0,00 EUR

Votre panier est vide.

0,00 EUR

Votre panier est vide.

vendredi 20 juin 2025
AccueilCoursesCLÉMENT LEFEBVRE, LA CONSTANCE RÉCOMPENSÉE

CLÉMENT LEFEBVRE, LA CONSTANCE RÉCOMPENSÉE

CLÉMENT LEFEBVRE, LA CONSTANCE RÉCOMPENSÉE

Après quatre Cravaches d’Argent, Clément Lefebvre est enfin parvenu à décrocher l’or en 2024. Mardi soir, alors qu’il était sur la route entre Cagnes et Pau, il a répondu à nos questions. Comme toujours… avec franchise et précision.

Par Christopher Galmiche

cg@jourdegalop.com

Jour de Galop – Après quatre Cravaches d’Argent, preuve d’une continuité au plus haut niveau, vous avez remporté une première Cravache d’Or plus que méritée en 2024. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?

Clément Lefebvre – C’est un rêve de gosse d’avoir gagné la Cravache d’Or. Lorsque l’on veut devenir jockey, on observe les grands noms et on veut faire comme eux. C’est vrai que mes quatre Cravaches d’Argent étaient déjà magnifiques. Une preuve de continuité. Après ces quatre trophées en argent, l’or est rapidement devenu un objectif. Ce qui a rendu ce trophée encore plus beau tient au fait que je suis revenu au plus haut niveau après une année 2023 très dure. C’était génial ! La concrétisation d’un rêve, un aboutissement aussi… C’est également la récompense de tout un travail.

Cette année, les deux Cravaches d’Or proviennent des courses de poneys : Maxime Guyon et vous. Qu’apprend-on dans ces compétitions ?

Énormément de choses ! J’ai beaucoup appris : la compétition, le peloton, « pousser » et changer la cravache de main. Plus jeune, j’étais un obsédé du cheval mécanique. Je passais dessus mes soirées après l’école. Les courses de poneys apportent beaucoup sur la façon de se positionner dans les parcours, les trajectoires… C’est de plus en plus cadré. À notre époque, pour Maxime comme pour moi, c’était déjà très bien, et nous avons énormément appris mais cela a encore évolué dans le bon sens. Nous voyons qu’à chaque génération, des jockeys débarquent après être passés par les courses de poneys. Je trouve que c’est une très belle école. Les parcours de haies, de cross, et de plat sont quand même assez techniques. Lorsque vous avez participé aux courses de poneys, vous arrivez en avance sur un collègue qui n’en a pas fait…

Quels sont vos objectifs pour 2025 ?

Faire aussi bien qu’en 2024, à savoir gagner le Grand Steeple et la Cravache d’Or, serait bien entendu magnifique. Mais je veux avant tout réaliser une belle saison, être dans la continuité, gagner de belles courses, et faire parler de moi en région parisienne. Je souhaite principalement rester dans le top 3, conserver la Cravache d’Or si c’est possible, tout en continuant à monter de bons chevaux et à gagner de belles épreuves.

En termes de chevaux pour 2025, quels sont ceux que vous attendez le plus ?

Pour Paris, bien évidemment, il y aura Gran Diose (Planteur). Ensuite, il y a beaucoup de bons jeunes, notamment une pouliche que nous aimons beaucoup pour monsieur Hinderze, Miss Wood (Chœur du Nord) qui a gagné à Compiègne avant de finir troisième à Auteuil. Elle devrait faire une très belle année de 4ans. Chez Donatien Sourdeau de Beauregard, il y a plusieurs jeunes chevaux très « sympas ». Lumino Bello (Goliath du Berlais) devrait réaliser une belle saison dans les gros handicaps et même en steeple. J’avais beaucoup aimé aussi Zarakhan (Zarak) à Compiègne.

Courir à l’étranger est quelque chose qui pourrait être possible, qui vous attire, d’autant que de plus en plus d’entraîneurs français vont courir en Angleterre ?

Cela me ferait bien sûr plaisir de monter là-bas, je ne peux pas prétendre le contraire. Ce serait un rêve mais je n’en fais pas une obsession. J’ai failli avoir la chance de monter là-bas, mais les chevaux n’ont pas couru finalement. Peut-être que j’aurai la chance d’y monter un jour mais je n’en fais pas un objectif dans l’immédiat.

Malgré un effectif limité en tant qu’entraîneur, vous avez de bons résultats, tout en menant en parallèle votre activité de jockey. Est-ce que vous allez mettre cette casquette d’entraîneur de côté ?

