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jeudi 19 juin 2025
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Les montagnes russes, l’autre terrain de jeu de Clément Lefebvre

Les montagnes russes, l’autre terrain de jeu de Clément Lefebvre

Christopher Galmiche

cg@jourdegalop.com

16 h 25, dimanche 18 mai, Auteuil. La Cravache d’or 2024, Clément Lefebvre, vient de remporter son second Grand Steeple-Chase de Paris – Le Défi des Haras (Gr1), pour sa deuxième participation à l’épreuve. En remplacement de Bertrand Lestrade, il était associé à Diamond Carl (Diamond Boy), qui s’est imposé brillamment. Lundi soir, il est revenu pour nous sur ce nouveau sacre, mais aussi sur les montagnes russes émotionnelles qu’il a traversées cette année.

Rembobinons le film des derniers mois. Nous sommes le 4 février à Pau et Clément Lefebvre est au départ du Prix Louis La Caze, épreuve sur les haies où il est associé à Lycaon de Berce (Walzertakt). Le duo chute. Clément Lefebvre est blessé à l’épaule, la même que celle qui l’avait empêchée de monter Gran Diose (Planteur) dans le Prix La Haye Jousselin (Gr1) 2024. Il ne peut donc se mettre en selle sur le champion Hip Hop Conti (Lauro) dans le Grand Cross de Pau (L). Un premier coup dur : « Lorsque je suis tombé, j’ai été victime d’une luxation de l’épaule avec rupture des ligaments du tendon de la coiffe et du biceps. La même épaule sur laquelle j’avais déjà eu une luxation fin 2024. J’ai été opéré dix jours après ma chute… le temps de trouver un chirurgien. Je me suis fait opérer à Bayonne par un chirurgien qui a été très fort. C’était à la mi-février. Ensuite, j’ai eu un mois d’écharpe tout en faisant de la kinésithérapie deux fois par semaine. Puis un nouveau mois sans écharpe mais avec des séances de kinésithérapie deux fois par semaine afin d’essayer de redonner de la mobilité à l’articulation touchée. J’ai enchaîné par un séjour de trois semaines à Capbreton pour retrouver non seulement de la mobilité mais aussi de la force et de la condition pour remonter à cheval. Nous étions alors deux mois et demi après ma chute à Pau. À la fin du mois d’avril, j’ai pu reprendre l’entraînement. Mon emploi du temps à Capbreton était chargé mais adapté à mon évolution. J’avais piscine le matin, kinésithérapie durant une heure avec des exercices dans l’eau, d’autres avec le kiné. Le tout en compagnie de personnes qui avaient la même pathologie que moi. Pendant une demi-heure, j’avais rendez-vous avec un ergothérapeute afin de regagner de la mobilité vers le haut, que je n’avais plus du tout au début. J’enchaînais ensuite avec des machines froides et, un jour sur deux, le midi, je faisais soit des abdominaux, soit des exercices de musculation du bas du corps. Tout cela me prenait quatre heures le matin. L’après-midi, j’avais une heure de kinésithérapie sur table, puis du vélo pour travailler le cardio avec un programme à respecter chaque jour puis à nouveau trois quarts d’heure de piscine, de l’aquarunning avec des sprints à faire dans l’eau, des montées de genoux… »

Objectif Grand Steeple avec un retour en piste en amont

Après ce chemin de croix qui lui a permis de retrouver la forme, Clément Lefebvre se fixe comme objectif d’être présent lors du week-end du Grand Steeple. Pour cela, il faut déjà revenir dans les pelotons et cela sera chose faite le 1er mai, en selle sur son pensionnaire Trésor de Chiron (Joshua Tree), sur le steeple de Pontivy. Ine Glore d’Anjou (Sinndar) lui permet ensuite de renouer avec la victoire, sur les haies de Jallais, le 4 mai. Un jour plus tard, grâce à Kiroga (Voiladenuo), il retrouve le chemin du succès en steeple. « Bien sûr, je m’étais fixé l’objectif du Grand Steeple pour effectuer mon retour. Mais ce sont des week-ends où il faut être à 200 %. Revenir uniquement pour ce week-end-là, c’était déjà bien, mais il était nécessaire d’être en piste un peu avant pour se remettre en forme, retrouver les sensations dans les pelotons. Je suis sorti de Capbreton le 26 avril et dès le 28 avril, j’ai commencé à remonter à cheval. Ensuite, j’ai remonté en course le 1er mai, sur un cheval que j’entraîne. C’était volontaire : je me sentais bien le matin, mais je préférais monter l’un de mes protégés pour ma reprise au cas où. Cependant, je n’avais ressenti aucune gêne le matin, c’est pour cela que j’ai remonté aussi tôt. Ma rentrée a validé mes sensations du matin. De ce fait, j’ai enchaîné les courses rapidement pour d’autres professionnels. Les victoires sont arrivées relativement vite. J’ai eu la chance d’être associé à de très bons chevaux et tout s’est enchaîné.​ ​​​​​​Même si, lorsque je me suis remis en selle, je me sentais bien, je suis quand même resté trois mois sans monter en course… Dans les grandes épreuves, nous n’avons pas le droit à l’erreur ! »

