samedi 4 mai 2024
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Phénix, Coolmore se réinvente

Phénix, Coolmore se réinvente

Les 12 et 13 janvier, les haras irlandais ouvrent leurs portes pour l’ITM Irish Stallion Trail. Jour de Galop a pris la route pour partir à la rencontre des grands de l’étalonnage européen juste avant le coup d’envoi de la saison de monte.

Lorsque Galileo (Sadler’s Wells) est mort en 2021, certains ont cru voir le début d’un rééquilibrage des forces en présence. Mais l’empire de John Magnier et de ses associés n’a pas tardé à contre-attaquer. Et en ce début 2024, la vague Scat Daddy (Johannesburg) a pour point culminant Justify (Scat Daddy), le jeune étalon le plus prometteur au monde. Il fait la monte à Ashford Stud la base américaine de Coolmore. Au-delà des apparences, le grand haras irlandais n’a pas cédé un pouce de terrain. En 2021, les produits des étalons de Coolmore représentaient 19 % du catalogue de la vente d’août Arqana. En 2023, on est à 26 %.

La saison 2024 semble marquer un tournant pour Coolmore. Pour la première fois – depuis très longtemps – aucun des trois débutants de l’année n’a Galileo dans son pedigree. Il s’agit de Paddington (Siyouni), de Little Big Bear (No Nay Never) qui sort vraiment du lot physiquement, et de The Antarctic (Dark Angel). Coolmore, la maison du classicisme, intègre donc un seul profil vraiment classique contre deux “vites et précoces”. Interrogée sur ce qui ressemble à un changement de stratégie, Hermine Bastide, représentante de Coolmore pour la France, nous a confié : « Le but reste encore et toujours de remporter tous les classiques que le programme européen peut offrir. Et il faut parfois savoir apporter de la vitesse dans cet objectif. Je pense qu’il faut regarder notre offre dans sa globalité. Nous avons des étalons pour tout type de juments, pour tous les tarifs et sur tout type de distance. Little Big Bear, comme son père No Nay Never et son grand-père Scat Daddy, a le potentiel pour réussir. En particulier en croisement avec les descendantes de Galileo. De son côté, The Antarctic était une évidence dès le départ. Tout était calculé et il a été acheté yearling dans l’espoir d’en faire un étalon. » Au modèle, chez Little Big Bear, on sent vraiment l’influence de son père No Nay Never. Sa mère, Adventure Seeker (Bering), est une élève Wildenstein… Comme Paddington, qui a grandi à l’écurie des Monceaux. Un jeune étalon chez qui l’on sent vraiment l’influence de Montjeu (Sadler’s Wells), en particulier dans son épaule. Dans une certaine mesure – et même si on retrouve Sadler’s Wells assez loin dans son papier – ce cheval va faire figure d’outcross en Irlande. Avec de la taille, il sort du lot et compte déjà un nombre significatif de réservations venues de France. Hermine Bastide poursuit : « Paddington sortait vraiment du lot lorsqu’il était yearling. Je le vois encore sortir de son box. Physiquement, il était parfait. Et il marchait comme un dieu. Il faut dire que Coolmore – en l’espace de seulement quelques années – a eu énormément de réussite avec ses achats à Deauville, de Paddington à Unquestionable, en passant par Meditate. Quand nous achetons à Deauville, nous essayons que le cheval courre en France à un moment de sa carrière. C’est lié à la qualité de l’élevage français, qui progresse, mais aussi au très bon travail effectué par Arqana. Il faut aussi dire qu’en France il y a beaucoup de jeunes acteurs avec du talent et le contexte français offre de réelles opportunités. » Le marché français est vraiment important pour Coolmore : « Les éleveurs connaissent notre ouverture d’esprit et notre orientation commerciale. Nous menons une véritable réflexion sur les tarifs de saillies, tous les ans, pendant des mois. Et je pense que nous sommes bien placés commercialement parlant. Des étalons comme Ten Sovereigns, Sioux Nation ou Churchill représentent de véritables opportunités car ils sont accessibles tout en ayant prouvé leur valeur. Ces étalons sortent beaucoup de gagnants. Pour son élevage personnel, Aidan O’Brien utilise beaucoup Ten Sovereigns. »

Quatre No Nay Never, trois Siyouni et bientôt des Justify

Il y a donc quatre fils de No Nay Never au haras pour Coolmore en Irlande (Arizona, Blackbeard, Little Big Bear et Ten Sovereigns) et trois fils de Siyouni (St Mark’s Basilica, Sottsass et Paddington). Deux vecteurs de vitesse, sans compter Wootton Bassett pour une jumenterie très imprégnée par le sang de Galileo. Derrière cette stratégie, il y a encore et toujours John Magnier qui « a toujours énormément cru en la lignée de Scat Daddy et en particulier en Justify. Rien n’est laissé de côté. Et quand un jeune étalon débute à Coolmore, il a toujours les meilleures chances de réussir. » Le grand haras irlandais devrait rapidement proposer des fils de Justify, peut-être même des Frankel et des Dubawi. Certainement aussi assez vite des fils de Wootton Bassett, un étalon que Coolmore a bien fait d’acheter malgré la somme astronomique qu’il fallait mettre sur la table. Il a donné trois gagnants de Gr1 en 2023, dont deux à 2ans. L’effectif d’Aidan O’Brien compte pas moins de vingt-sept poulains et pouliches par Wootton Bassett qui viennent de prendre 2ans. Un étalon qui correspond vraiment à l’ambition classique de Coolmore : « Honnêtement, Wootton Bassett nous fait rêver. On a vu, pour l’instant, ses générations conçues à 40.000 €. Il y a une très grosse confiance autour de cet étalon. »

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