Je vais essayer de continuer comme je fais depuis deux ans. Cela fait deux ans que je m’occupe de l’entraînement tout seul, après avoir eu un employé. Nous avons déménagé à côté de Durtal et je gère deux ou trois chevaux au maximum. J’arrive à concilier les deux. J’ai la chance d’être bien épaulé par ma femme qui m’aide à faire les écuries lorsque je suis aux courses. Mon père m’aide beaucoup également, notamment aux courses. J’ai également de nombreux amis très proches qui me donnent régulièrement un coup de main. Je suis très bien entouré. Je fais certes ce métier d’entraîneur à petite échelle mais les résultats sont plutôt bons. J’ai des chevaux pour mon père, mon beau-frère ou des amis très proches. Le but est d’avoir deux, trois chevaux, et de prendre du plaisir ! Mais je reste bien sûr concentré « à fond » sur mon métier de jockey.

En 2023, alors que vous étiez devenu free-lance, vous avez subi une lourde chute à Fontainebleau en février avec plusieurs fractures à la jambe, à la cheville, et au pied. Comment avez-vous surmonté cette période ?

Les premiers bilans suite à ma chute n’étaient pas très bons. Ils m’ont même fait un peu peur au début. Nous avons attendu trois jours afin de voir ce que la première opération donnait. Celle-ci a été pleinement réussie et ensuite, nous sommes allés de l’avant. Mais, à chaud, je ne faisais pas le malin… J’ai vraiment eu peur, mais finalement, j’ai eu six mois d’arrêt alors que les médecins pensaient que ma convalescence allait être plus longue. À partir du moment où j’ai su que j’allais pouvoir remonter, j’ai mieux vécu mon arrêt. J’ai profité de mon mariage cette année-là, de la rééducation à Cap Breton où j’ai rencontré de nombreux sportifs. En regardant les courses depuis le canapé, j’ai pu me faire un avis de l’extérieur. Cela paraît bizarre mais on peut progresser en voyant les confrères de cette façon. Car lorsque nous montons, nous prenons le temps de regarder les courses, mais ce n’est pas forcément avec le même œil. Cette période d’arrêt n’a pas eu que du négatif !

En devenant free-lance, vous avez vu une diversification de votre clientèle…

Exactement ! Il a fallu recréer quelque chose alors que l’accident nous avait coupés en plein élan. Nous avions fait un superbe meeting de Pau. Mais après l’accident, nous avons repris gentiment et cela s’est très vite bien passé. Principalement en province avec des chevaux pour une clientèle très variée. Nous avons fait une fin de saison 2023 très correcte qui nous a permis de préparer parfaitement 2024. Nous avions alors commencé à travailler avec messieurs Clayeux et Sourdeau de Beauregard. Nous avons effectué un bon meeting de Pau 2023-2024 qui nous a permis d’arriver lancés sur 2024 et de réaliser cette belle saison.

En passant free-lance, il faut probablement aussi apprendre à travailler différemment. Qu’avez-vous appris en collaborant avec autant de professionnels ?

C’était une chance de travailler pour une grande maison comme l’écurie de Gabriel [Leenders, ndlr]. Lors de mes deux premières Cravaches d’Argent, avant que je sois avec Giovanni [Laplace, ndlr], je montais à 90 % pour Gabriel. J’étais habitué à la méthode, aux chevaux qui sont dans un moule et finalement, le fait de me mettre free-lance m’a obligé à m’adapter un peu plus à d’autres chevaux. Il fallait passer d’une façon de faire à une autre, avoir plus de feeling, de ressenti, de découverte de chevaux que l’on a moins travaillés le matin. J’ai dû réinventer ma monte, m’adapter et progresser, même si j’avais acquis beaucoup de choses grâce à Gabriel.

Il y a aussi une belle alchimie avec Giovanni et ses autres jockeys…

Nous travaillons ensemble depuis cinq ans. Nous sommes une vraie équipe et il faut qu’il y ait une entente. Bien sûr, en piste, c’est chacun pour soi… mais nous formons malgré tout une équipe. Cela peut paraître bizarre, certains ont du mal à le croire, mais c’est le cas. Nous travaillons souvent en parallèle pour des clients. Parfois c’est un jockey de la team qui va monter un cheval, d’autres fois, ce sera un autre. Cela procure un certain confort pour les entraîneurs qui savent que nous dialoguons entre nous et ne nous tirons pas dans les pattes. Cela fonctionne bien et satisfait les entraîneurs.

Avoir la confiance de l’écurie Hinderze doit être très gratifiant ?

