Papal betting

À l’heure où le Vatican s’apprête à vivre un moment solennel – l’élection du successeur du pape François –, certains vivent déjà leur propre conclave, entre cotes et pronostics. Oui, les bookmakers aussi ont leur église : celle des cotes fluctuantes, des favoris inattendus et des outsiders venus de l’autre bout du monde. Car si l’Esprit Saint souffle sur la chapelle Sixtine, il plane aussi sur les plateformes de paris en ligne. Du cardinal africain au prélat canadien, les noms défilent comme une procession de saints patrons cotés à la virgule près. À Dublin, à Londres ou même sur quelques sites français, il est possible de parier sur le nom du prochain pape comme on miserait sur un vainqueur de l’Arc de Triomphe, de la Champions League ou du Tour de France. Il y a les spécialistes, les amateurs… et les parieurs du dimanche. Certains misent par foi, d’autres par intuition – parfois divine, comme la Providence. Sans oublier tous ceux que cela choque. Est-ce déplacé de mêler le sacré aux jeux d’argent ? Peut-être. Mais la pratique est surtout révélatrice de notre époque. À l’heure où tout se quantifie, même le mystère se digitalise, et même le suspense de la fumée blanche se monnaye.