Saint-Cloud, dimanche
Grand Prix de Saint-Cloud (Gr1)
DUBAI HONOUR, LE GUERRIER GLOBETROTTER
1er DUBAI HONOUR
2e FEED THE FLAME (K)
3e POINT LONSDALE
De tous les voyages et de tous les combats… Dubai Honour (Pride of Dubai) est un cheval de rêve pour son entourage – même si son entraîneur, William Haggas, n’aime vraiment pas prendre l’avion, ce qui peut être problématique avec un tel globetrotter ! Dimanche, Dubai Honour remporte son premier Gr1 européen, après ses deux succès au plus haut niveau en Australie en 2023.
La course a été menée par Outbox (Frankel), en eau au rond de présentation et mal sorti de sa stalle. Mais personne n’a voulu aller devant et Outbox a pu prendre les commandes, menant dans son action sans imprimer énormément de rythme. Point Lonsdale (Australia) a voyagé en deuxième position, le nez au vent, tandis que Dubai Honour a eu le bon parcours dans le sillage de l’animateur, le long du rail. Il fallait juste que cela s’ouvre et, à 500m, Dubai Honour a pu passer entre Outbox et Point Lonsdale. À ce moment-là, la dureté a parlé. Il n’a rien lâché, jusqu’au bout. Même si, à 300m du but, Feed the Flame (K) (Kingman) lui a pris l’avantage. Mais le « vieux briscard », bien appuyé le long du rail, ne s’est pas laissé faire, s’imposant d’une longueur trois quarts devant Feed the Flame, qui a peut-être un peu craqué pour finir, après s’être retrouvé coincé en troisième épaisseur, le nez au vent, lors du premier tournant. Froid et pas taillé pour sprinter, Point Lonsdale était actionné dès le tournant final mais ne fait que se relancer pour finir, concluant troisième à une encolure de Feed the Flame. Irésine (Manduro), attentiste en dernière position, ne démérite pas pour se classer quatrième à trois quarts de longueur. Il finit bien, sans pouvoir faire mieux dans une course peu rythmée.
Le cheval que tout le monde rêve d’avoir
Dubai Honour venait de bien courir dans le Grand Prix de Chantilly (Gr2) de Junko (Intello), le grand absent du jour, dont il s’était classé troisième. Le terrain était mesuré à 4,2, et il faisait à cette occasion son retour sur 2.400m, distance sur laquelle il n’avait pas couru depuis sa deuxième place, en septembre 2022, sur la fibrée de Kempton dans les September Stakes (Gr3). Une piste qui ne propose pas vraiment de test de tenue, et d’ailleurs le lauréat, Mostahdaf (Frankel), était un pur 2.000m. Dans le Grand Prix de Chantilly, qui n’avait pas été très vite non plus, Dubai Honour n’avait pas franchement passé de test de tenue. Ce n’est pas forcément le cas non plus dimanche mais son attitude semble montrer qu’il n’était pas au bout de son effort.
William Haggas n’aimant pas voyager, c’est son épouse Maureen qui – comme souvent – était présente à Saint-Cloud. Elle nous a dit : « William va décider de la suite mais il est dans beaucoup de Grs1 [dont les Eclipse Stakes qui se disputent dans moins de sept jours, et les King George VI and Queen Elizabeth Stakes, le 27 juillet, ndlr]. Il est hongre, donc certaines épreuves ne lui sont pas ouvertes. Mais c’est une star, tout simplement. Il a 6ans et donne le meilleur de lui-même à chaque fois. C’est l’un de ces chevaux que tout le monde rêve d’avoir. Nous aimerions en avoir dix comme lui mais ils sont rares. Il est juste parfait mentalement, vraiment très agréable. Il s’est retrouvé dans une position parfaite. Point Lonsdale a commencé à mettre la pression de loin, je crois que cela lui a permis de venir de là où il était. Il a fait le job aujourd’hui et va certainement monter dans un avion. Nous verrons pour où ! Rien ne le dérange, il prend les choses comme elles viennent. Avec ce type de chevaux, vous pouvez partir à la chasse aux allocations, donc retourner à Hongkong serait une option. »
Comme le bon vin
L’option du Hong Kong Vase, mi-décembre, est assez évidente. Les 2.400m ne sont pas le sport des locaux, les meilleurs chevaux japonais sur 2.400m sont plutôt dirigés vers la Japan Cup (Gr1), fin novembre, ou l’Arima Kinen (Gr1), fin décembre. Une belle option pour les Européens qui visent véritablement l’épreuve, laquelle tombe en toute fin de saison et n’attire pas forcément ceux ayant fait le choix de l’Arc ou du Breeders’ Cup Turf (Gr1).
