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vendredi 4 juillet 2025
AccueilA la uneAmerican Gal, des vaches laitières au Diane !

American Gal, des vaches laitières au Diane !

American Gal, des vaches laitières au Diane !

Acquise 25.000 Gns yearling, American Gal (Kameko) sera la concurrente la moins onéreuse au départ du Prix de Diane Longines 2025. Avec les chevaux, la chance compte énormément. Mais dans le cas de cette pouliche, il s’agit aussi de la réussite d’un système mis en place par une famille venue de l’élevage laitier ! 

Pour autant, même si elle n’a coûté que 25.000 Gns lors du Book 3 de Tatts, American Gal (Kameko) a un bon pedigree. Sa mère, une jument âgée de 19ans lors de son passage en vente, avait déjà sorti trois black types aux États-Unis. Certes, les produits de jeunes juments ont plus la cote sur un ring et son père Kameko (Kitten’s Joy) était dans son année la plus difficile commercialement parlant (American Gal fait partie de sa deuxième production). Mais tout de même, 25.000 Gns, ce n’est pas beaucoup ! Nick Drew, qui anime Mildmay Racing avec sa mère Bridget, analyse : « Je soupçonne que cela vient du fait que le pedigree est américain, et que les gens, en consultant le catalogue, ont simplement supposé qu’il s’agissait d’une famille de dirt. Alors qu’en réalité, les trois chevaux black types majuscules de la page sont tous des chevaux de gazon. L’un d’entre eux a même gagné un Gr1, et tous sur des distances similaires à celles d’American Gal. Si ces trois chevaux — Granny’s Kitten, Kitten’s Dumplings et Granny Mc’s Kitten — étaient britanniques, je pense qu’elle ne serait pas passée dans le book 3, mais plutôt dans le 2, et qu’elle aurait coûté beaucoup plus cher. Ses trois collatéraux black types étaient par Kitten’s Joy (El Prado), le père de Kameko. C’est Olly Nash, notre responsable d’élevage, qui l’a repérée aux ventes et nous a suggéré d’aller la voir. Les juments plus âgées peuvent parfois produire de très bons chevaux. Ce qui compte, c’est que les gènes soient là. » Le seul autre yearling acheté par Mildmay Racing lors de cette même vente était une fille de Sea The Moon (Sea the Stars). Acquise pour 70.000 Gns, elle a ensuite bénéficié d’un update majeur : son frère Delius (Frankel) a couru l’Arc avant d’être vendu en Australie pour 1,3 million de Guinées.

Par Adrien Cugnasse

ac@jourdegalop.com

Une aventure familiale

Le docteur Bridget Drew a été directrice d’un centre de recherche dans le Hampshire, elle supervisait un troupeau de 700 vaches laitières. Mais en 2002, elle ne connaissait rien au galop ! Son mari John, vétérinaire à Winchester, venait d’être diagnostiqué d’une maladie dégénérative du cerveau. Pour Noël, elle lui avait acheté un cheval de course pour 4.000 £. Après deux petites victoires, le couple s’est pris de passion pour le sport hippique au point de lancer leur propre haras, Mildmay Farm and Stud, dans le Sud de l’Angleterre. En vingt années, la famille a donc appris “en faisant” et le fils, Nick, analyse : « Mes parents ont continué à acheter d’autres chevaux, et nous avons maintenant 12 à 15 juments poulinières. Je pense que l’un des secrets de notre succès, c’est notre responsable d’élevage, Olly Nash. Il est fantastique. Ma mère a de l’expérience en matière d’élevage. Bien sûr, élever des chevaux n’a rien à voir avec les vaches, mais le principe fondamental est le même : il faut partir d’un bon cheptel. En particulier des juments black types ou ayant produit du black type. Et la santé est importante, il faut des lignées ayant montré cette qualité. »

Ce que l’élevage laitier leur a appris

Chez les bovins, un jeune taureau ne peut entrer en service qu’après l’évaluation de 200 de ses filles en première lactation. Cela prend trois ans. Un principe que Drew applique pour partie aux étalons, se méfiant des modes passagères. Ainsi, elle s’est parfois tournée vers des étalons peu populaires. En ciblant ceux issus de top familles maternelles, comme en leurs temps Invincible Spirit (Green Desert) ou Dubawi (Dubai Millennium). Par ailleurs, si la mère a été vendue, elle doit l’avoir été pour un montant à six chiffres. Bridget Drew confiait en 2018 à Chris McGrath : « Je pars du principe que quelqu’un savait quelque chose que j’ignore. Et puis, si on a mis ce prix-là, c’est que c’est une bonne jument, non ? Et j’applique les mêmes critères à l’étalon. C’est incroyable combien d’étalons sont des exceptions, issus de mères dont les produits, y compris eux-mêmes, n’ont jamais dépassé une moyenne de 90 de rating. C’est une règle de base toute simple. Et je dépasse rarement 25.000 £. » Autre leçon venue des bovins : la croissance rapide nuit à la performance future. Bridget Drew confiait : « Dans une étude sur 2.000 génisses, celles qui avaient eu une croissance très rapide donnaient moins de lait. Je conseillais de vendre les plus grandes, plus rentables en vente mais moins bonnes laitières. Je ne sais pas si cela s’applique aux chevaux, mais on m’a dit qu’il y a les chevaux de ventes et les chevaux de course… et ce ne sont pas toujours les mêmes. Certains yearlings sont trop nourris. Je n’ai pas peur d’acheter petit, tant que le sujet est athlétique. »

