dimanche 19 mai 2024
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Bryony Frost : « Venir monter en France est une belle opportunité pour moi »

Bryony Frost : « Venir monter en France est une belle opportunité pour moi »

Par Christopher Galmiche

cg@jourdegalop.com

Samedi 4 mai. Auteuil. Attendue pour ses débuts français sur la butte Mortemart le 8 mai, Bryony Frost est déjà en place avec son agent Benoît Gicquel, afin d’appréhender au mieux l’hippodrome et le scénario de course à la française…

Jour de Galop. – Pourquoi avez-vous choisi de venir monter en France ?

Bryony Frost. – La France a toujours été un pays qui m’a inspiré. C’est une grande nation de courses d’obstacle sans parler de l’entraînement que je voulais découvrir ici. Venir monter en France est une belle opportunité pour moi, qui va au-delà de mes rêves. Je veux apprendre les courses et l’entraînement ici.

La réussite de Felix de Giles et de James Reveley vous a-t-elle incitée à vous installer dans l’Hexagone ?

Ils ont chacun tracé leur propre route pour atteindre le succès. Ils ont connu, et connaissent, une réussite incroyable. De mon côté, je veux bâtir mon propre chemin et vivre pleinement mon expérience en France qui est un beau challenge. J’ai également la chance d’avoir la confiance de Simon Munir et d’Isaac Souede.

Justement, qu’avez-vous ressenti en devenant le premier jockey français de Simon Munir et d’Isaac Souede (les fameuses Double Green colours en Angleterre) ?

C’est une immense écurie en Angleterre, en Irlande comme en France. C’est vraiment très excitant pour moi de devenir leur premier jockey ici. Cela représente une belle occasion de franchir un nouveau cap. C’est un rêve en quelque sorte ! Travailler avec des personnes qui sont d’authentiques professionnelles dans leur univers est particulièrement excitant. Elles ont vraiment envie de construire quelque chose d’important. Le futur s’annonce très enthousiasmant ! Je suis vraiment fière et honorée de devenir le premier jockey d’une telle écurie. Ils ont placé beaucoup de confiance en moi et j’espère la leur rendre en apportant de grandes victoires à l’équipe. Ce sera mon principal objectif !

Avez-vous déjà monté à Royan le matin à l’entraînement ?

Oui ! J’ai monté cette semaine chez François Nicolle. J’ai adoré ! C’est vraiment différent de ce que je connais en Angleterre. Toute son équipe a été agréable avec moi et Benoît [Gicquel, son agent, ndlr] m’a beaucoup aidée pour que je comprenne parfaitement ce que l’on me demandait. J’essaye d’apprendre le français également. Mais j’ai de la chance : monter à cheval est universel !

Quel est votre objectif principal pour cette première saison en France ?

Je veux simplement gagner le plus de courses possible pour ma nouvelle équipe !

Est-il prévu que vous montiez le matin pour d’autres entraîneurs que François Nicolle ?

Pour le moment, je monte pour François Nicolle le matin. Je veux vraiment l’impliquer “à fond” mais si des opportunités se présentent, je les saisirai…

Vous avez dit avant d’arriver chez nous que vous appréciez le cross. Ce n’est pas commun car il n’y a que Cheltenham qui en propose en Angleterre…

Oui, c’est vrai que cette discipline est limitée en Angleterre ! Mais, même à Auteuil, avec la rivière, le bull-finch, les parcours sont bien différents de ceux empruntés en Angleterre. Les chevaux et les jockeys doivent énormément communiquer. En effet, nos montures ne savent pas ce que sera l’obstacle suivant. Il faut donc qu’ils réfléchissent et nous devons réfléchir avec eux. C’est un vrai challenge entre cheval et jockey. J’ai vraiment hâte de vivre cela, cette connexion avec le cheval. En France, en steeple, ce ne sont pas toujours les mêmes obstacles, comme les fences, open-ditch ou rivières comme en Angleterre.

Qu’avez-vous pensé de la piste d’Auteuil ?

Aujourd’hui, j’ai pu découvrir la piste de manière détendue. C’est vraiment très intéressant de voir les obstacles, notamment ceux qui sont dans le tournant, et les ondulations que l’on ne voit pas forcément à la télévision. Je referai le tour à pied mercredi avant les courses mais je peux vous dire que je suis particulièrement impatiente de me mettre en selle à Auteuil.

Allez-vous revenir en Angleterre lorsque la nouvelle saison d’obstacle va commencer ?

Non ! Je suis désormais le premier jockey en France de Simon Munir et d’Isaac Souede et leur écurie est ma priorité. J’irai partout où il y aura leurs chevaux à monter.