C’est sûr que cela a été bénéfique. Nous avons commencé à travailler ensemble dès le 1er janvier. Ils m’ont soutenu, épaulé toute l’année. Que ce soit avec leurs chevaux ou au cours des dernières semaines de l’année où j’ai reçu beaucoup de soutien de leur part. Nous sommes devenus une équipe. Ce sont de très belles rencontres que ce soit avec Nicolas [Bertran de Balanda, ndlr] ou Frédéric [Hinderze, ndlr]. C’est un honneur de monter pour eux. En fin d’année 2023, ils m’avaient proposé de monter leurs chevaux dont Gran Diose. C’est comme cela que tout a commencé…

On vient de terminer le meeting d’obstacle cagnois. Quel bilan tirez-vous de ce dernier ?

J’ai déjà plusieurs meetings cagnois à mon actif. L’an dernier, j’avais monté une seule fois à Cagnes, Marvel de Cerisy (Masked Marvel), dans le Grand Prix de la Ville de Nice (Gr3), et nous avions gagné. Mais les autres années, j’avais participé au meeting pour Gabriel [Leenders, ndlr] deux années et pour Pierre Fertillet une autre saison. Cette année, à la base, ce n’était pas forcément prévu de participer ainsi au meeting. J’ai dû débuter à la quatrième réunion. Mickaël Seror et Hugo Merienne m’ont donné de bonnes cartouches et j’ai fait toute la fin du meeting pour eux principalement. Et cela s’est très bien passé.

Le meeting de Pau a également bien débuté pour vous…

C’est vrai ! J’ai la chance que monsieur Clayeux me fasse confiance et cela se passe très bien. Giovanni [Laplace, son agent, ndlr] réalise du superbe travail pour me trouver des montes et j’ai aussi d’autres entraîneurs qui me font confiance.

Quels sont vos meilleurs souvenirs de l’année 2024 ?

Évidemment, c’est difficile de ne pas citer Gran Diose en premier. Gagner le Grand Steeple-Chase de Paris faisait partie de mes rêves de gosse. C’est la course que tout jockey d’obstacle rêve de gagner. Je rêvais déjà de la courir car je n’avais jamais eu l’occasion d’y participer avant 2024. Monter cette course était une chance, alors la gagner c’était tout simplement énorme ! C’est aussi cela qui rend ma Cravache d’Or aussi belle : je l’ai gagnée en sillonnant la France mais aussi en m’imposant dans plusieurs grandes courses. C’est également cela être un bon jockey ! J’ai remporté beaucoup de courses en province, mais aussi à Paris. Je voulais vraiment devenir ce jockey polyvalent que je suis et j’ai l’impression que j’ai atteint ce but.

Hormis Gran Diose, y a-t-il d’autres souvenirs marquants que vous détachez de 2024 ?

J’ai beaucoup de bons souvenirs, notamment avec Donatien [Sourdeau de Beauregard, ndlr], comme le Grand Steeple du Lion (L) avec Master Nonantais (Masterstroke). Nous avons gagné au niveau Listed à Auteuil. Ce sont vraiment de bons moments. Il y a aussi eu notre victoire dans le Grand Cross de Pau avec Hip Hop Conti (Lauro). Le cross est une discipline qui me fascine. C’était superbe de remporter cette épreuve. Les 90 victoires de ma saison sont de bons souvenirs mais nous allons détacher celles-là.

Le plus dur à vivre en 2024 était peut-être le Prix La Haye Jousselin où vous étiez blessé et où vous n’avez pas pu monter Gran Diose…

Bien sûr que cela n’a pas été simple mais j’ai su relativiser. Je suis comme cela de nature. Comme lors de mon accident en 2023 où j’ai essayé de prendre le positif sans me focaliser sur le négatif. J’ai eu la même approche pour La Haye Jousselin. J’étais incapable de monter le cheval. J’ai pourtant essayé… J’ai tout fait pour y arriver mais au bout de trois jours, je me suis rendu compte que ça allait être impossible. J’ai préféré respecter le cheval, ses propriétaires qui m’ont soutenu toute l’année et pour lesquels j’ai la chance de travailler, ainsi que Louisa [Carberry, entraîneur de Gran Diose, ndlr]. Je ne voulais pas les mettre dans l’embarras au dernier moment. J’ai donc pris rapidement ma décision et je les ai prévenus. Et je n’ai eu aucun regret. Lorsque le cheval a passé le poteau en tête, j’étais dans le canapé avec ma femme et si j’étais incapable de lever le bras, j’étais ravi pour l’entourage du cheval comme pour Thomas [Beaurain, jockey de Gran Diose dans le Prix La Haye Jousselin, ndlr] qui a signé une belle histoire dans cette épreuve remportée à plusieurs reprises par son père, Jean-Yves.

VOUS AIMEREZ AUSSI

Les plus populaires