Quand un hobby devient une entreprise

Perfect Spirit (Invincible Spirit), acquise 16.000 £, n’a pas pu courir suite à un accident. Elle a alors été saillie par Dubawi (Dubai Millennium) qui, au creux de la vague, officiait à 25.000 £ ! C’est ce croisement qui va changer la donne pour la famille Drew : « Perfect Tribute (Dubawi), que nous avions élevée, et qui a gagné les Chartwell Fillies’ Stakes (Gr3) en 2011, a représenté un tournant dans notre activité. Ce succès a permis de vendre le yearling suivant de la mère — une fille de Poet’s Voice (Dubawi) — pour 700.000 Gns — un record à l’époque car depuis Galileo (Sadler’s Wells) aucun jeune étalon n’avait sorti un yearling aussi cher. Cela nous a permis d’investir. » Assez rapidement, cette famille d’éleveurs et de propriétaires a décidé de se lancer dans la syndication. Et aujourd’hui, ils comptent 147 victoires ! Perfect Angel (Dark Angel), déniché pour 17.000 Gns, a été revendue 400.000 £ après une deuxième place dans les Mill Reef Stakes (Gr2). Nick Drew poursuit : « Nous syndiquons les pouliches à prix coûtant. On ne cherche pas à faire du bénéfice : on veut partager le plaisir des courses, et ça nous permet d’avoir plus de chevaux. » Mildmay Farm and Stud vend la production de ses anciennes juments de course. Ainsi Perfect Blessings (Kheleyf), acquise 40.000 Gns yearling puis placée de Listed, a donné une Kodiac (Danehill) qui s’est vendue 600.000 Gns lors du Book 1.

Pas une première

American Gal ne sera pas le premier partant classique de Mildmay Racing. En effet, Perfect Clarity (Nathaniel), acquise 30.000 Gns puis lauréate du Lingfield Oaks Trial (L), a couru les Oaks en 2018. Sœur et fille de black type, elle passait en fin de vente alors que les premiers 2 ans de Nathaniel (Galileo) venaient de montrer qu’ils n’étaient pas précoces ! Perfect Clarity a été revendue 500.000 £ sur performance. Son père Nathaniel n’a jamais véritablement eu les faveurs du marché tout en étant capable de sortir un taux élevé de black types. Et les Drew ont exploité le filon. Ainsi, ils ont fait saillir Theladyinquestion (Dubawi), acquise yearling pour 22.000 Gns et assez bonne course, pour donner Nate The Great (Nathaniel), multiple placé de Groupe et lauréat des Jockey Club Rose Bowl (L) à Newmarket.

Être patient avec les jeunes chevaux… puis tenter sa chance

En Grande-Bretagne, la mode de la précocité répond à l’impératif de savoir rapidement juger un cheval dans un pays où les allocations sont très faibles. En syndiquant leurs futures poulinières, les Drew peuvent s’offrir le luxe de la patience. Et parfois, prendre son temps permet à un jeune cheval de prendre une toute autre dimension. Nick Drew explique : « Nous sommes très clairs avec les associés : nos syndicats ne sont pas dans une logique commerciale. Il faut donc parfois être patient avec les jeunes chevaux, nous leur donnons leur chance en ne les pressant pas. American Gal a toujours été grande, longiligne. Il fallait lui laisser du temps. Ed Walker pense qu’elle a beaucoup progressé depuis sa victoire dans le Prix des Lilas (L). Il veut continuer à être patient avec elle et espère même la garder à l’entraînement à 4 ans, car il pense qu’elle va encore progresser avec l’âge. Notre objectif serait de la conserver pour l’élevage. Mais évidemment, gérer un haras est financièrement complexe. Donc si une offre suffisamment intéressante se présentait, il faudrait la considérer sérieusement. Mais nous aimerions vraiment la garder comme poulinière. C’est une grande jument, bien faite, avec un superbe pedigree. Parce qu’elle a très bien progressé et mûri entre 2 et 3ans, et qu’elle m’a tellement impressionné physiquement, j’ai acheté un droit de saillie de son père, Kameko (Kitten’s Joy). Ce serait donc formidable pour Tweenhills, où elle a été élevée et où Kameko fait la monte, si elle venait à bien courir dans le Diane. » Courir un classique est toujours une prise de risque. Mais les Drew et leurs associés ont fait le choix collectif de sauter le pas car la pouliche aura l’occasion de courir à Royal Ascot en 2026 : « Pour gagner le Diane ou les Coronation, il faudra bien sûr qu’elle ait énormément progressé sur sa victoire de Listed. Mais l’allongement de la distance en passant du mile au Diane pourrait l’aider. Et parfois, il faut savoir prendre des risques. Christophe Soumillon l’avait sublimement montée dans le Prix des Lilas, sans utiliser sa cravache. C’était donc une préparatoire idéale. Et le Diane est une course assez magique. Les classiques, ce n’est qu’une seule fois dans la vie d’un cheval. American Gal appartient à cinq propriétaires et nous allons tous venir la voir courir dimanche à Chantilly ! »

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