Benoît Gicquel : « Je pense que son expérience anglaise peut être un avantage en France »

Manager de l’écurie de Simon Munir et d’Isaac Souede en France, mais aussi agent de Felix de Giles et de Bryony Frost, Benoît Gicquel nous a expliqué la genèse de l’arrivée de la jeune femme sur notre sol ainsi que son nouveau rôle de premier jockey pour la casaque verte et rouge : « Depuis un moment déjà, Bryony évoquait la possibilité de venir en France mais elle voulait finir la saison en Angleterre. Nous en avions parlé à Cheltenham. Simon Munir et Isaac Souede veulent agrandir leur écurie en France. Ils voulaient un jockey maison et monter une équipe comme ils ont fait en Angleterre avec Daryl Jacob. C’est leur souhait d’avoir leur jockey, leur manager et différents entraîneurs. L’écurie devrait encore se développer cette année. Bryony a une très bonne main. Elle ne gêne pas du tout ses chevaux et elle a une très bonne lecture des courses. Nous avons commencé à regarder quelques vidéos de courses françaises et elle a tout de suite compris comment il fallait monter les chevaux, ce qu’il fallait faire ou ne pas faire. Je pense que son expérience anglaise peut être un avantage en France. J’ai souhaité venir avec elle à Auteuil, alors qu’elle ne montait pas, pour qu’il n’y ait pas de pression avant ses premières montes. Nous ferons le tour de la piste ensemble mercredi pour revoir les obstacles, l’état du terrain… Mais c’est quelqu’un de très professionnel qui a plus de 300 gagnants. C’est un vrai challenge pour elle et pour moi. Il n’y a aucune raison que ça se passe mal car Bryony est une grosse bosseuse. Avec son talent et son envie d’apprendre, ça devrait aller. Elle sera premier jockey de Simon Munir et d’Isaac Souede pour les chevaux que ces derniers ont en pleine propriété puis, suivant leurs associés, nous déciderons ensuite. Elle est basée à Royan, mais elle est tout à fait apte à se déplacer chez les entraîneurs qui auront besoin de ses services. »

Qui est Bryony Frost ?

Si vous avez vécu dans une cave les cinq dernières années, vous ne savez peut-être pas qui est Bryony Frost. Shame on you ! Plus sérieusement, la jeune femme de 29 ans est la fille de Jimmy Frost, entraîneur et vainqueur du Grand National de Liverpool (Gr3) 1989 avec Little Polveir (Cantab) en tant que jockey. Son grand-père, Richard Frost, était aussi entraîneur et son frère Hadden a été jockey et s’est imposé à Cheltenham. Bryony a commencé à monter en point-to-point, puis dans les épreuves pour amateurs avant de devenir jockey. Elle a été la première femme jockey à gagner un Gr1 lors du Festival de Cheltenham, ce qui lui avait valu de faire la Une du Times. Elle s’était en effet imposée dans le Ryanair Chase (Gr1) 2019 grâce à Frodon (Nickname), avec lequel elle a aussi remporté le King George VI Chase (Gr1) 2020, le Ladbrokes Champion Chase (Gr1) à Down Royal, et de multiples Groupes à Cheltenham, Sandown ou Aintree. C’est en 2017, dans le Kauto Star Novices’ Chase, qu’elle a remporté son premier Gr1 grâce à Black Corton (Laveron). Frodon comme Black Corton sont ses deux chevaux de cœur qu’elle a récupérés à la retraite à la fin de leur carrière. Ils étaient tous les deux entraînés par Paul Nicholls qui lui a régulièrement fait confiance. Avec Frodon comme Black Corton, ou encore récemment Sans Bruit (Triple Threat) dans le Red Rum Handicap Chase (Gr3), à Aintree, la jeune femme a gagné de bout en bout, démontrant sa science du train. Elle a aussi remporté deux Grs1 sur le steeple de Sandown avec Greaneteen (Great Pretender). Elle compte plus de 300 victoires et cinq succès de Gr1, pour dix-sept victoires de Groupe au total. Voilà pour le “côté pistes”. À pied, lors de ses interviews, elle a toujours démontré beaucoup d’enthousiasme sur la pratique de son métier et d’amour pour ses chevaux, le tout avec un sourire rayonnant. Une vraie belle publicité pour les courses : voilà ce que nous avions écrit lors de ses grands succès anglais. C’est une chance de l’avoir chez nous et un vrai challenge pour elle car le déroulement des courses d’obstacle françaises et anglaises est très différent.

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