Philip Robinson, racing manager de Mohamed Obaida, le propriétaire de Dubai Honour, nous a dit : « Plus il vieillit et meilleur il est ! Il confirme aujourd’hui que les 2.400m lui plaisent et qu’il peut exprimer tout son potentiel sur la distance. Cela nous ouvre de nouvelles portes pour l’avenir, d’autant plus qu’il le fait en bon terrain. Dubai Honour est un bon serviteur depuis le départ et l’histoire n’est pas finie avec lui ! On sait qu’il voyage très bien, donc nous pouvons y penser sur le long terme. Je crois que son entraîneur, William Haggas, serait tenté par le Hong Kong Vase mais c’est en décembre, il y a le temps et d’autres courses avant cela. En début d’année, il a juste eu un petit pépin pendant un galop alors qu’il se préparait à retourner en Australie. Il n’a donc pas pu y aller mais il décroche son Gr1 en Europe et a engrangé beaucoup d’allocations. Nous espérons que ce ne soit pas fini ! »
Feed the Flame de nouveau placé de Gr1
Gagnant l’an passé du Grand Prix de Paris (Gr1), Feed the Flame répond de nouveau présent : troisième du Prix Ganay (Gr1), troisième de la Coronation Cup (Gr1) et deuxième, donc, du Grand Prix de Saint-Cloud. Philosophe, son entraîneur, Pascal Bary, nous a dit : « Il court très bien et il a bien accéléré. Aujourd’hui, il est battu par un cheval qui avait le numéro 1 dans les boîtes, c’est la vie des courses… L’épreuve a manqué de rythme et nous nous sommes retrouvés nez au vent en début de parcours. Ce qui lui manque ? Une course réservée aux chevaux français (rires) ! »
Point Lonsdale en vrai dur
Point Lonsdale n’a pas pu imiter son propre frère Broome, lauréat en 2021 du Grand Prix de Saint-Cloud. Comme lui, il ne manque pas de tenue et la course peu rythmée n’a probablement pas joué en sa faveur, puisqu’il n’est pas taillé pour sprinter. Il sera intéressant de voir s’il poursuit sa route sur 2.400m ou si, comme Broome, il alterne pour la suite de sa carrière avec les distances un peu plus longues. Hermine Bastide, représentante de Coolmore en France, a commenté : « Point Lonsdale est très dur et il revient finir. Avec 100m de plus, Ioritz Mendizabal pense qu’il aurait pu être deuxième. »
Les circonstances contre Irésine
Quatrième, Irésine ne démérite pas, finissant bien après avoir été longtemps en dernière position. Jean-Pierre Gauvin, son entraîneur, a dit : « Il a un peu subi son numéro de corde, nous nous sommes retrouvés derniers et la course a été régulière, sans plus. Donc, au démarrage, nous avons tout de même pas mal de longueurs à refaire et nous savons que ce n’est pas son terrain favori. Il accélère bien à l’entrée de la ligne droite mais n’a pas la deuxième accélération qu’on lui connaît en terrain plus souple. Il ne démérite pas, il refait du chemin. Je suis déçu de ne pas gagner mais je craignais le numéro et le terrain et je pense que nous sommes battus pour ces différentes raisons. J’avais prévu d’attendre l’automne. Le Prix Foy, peut-être les Champion Stakes où nous devrions avoir une chance de trouver du terrain très souple. Si nous faisons l’impasse sur les Champion Stakes, peut-être le Conseil de Paris, comme l’an dernier, pour préparer un voyage en Asie, mais plutôt à Hongkong. Ce n’est pas forcément sa surface non plus mais Junko, qu’il avait battu, s’y était imposé. À tout hasard, je l’ai engagé dans les King George VI and Queen Elizabeth Stakes fin juillet, si jamais on voit qu’il est très bien et si la météo est favorable. »
Un neveu de Last Kingdom
Élevé en Irlande par Macha Bloddstock (François Drion) et Meridian International (Ghislain Bozo), Dubai Honour est un fils de l’australien Pride of Dubai (Street Cry), dont il appartient à la première génération européenne. L’étalon faisait alors la navette en Irlande, à Coolmore, au tarif de 15.000 €. Il est venu à trois reprises en Europe, de 2017 à 2019. On lui doit aussi Pride of Jenni, gagnante de trois Grs1 en Australie, sur 1.600m à 2.000m, dont les Queen Elizabeth Stakes 2024 (Gr1) – épreuve aussi remportée par Dubai Honour dans le passé –, en signant l’une des performances les plus spectaculaires de l’année, menant détachée d’une ligne droite. Présenté sur le ring du book 2 de Tattersalls, Dubai Honour a été acheté 110.000 Gns. C’est le meilleur produit de sa mère, l’inédite Mondélice (Montjeu). On lui doit aussi Manxman (Cracksman), lauréat de cinq handicaps en Angleterre. Son 3ans, Vercors (Invincible Spirit), est à l’entraînement en France chez Fabrice Chappet et a gagné deux courses, sur 1.200m et 1.350m. Elle a une yearling par St Mark’s Basilica (Siyouni) et a rencontré New Bay (Dubawi) en mai 2023.
La deuxième mère, Compelling (Kingmambo), a donné le lauréat du Prix Daphnis (Gr3) Last Kingdom (Frankel). La troisième mère, Damson (Entrepreneur), a été une championne à 2ans, gagnante des Phoenix Stakes (Gr1) ainsi que des Queen Mary Stakes (Gr2) à Royal Ascot. Elle a donné l’étalon Requinto (Dansili), gagnant des Flying Childers Stakes (Gr2).
LES CHRONOS
TEMPS PARTIELS
Du départ à 1.000m : 1’31’’84
De 1.000m à 600m : 24’’58
De 600m à 400m : 11’’49
De 400m à 200m : 10’’92
De 200m à l’arrivée : 11’’57
Temps total : 2’35’’35
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Machiavellian |
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Street Cry |
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Helen Street |
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Pride of Dubai |
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Danehill |
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Al Anood |
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Eljazzi |
DUBAI HONOUR (H6) |
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Sadler’s Wells |
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Montjeu |
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Floripedes |
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Mondelice |
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Kingmambo |
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Compelling |
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Damson |