Graft, l’aventure inattendue du rugbyman Henry Chavancy
En 2016, une victoire dans le top 14 marque un tournant dans la vie d’Henri Chavancy. Avec la prime liée au titre et l’envie de faire quelque chose d’unique, l’idée d’acheter un cheval germe. Loin d’être un homme de courses, il pense tout de suite à une amie précieuse, Joséphine Soudan, rencontrée au lycée militaire de Saint-Cyr… Graft (U S Navy Flag) est le troisième représentant du rugbyman Henry Chavancy. Il a remporté le Prix la Flèche (L), dimanche dernier à Chantilly.
Par Rose Valais
Une découverte totale du milieu
Son premier cheval s’appelle Brennus (Zoffany) – un nom porteur de sens puisqu’il fait référence au trophée remporté lors du championnat. Cette pouliche, acquise via une écurie de groupe sous l’entité écurie Ovalie débute en plat avant de briller en obstacle. Après sa vente, une nouvelle recrue prend la relève, Montauban (Intello), sans parvenir à s’imposer. L’univers des courses est une découverte complète pour ce rugbyman qui tombe sous le charme de Chantilly, lieu où il met pour la première fois les pieds grâce à Joséphine Soudan. « J’ai trouvé l’endroit très beau et agréable. Je me rappelle avoir été marqué par le fait que tout est organisé autour du cheval : nous voyons les pistes d’entraînement à côté des routes, des vétérinaires un peu partout… Je me suis rendu compte, en venant à Chantilly, que les chevaux sont vraiment des athlètes de haut niveau, et que le suivi médical est très important. Le cheval est au centre de la discipline. J’ai un autre cheval qui devrait bientôt courir, mais il ne porte pas ma casaque. C’est une association avec des amis du rugby passionnés de chevaux. Ils connaissent bien Arnaud Chaillé-Chaillé : c’est une nouvelle aventure amicale. Brennus a gagné à Auteuil en obstacle. Je trouve cette discipline impressionnante et j’ai un respect immense pour les jockeys. Nous sommes presque des petits joueurs, nous les rugbymen, à côté ! Mais moi, c’est le plat qui me donne un choc d’adrénaline. Quand les fauves sont lancés, ce sont des minutes de pur kiff. »
Graft, le goût de la victoire et de l’amitié
Comme le dit si justement Henry Chavancy, Brennus n’était pas très doué pour le plat et c’est sur les obstacles, pour l’entraînement de Gabriel Leenders, qu’il s’est imposé. L’histoire de Graft, quant à lui, est spéciale. Il a débuté le 4 avril à Saint-Cloud dans un réclamer où il terminait troisième. Défendu 37.612 € par Joséphine Soudan, les époux Kavanagh, et Henry, le poulain n’a cessé de progresser, jusqu’à sa victoire black type dimanche à Chantilly. « Joséphine tenait à gagner avec ma casaque, et ce moment est enfin arrivé dimanche. Nous étions vraiment très heureux. Comme je ne connais pas encore très bien ce milieu, j’ai du mal à mesurer l’importance réelle de cette victoire. Mais en voyant la joie de Joséphine, les nombreuses félicitations qu’elle a reçues et tous les messages que j’ai pu lire, je me suis rendu compte que ce n’était pas si anodin. Je suis vraiment heureux pour Joséphine, qui travaille très dur pour cela. »
Henry était présent à Saint-Cloud pour assister au début de Graft. Il a suivi ses autres sorties à distance. « Malheureusement, je n’étais pas présent dimanche à Chantilly, car je disputais le dernier match de ma carrière samedi soir à Paris. Ma famille et mes amis étaient là, alors j’en ai profité un peu le soir. Je redoutais aussi les bouchons du retour en ce week-end de l’Ascension. J’ai quand même beaucoup regretté… Tant pis pour moi ! Nous avons regardé la course en famille : une minute irrespirable, mais une joie immense. Ce milieu procure une adrénaline et des émotions inexplicables, uniques. Même au rugby, où l’on vit parfois des moments incroyables, les sensations des courses sont totalement différentes. Je crois qu’elles sont uniques, et je suis ravi de pouvoir les vivre. »
Une casaque de cœur, un nom rempli de sens
Concernant l’histoire du 2ans, Henry Chavancy raconte : « Joséphine, ainsi que monsieur et madame Kavanagh, m’ont fait la surprise de nommer le poulain Graft, en clin d’œil à mon fils, greffé du foie en septembre dernier. Graft a plusieurs significations en anglais, dont celle de greffe. C’est un geste qui m’a beaucoup touché. Joséphine me dit souvent que ce poulain ressemble à mon fils : pas très grand, pas très costaud, mais avec un mental d’acier. Ma casaque est également un clin d’œil à mon club de rugby. Je suis heureux de voir ces couleurs briller par le biais des chevaux. Et cette victoire, je la dois aussi à Cristian Demuro. Je suis ravi qu’il ait monté Graft : c’est le premier jockey que j’ai connu, puisqu’il montait Brennus ! J’ai toujours suivi sa carrière et je suis vraiment content que ce soit lui qui soit associé au cheval. Le métier de jockey me fascine. Je suis curieux, je harcèle toujours Joséphine de questions à leur sujet ! Monter dix chevaux différents pour dix propriétaires différents lors d’une même réunion… c’est quelque chose de particulier. C’est un métier de passion, et je trouve qu’ils ont beaucoup de chance de pouvoir vivre de cette passion. »
Une légende du Racing 92
Henry Chavancy est un ancien international français de rugby à XV, qui a évolué toute sa carrière au Racing 92, devenant une véritable figure du club. Le samedi 31 mai, à l’occasion de son dernier match à domicile face à Montpellier, il a officiellement annoncé sa retraite sportive. Pour marquer cette ultime apparition, Henry a inscrit un essai dès les premières minutes, offrant à ses supporters un moment fort et chargé d’émotion. « Samedi 7 juin, je disputerai le dernier match de la saison à Lyon. Je serai remplaçant, et ce sera aussi le dernier match de ma carrière. J’ai 37 ans, c’est le bon moment pour moi d’arrêter. J’ai pris énormément de plaisir tout au long de ma carrière. C’est le moment de basculer sur autre chose. J’ai postulé à une formation de deux ans pour devenir manager général. Je vais également rester au Racing 92 afin de me former en interne. J’ai envie de rester dans mon club. J’y ai passé vingt-six ans, et j’aimerais le servir autrement, y apporter mon énergie et mon expérience. Il y a quinze jours, je suis allé à Longchamp à l’occasion des dimanches en famille, c’était vraiment sympa. J’ai hâte de pouvoir aller plus souvent aux courses. »