vendredi 17 mai 2024
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Ryan Curatolo, le jockey sans frontière

Ryan Curatolo, le jockey sans frontière

Par Rose Valais,

Né à Marseille, Ryan Curatolo a fourbi ses armes chez David Smaga pendant quatre ans avant de démarrer son tour du monde et sa carrière de jockey, avec comme point de départ les États-Unis. Ce trentenaire visite désormais les différentes régions du globe pour vivre de sa passion. Cela fait maintenant quatorze ans qu’il s’est envolé, comptant plus de 500 succès, dont quatre au niveau Gr1.

Une troisième expérience à Singapour

« Je suis de retour à Singapour pour ma troisième visite, la seconde sur le long terme. La première fois que je suis venu, j’ai réalisé un coup de deux dès le premier jour. La fois suivante, j’ai également gagné pour ma première monte et samedi dernier… même scénario : première course, première victoire. J’adore cette ville et l’hippodrome est magnifique, sa piste en gazon est parfaite ! Ma femme est originaire de Singapour et c’est d’ailleurs ici que nous nous sommes rencontrés. L’année dernière, nous avons appris que l’hippodrome fermait. C’était l’occasion pour nous d’y retourner. Les courses doivent se terminer le 5 octobre, journée de la Gold Cup. Je pense rester au moins six mois. Ici, les courses ont lieu une fois par semaine, le samedi, avec des réunions de onze ou douze épreuves. Les gains sont attrayants, nous courons sur le gazon et sur une polytrack. Grâce à mes précédentes expériences, j’ai encore pas mal de contacts et nous ne sommes que 25 jockeys : 10 internationaux et 15 locaux. Les licences sont assez difficiles à obtenir. Ma venue à Singapour s’est faite la première fois un peu par hasard. En 2017, j’avais gagné la Macau Gold Cup (Gr1), mais deux semaines plus tard, un typhon est arrivé et l’hippodrome a dû fermer pendant un mois et demi. Un propriétaire de Singapour qui avait également des chevaux à Macau a appris la nouvelle et il m’a proposé de venir à Singapour. J’ai donc fait le déplacement pour une journée et, sur quatre courses, j’en ai gagné deux. Le club de Singapour m’a ensuite proposé de revenir durant une année complète. »

Sans oublier les États-Unis, Macao, le Japon, Dubaï…

« De nombreuses opportunités sont arrivées par hasard dans ma carrière… J’ai réalisé mon apprentissage à l’Afasec de Gouvieux, aux côtés de David Smaga. J’ai seulement monté deux fois en course en France. Après avoir eu 18 ans, je suis parti en vacances aux États-Unis avec mon père qui a travaillé de longues années à Miami. Au lieu d’y rester trois mois comme initialement prévu, j’y suis resté trois ans. J’ai réussi à obtenir une licence d’apprenti et à monter en course. J’ai rencontré Patrick Biancone qui m’a aidé à obtenir un visa et, après quelques mois, j’ai commencé à travailler avec lui. Il a été très important pour moi, j’ai même pu signer, grâce à lui, un contrat avec des propriétaires à New-York. Mon aventure asiatique a ensuite commencé à Macao grâce à un ami jockey qui partait là-bas et qui m’a présenté son agent, lequel a réalisé une demande de licence pour moi. Pour la petite anecdote, ils m’ont répondu sept mois plus tard et j’avais complètement oublié ! Lorsque je suis arrivé là-bas, j’ai ressenti un vrai choc culturel. Je suis également allé au Japon, au Qatar, en Corée et à Dubaï. Mais, lors de ce dernier séjour, j’avais envie de repartir aux États-Unis. En raison de la Covid, mon départ a pris du retard mais j’ai vraiment apprécié de revenir aux États-Unis. Je ne connaissais pas la Californie et j’y suis resté jusqu’à la fin de mon visa. En 2023, j’ai travaillé dans cinq régions : les États-Unis, Macao, le Japon, Dubaï et désormais Singapour. Avec ma femme, on parle souvent de se poser dans un pays mais nous nous sentons privilégiés et aimons ce rythme de vie. Il y a des opportunités qu’il ne faut pas rater. Je vis de ma passion et je voyage ! Nous profitons de la vie à notre manière et c’est kiffant ! »

Aucune préférence, que des découvertes

« Je n’ai aucun pays préféré car, dans chaque endroit, il y a des choses que nous aimons. Du moment que je gagne des courses et que l’expérience humaine est intéressante, j’apprécie le moment. J’ai beaucoup aimé l’ambiance de la Californie et notamment monter à Del Mar. Un jour, j’ai gagné une course et c’est un acteur que j’adore, Bill Murray, qui m’a remis le trophée. Il a joué dans un film où je me suis reconnu. Il s’agit de Lost in Translation. C’est l’histoire de deux personnes qui se retrouvent à Tokyo, complètement perdues… Finalement, c’est un peu la même histoire que la mienne lorsque je suis arrivé au Japon ! »

Une logistique particulière

« Quand je regarde dans le rétroviseur, je me dis que la logistique des valises n’est qu’un détail (rires)… J’ai découvert beaucoup de pays et c’est cela que j’aime. Il faut être bien organisé pour gérer la logistique. Je pense également qu’il faut avoir un peu de courage pour quitter un pays et recommencer une vie dans un autre. J’ai un appartement en France où j’envoie mes trophées, le reste doit s’organiser entre mes valises et moi… Quand je change de pays, j’envoie mes affaires quelques semaines en avance. Sur place, je loue un appartement comme aux États-Unis. À Dubaï et au Japon, les clubs m’ont trouvé un logement… Actuellement, comme je suis à Singapour pour six mois minimum, je loue un appartement. Je parle principalement anglais lors de tous mes voyages, mais aussi l’espagnol et je sais dire quelques mots en cantonais. Par exemple, je sais commander un sandwich avec de l’omelette et une boisson au citron (rires)…J’ai appris cela à Macau. »

L’Europe, terra incognita

« Je crois que je suis l’ambassadeur du passeport sans frontière… Je pense que je suis le seul à autant voyager. Lorsqu’on m’appelle, on ne me demande pas comment je vais mais plutôt où je suis. À l’échelle mondiale, les courses sont une grande famille. J’ai désormais des attaches partout dans le monde et, lorsque je reviens dans un pays, je retrouve les personnes que j’ai quittées. Bizarrement, c’est peut-être en France que j’ai le moins de contacts. J’ai monté seulement deux courses et la mentalité est certainement différente. Si une opportunité se présente en France, je serai toutefois preneur. Cela fait maintenant quatorze ans que je suis parti. En fait, l’Europe je ne la connais pas vraiment, même pas du tout. Cela pourrait être une idée, il faut savoir conserver de nouveaux challenges… »

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