Jazz Manouche fait le grand saut

Troisième du Prix Ferdinand Dufaure (Gr1) et lauréat du Prix Morgex (Gr3), Jazz Manouche (Nom de D’La) était le cheval à suivre dans le Prix Robert de Clermont-Tonnerre (Gr3). Le représentant de Jean-Louis et Alexandrine Berger était assurément celui qui pouvait réussir brillamment son test face à ses aînés et gagner de manière convaincante sa place sur la route du Grand Steeple-Chase de Paris (Gr1). C’est exactement ce qui s’est passé puisqu’il a gagné, de peu mais brillamment, et qu’il sera maintenant revu dans le Prix Murat (Gr2).

Comme il en a l’habitude, Gallipoli (Gleneagles) a pris les commandes et il a fait exploser le peloton au bout de quelques centaines de mètres, menant détaché devant Marie Coastala (Coastal Path). Jazz Manouche, lui, a attendu son heure dans la seconde moitié du peloton. Il a parfaitement sauté tout au long du parcours avant de progresser sur la piste intérieure puis dans le tournant final. Entre les deux derniers obstacles, il s’est retrouvé à portée de fusil de Gallipoli, qu’il a rejoint sur le plat pour le dominer, uniquement sollicité aux bras ou presque. Gallipoli a conclu bon deuxième devant Toscana du Berlais (Shantou), toujours bien placé, et In Love (Great Pretender), loin pour aborder la piste intérieure, mais qui a bien conclu et qui précède le favori, Youtwo Glass (Joshua Tree), qui a commis plusieurs fautes. Ginja des Taillons (Masterstroke) s’était rapprochée librement deuxième dans le tournant final mais elle est tombée à la réception de la double barrière, entraînant Imprenable (Chœur du Nord) dans sa perte.

Très performant en bon terrain, Jazz Manouche a signé ses deux succès de Groupe en terrain collant à lourd. Au regard de sa manière de courir, il devrait pouvoir tenir les très longues distances et c’est un sérieux prétendant aux premières places dans le Grand Steeple. Son entraîneur, Lucie Pontoir, nous a dit : « Ce n’est pas une surprise. C’est la première fois qu’il affronte ses aînés. Il y avait de bons chevaux, avec de grands entraîneurs représentés, et moi je suis là, toute jeune… J’ai trop de chance ! Je remercie vraiment la famille Berger et Damien [Mescam, son jockey, ndlr], que je connais depuis que j’ai 13 ou 14 ans. C’est un ami. Franchement, je me suis dit que Gallipoli n’était pas appliqué dans ses sauts alors que mon protégé sautait bien. Si nous avions fini deuxième ou troisième, j’aurais été contente. Damien a dû m’entendre dans les tribunes et il ne fallait pas lâcher ! Forcément, c’est un cheval de terrain lourd et cela l’avantage. Mais c’est un super cheval… J’en ai pas mal discuté avec Yohann [Gourraud, ndlr] et nous savions que, si nous gagnions ce Gr3, nous n’aurions pas d’autre choix que d’aller sur le Grand Steeple. Il devrait maintenant courir le Prix Murat (Gr2). » Jockey du lauréat, Damien Mescam a expliqué au micro d’Equidia : « Il y a eu du rythme et heureusement car mon partenaire était un peu brillant. Au bout de la ligne d’en face, je pensais que cela allait être dur de revoir Gallipoli mais Jazz Manouche a un si gros cœur… Il a gagné en maturité depuis l’année dernière même s’il a encore besoin de s’endurcir de course en course. En mûrissant, il ira sur le bon terrain. »

Gallipoli a longuement fait illusion pour la victoire et il a échoué de peu. Il a signé l’une de ses meilleures performances. Pour le moment, rien n’est décidé quant à une éventuelle participation au Grand Steeple pour lui. Son coentraîneur, Noel George, nous a déclaré : « C’est top ! Baptiste [Le Clerc, son jockey, ndlr] l’a très bien monté. C’est un cheval qu’il faut monter au moral. Il adore dominer. Il aime bien courir avec de la fraîcheur. Je pense qu’il sera mieux en bon terrain. Nous allons lui donner beaucoup de temps pour récupérer de cette course. Nous allons voir si nous allons sur la route du Grand Steeple car il a pris une course dure aujourd’hui et il faut lui laisser du temps. Mais il a très bien couru. »

Élevé par Jean-Louis Berger, César Gallorini Berger et Alexandrine Berger, Jazz Manouche est un fils de Nom de D’La (Lost World), étalon au haras de Toury. Il a été le premier vainqueur de Groupe de son père. Ce frère de No Risk at All (My Risk) se démarque grâce à ses bonnes statistiques. Sa mère, Tinapalo (Epalo), a pour meilleur classement une cinquième place sur le steeple de Lyon-Parilly. Jazz Manouche est le troisième gagnant de sa mère après, notamment, Étoile du Berger (Network), lauréate à trois reprises en province, en steeple et en haies. Tinapalo a un 4ans, Kregiel (Cokoriko), à l’entraînement chez Pascal Journiac, un 3ans, L’Enfant Jésus (Cokoriko), un 2ans, Monsieur Eddy (Bande) et un yearling, Ni Queue Ni Tête (Headman).

La deuxième mère, Bialystok (Saint Henri), est gagnante en plat sur 2.400m et 2.200m. Elle est à l’origine de Kario de Sormain (Gunboat Diplomacy), gagnante du Prix Georges Courtois (Gr2) et du Prix Héros XII (Gr3), ainsi que d’Isis de Sormain (Useful), la mère de Drôle d’Histoire (Lucarno), lauréate du Prix Achille-Fould (L).