lundi 17 juin 2024
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Facteur Cheval, la France au sommet

Facteur Cheval, la France au sommet

Cela faisait sept ans que l’entraînement français n’avait pas gagné un Gr1 (pour les pur-sang anglais) lors de la réunion de la Dubai World Cup. Et une décennie que nous n’avions pas remporté la Dubai Turf (Gr1). Samedi, le tricolore Facteur Cheval (Ribchester) a réalisé une grande performance pour s’imposer face à huit gagnants de Gr1. Il s’est élancé avec la confiance de son entourage – en particulier celle de Jérôme Reynier – mais avec une certaine défiance des bookmakers anglo-irlandais (qui faisaient de lui un outsider). En début de semaine, dans le podcast publié par Jour de Galop, l’entraîneur de Marseille nous avait confié : « Il va y avoir énormément de rythme et cela va l’aider car il ne va pas tirer. Comme je l’ai toujours dit, c’est un cheval qui n’a jamais marqué le pas, il a toujours fini en avançant. Avec la maturité, il est donc en mesure de très bien faire sur 1.800m/2.000m. » Le plan s’est déroulé à merveille. Contrairement aux “books” l’homme de Calas était persuadé que son protégé n’était pas limité au mile, qu’il avait la pointure de ses adversaires du jour et qu’il était tout aussi efficace en bon terrain. Et Facteur Cheval lui a donné raison. Barry Irwin, qui gère le syndicat propriétaire de Facteur Cheval, a connu toutes les gloires du turf à travers le monde. Samedi, il nous a confié par SMS : « Jérôme a du génie. » Chapeau !

DUBAI TURF (Gr1)

Facteur Cheval, le facteur Reynier

Le jeune entraîneur de Calas a connu le plus grand jour de sa carrière avec Facteur Cheval (Ribchester). Il faut dire qu’il ne manque pas d’audace. Et il en fallait pour présenter son pensionnaire au départ des Sussex Stakes (Gr1), malgré un certain scepticisme de la part de son entourage. Facteur Cheval a répondu présent à Goodwood. Et depuis, il enchaîne les bonnes performances au niveau Gr1. Jusqu’au grand jour, le 30 mars 2024, où il a obtenu sa première grande victoire internationale. Une grande victoire aussi pour la France. Sept ans après son dernier succès, celui de The Right Man (Lope de Vega) dans l’Al Quoz Sprint (Gr1).

Représentant de Team Valor et Gary Barber, Facteur Cheval “tournait autour” de son Gr1 depuis longtemps. Pour sa rentrée, Jérôme Reynier a fait un travail d’orfèvre, revenant à Dubaï seize ans après son premier séjour en tant qu’étudiant du Godolphin Flying Start. Le courage a payé. Bien positionné par Maxime Guyon, le futur lauréat a été à son aise dans une course qui a roulé grâce à un train régulier imposé par Matenro Sky (Maurice) et Nashwa (Frankel). Facteur Cheval a patienté derrière Lord North (Dubawi) avant de prendre le couloir en pleine piste. Le bon. Alors qu’au cœur du peloton, certains se sont retrouvés piégés. C’est la dure loi des courses et on se souvient que Facteur avait lui-même été très malheureux à Longchamp…

À 300m du but, il a prononcé son effort et a pris l’avantage. Mais le plus dur restait à faire : la japonaise Namur (Harbinger), grande finisseuse, est venue placer sa pointe de vitesse. Pour résister, il fallait un cheval courageux et capable de tenir plus que le mile. Facteur Cheval a su trouver  les ressources pour garder une courte tête d’avance au poteau. Le japonais Danon Beluga (Heart’s Cry) s’est octroyé la troisième place devant le favori Measured Time (Frankel). Dans le peloton, l’américain Catnip (Kitten’s Joy) a provoqué la chute de son pilote Christophe Lemaire. Le jockey a été transporté à l’hôpital. Facteur Cheval est le quatrième gagnant français du Dubai Turf après Jim and Tonic (Double Bed), la jument Terre à Terre (Kaldounevess) et Solow (Singspiel).

Et pourquoi pas Hongkong

Jérôme Reynier a gagné son premier Groupe à Capannelle en 2018 avec Royal Julius (Royal Applause) dans le Premio Presidente della Repubblica (Gr2). Moins de six ans après, il a franchi plusieurs paliers : « Il y a seize ans, j’étais étudiant du Godolphin Flying Start et l’hippodrome était Nad al Sheba. J’en perds mes mots… Facteur Cheval a été très bien préparé par son jockey du matin Gregory Davignon. J’avais dit à Maxime que le cheval ne lâchait jamais et il a monté une super course. Il a suivi Lord North, avant de déboîter et d’attendre, afin de garder un “petit quelque chose” pour finir. C’est une vraie victoire d’équipe. Facteur Cheval s’est très bien adapté ici à Dubaï. On peut donc penser – avec confiance – à la Queen Elizabeth II Cup (Gr1) fin avril à Hongkong. Les 2.000m sont dans ses cordes. » Maxime Guyon en est persuadé : « J’ai attendu un peu avant de lui demander l’effort car la course était sur 1.800m. Mais sur ce que j’ai vu… il peut tenir. »

Le flair d’Hubert Honoré

Facteur Cheval a été élevé dans un très bon haras irlandais, McCracken Farms. Il est arrivé en France grâce à Hubert Honoré qui l’a déniché foal pour 145.000 Gns (178.000 €) à Tattersalls December Foal. Il est passé sur le ring de la vente de sélection en 2020, l’année Covid, et il n’a pas été vendu… Le poulain a ensuite raté l’occasion d’être vendu aux breeze up, et le syndicat du pinhooking s’est retrouvé à l’exploiter en course, avant de le vendre après une victoire en course. C’est le meilleur produit de son père Ribchester (Iffraaj). Cet étalon a officié en Europe six saisons, dont la dernière en France au haras du Logis où il a sailli trente-six juments. Ribchester n’est pas rentré en Europe après la saison 2023 en Nouvelle-Zélande où il a remplacé son père Iffraaj (Zafonic) à Hanui Farm. La mère Jawlaat (Shamardal), inédite, est un produit de l’élevage Shadwell et a été vendue 18.000 Gns (22.000 €) à Tattersalls February quand elle avait 3ans. Elle a produit aussi Queen of the Mud (Kodiac), lauréate de deux courses en trois sorties aux États-Unis. La deuxième mère Riqa (Dubawi) s’est classée deuxième dans le Prix Coronation (L) pour la casaque du regretté cheikh Hamdan Al Maktoum et l’entraînement de Freddy Head. Elle a produit (entre autres) la rapide Tantheem (Teofilo) qui a remporté le Prix de Cabourg (Gr3) à 2ans, mais aussi le Prix du Petit Couvert (Gr3) et le Prix de Meautry (Gr3). La troisième mère Thamarat (Anabaa) a elle aussi couru en France pour la casaque du cheikh Hamdan Al Maktoum et l’entraînement Freddy Head. Elle s’est classée troisième dans le Prix Yacowlef (L) et a produit l’étalon du haras du Mazet Motamarris (Le Havre), troisième du Prix du Jockey Club (Gr1), mais aussi Wadyhatta (Cape Cross), mère du lauréat du Irish Derby (Gr1) Santiago (Authorized).

Jawlaat a un foal par Sottsass (Siyouni) et a visité Wootton Bassett (Iffraaj) en 2023.

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