs sont, par ordre chronologique, Lazzat (Territories), qui est devenu le premier hongre lauréat du Prix Djebel (Gr3), Calandagan (Gleneagles), qui s’est imposé dans le Prix Noailles (Gr3), et Esquire (Harry Angel), capable d’imiter – un demi-siècle plus tard – Boldboy (Bold Lad) dans les Greenham Stakes (Gr3). Ce n’est pas la première fois que les hongres remportent trois des huit trials. Cela est déjà arrivé en 2014 lorsque le Prix Noailles était ouvert pour la première fois à cette catégorie de chevaux. Cette année-là, Gailo Chop (Deportivo) avait réalisé la passe de deux, deux semaines après avoir fait sien le Prix La Force, alors que Goal for Gold (Verglas) s’était adjugé les 2.000 Guineas Trial de Leopardstown, encore Listed à l’époque, avant de partir pour Hongkong. Les préparatoires qui n’ont encore jamais été remportés par un hongre sont au nombre de trois. Les Ballysax Stakes ont vu plusieurs femelles s’imposer, la dernière fut Banimpire (Holy Roman Emperor) en 2011. Il faut remonter à 1918 pour trouver une gagnante des Craven, Benevente (Polymelus), qui avait également devancé les mâles à 2ans dans les Middle Park (Gr1). Le Prix de Fontainebleau, quant à lui, a été ouvert en 2020 aux hongres mais ils sont peu nombreux à y avoir tenté leur chance.

Candidats classiques et castrés

Le monde a évolué et nous retrouvons aujourd’hui des vainqueurs de préparatoires castrés après les classiques. C’est le cas de Master of the Seas (Dubawi), deuxième des 2.000 Guinées (Gr1) après son succès dans l’édition 2021 des Craven Stakes. C’est à la fin de sa campagne de 3ans que l’opération a eu lieu. C’est en tant que hongre que Master of the Seas a gagné trois Grs1 ! Wootton (Wootton Bassett) était entier lorsqu’il a remporté le Prix de Fontainebleau en 2018. Il s’est ensuite classé quatrième de la Poule d’Essai des Poulains. C’est après son passage des boxes d’Henri-Alex Pantall à ceux de Charlie Appleby et suite au Carnival de Meydan qu’il a été castré… sans beaucoup de réussite.

Facteur Cheval et les autres

Les hongres sont de plus en plus nombreux. Notamment parmi les bons chevaux. Sur 105 sujets entraînés en France affichant au minimum 45 de valeur et ayant couru cette année, nous en dénombrons 34. En revanche, si l’on ne prend en compte que les chevaux d’âge, ils sont plus de la moitié (29 sur 57). Les hongres représentent même plus de la moitié de ceux qui affichent un rating de 50 ou plus : 9 sur 17 ! Facteur Cheval (K)(Ribchester) est le seul hongre européen figurant dans le classement international avec un rating de 120. Autre indicateur de cette tendance de la multiplication des hongres, le ratio entre les chevaux en 45 et plus de valeur et de sexe mâle au moment de leur naissance (81) et ceux passés par la castration (34) : nous sommes à près de 42 %.

Angleterre et Irlande : quatre Groupes sur cinq

Le score des hongres dans les Groupes pour les 4ans disputés en Angleterre comme en Irlande est époustouflant. Un seul entier s’est en effet imposé. Il s’agit de White Birch (Ulysses). A contrario, les hongres ont remporté quatre des cinq Groupes. Il s’agit de Military Order (Frankel), Ottoman Fleet (Sea the Stars), Washington Heights (Washington DC) et Hamish (Motivator). Vendredi prochain, Sandown proposera une réunion riche de trois Groupes. Dans le Classic Trial (Gr3), les sept concurrents au départ sont des poulains, alors que dans les Gordon Richards (Gr3), nous assisterons aux premiers pas – dans la peau d’un hongre – de deux 4ans gagnants de Groupes et d’un ancien candidat classique. À savoir Desert Hero (Sea the Stars), qui s’est également classé troisième du St Leger (Gr1), Flying Honours (Sea the Stars) qui, après avoir gagné les Zetland (Gr3) à 2ans avait entamé le chemin classique avant de connaître des problèmes dans les Dante Stakes (Gr2). Quant au troisième, Artistic Star (Galileo), s’il n’a pas remporté de Groupe, il a couru le Derby d’Epsom avant d’être castré en septembre. Dans les Sandown Mile (Gr2), les hongres représentent trois des sept partants. Et ils sont tous gagnants de Groupe : le vénérable Lord North (Dubawi), Poker Face (Fastnet Rock) et Witch Hunter (Siyouni).

L’exemple Godolphin

Sur le site de Godolphin, 82 sujets de 3ans et plus, dont 38 hongres, sont enregistrés à l’entraînement. Parmi eux, 18 ont gagné au niveau Groupe et la moitié ont décroché leur titre après avoir été castrés. Y compris les quatre qui ont débuté comme hongres, à l’image du lauréat de la Breeders’ Cup Turf (Gr1) et du Sheema Classic (Gr1), Rebel’s Romance (Dubawi). Six ont gagné leur Groupe lorsqu’ils étaient entiers et trois ont brillé avant comme après la castration. Dans cette liste de chevaux privés d’attributs, on retrouve 15 sujets de 3ans (neuf par Dubawi) dont quatre ont affiché un prix à sept chiffres lors de leur passage aux ventes.

Un – ancien – tabou et la réalité du marché

La multiplication des hongres d’un très bon niveau tient en plusieurs explications. Il y a encore une trentaine d’années, la castration était pour ainsi dire considérée comme tabou. Au point que les hongres de talent étaient peu nombreux. La prolifération des courses richement dotées à travers le monde (ouvertes aux hongres) a également changé l’approche des grandes maisons. Le marché a aussi boosté cette tendance puisqu’il est de plus en plus difficile de trouver des places pour des étalons en devenir. Il faut désormais répondre aux trois exigences du marché : présenter un super pedigree, bénéficier d’un fort soutien commercial, le tout après avoir obtenu des titres en piste. La vie est devenue difficile pour le “petit” étalon alors qu’un bon cheval de course, même sans ses attributs, peut rapporter bien plus…

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