Déception et respect

Le second coup dur intervient deux semaines et demie avant le Grand Steeple. Clément ne sera finalement pas associé à Gran Diose. « Je vous avoue que j’étais déçu de ne pas monter Gran Diose. C’est la vérité. Mais la décision de son entourage se respecte : Thomas [Beaurain, ndlr] a fait la rentrée de Gran Diose. De mon côté, je venais juste de retrouver la compétition et l’entourage ne savait pas si j’étais suffisamment en forme ou non. Le Grand Steeple, c’est la plus belle course de l’année et nous n’avons pas le droit à l’erreur. Leur choix est respectable. Une décision certes difficile à encaisser sur le coup mais il fallait aller de l’avant. Je respecte ce choix. Au final, la course m’a souri et c’est tant mieux pour moi ! »

Diamond Carl au pied levé

Clément Lefebvre n’était pas déclaré en selle dans le Grand Steeple, même s’il avait eu des propositions. Il nous a expliqué comment il s’est retrouvé associé à Diamond Carl, en remplacement de Bertrand Lestrade, blessé suite à une chute la veille du Grand Steeple. Ce dernier, sportivement, lui a livré le mode d’emploi concernant le représentant de la famille Papot. « Avec mon agent, nous avions fait le choix de ne pas monter le Grand Steeple, au cas où un concurrent avec une première chance se libérerait, ce que nous ne souhaitions pas bien entendu. C’est ce que j’ai vécu pour le Prix La Haye Jousselin où, blessé, je n’avais pu être associé à Gran Diose. Nous savons très bien dans ce milieu que, tant que vous n’êtes pas sur le cheval, tout peut se passer. Mon agent a eu un premier contact avec François Nicolle le samedi soir et de mon côté, j’ai eu la confirmation que j’allais monter Diamond Carl le dimanche matin. Bertrand [Lestrade, ndlr] m’a envoyé un message en me proposant d’échanger sur le cheval. Je l’ai appelé et il m’a confirmé que je montais Diamond Carl. J’ai reproduit beaucoup des conseils que Bertrand m’a livrés. C’est l’avantage de parler avec un grand jockey qui a beaucoup d’expérience, avantage encore plus important dans ces grandes courses. Bertrand m’a donné beaucoup de conseils sur l’attitude du cheval, les explications sur sa contre-performance de rentrée, comment il aimait être monté… Ce n’était pas des ordres à proprement parler mais des conseils qui pouvaient me servir pendant la course. Tous ces éléments m’ont permis de monter Diamond Carl en confiance. »

Pensées pour Bertrand

Clément Lefebvre s’est fait oublier toute la course avec Diamond Carl. Au point même que l’entraîneur du cheval, François Nicolle, l’avait perdu de vue, comme il nous l’a expliqué dans notre précédente édition. Si pour les observateurs, il avait course gagnée entre les deux derniers obstacles, le jockey avait, lui, de très bonnes sensations dès le rail-ditch : « Pour arriver sur le rail-ditch, ça vient entre deux, le cheval est parti grand mais il a couvert l’obstacle. Je me suis dit : « Il a du gaz ! » Cela faisait 4.500m que nous étions partis et il était capable de faire un tel saut à ce moment du parcours… Cela voulait dire beaucoup ! Au moyen open-ditch, il est venu au pied et je me sentais alors en pleine confiance. Au passage du poteau, j’étais heureux. Le matin, à 10 h 30, j’ai appris que je montais le Grand Steeple. Alors vous ne réalisez pas trop en passant le poteau. J’ai pensé à Bertrand. Je me répète, mais j’ai vécu ce qu’il a vécu dans le Prix La Haye Jousselin 2024. Ce sont des moments qui ne sont souhaitables à personne. Il faut cependant réussir à savourer ces moments car ils sont uniques. »

Une fierté

Passer le poteau en tête dans le Grand Steeple, au pied levé, pour un professionnel pour lequel vous montez occasionnellement, et avec la casaque Papot, c’est fort ! « C’est une grande fierté d’offrir un premier Grand Steeple à François Nicolle, avec les couleurs de la famille Papot. Monsieur Nicolle me fait confiance depuis quelque temps. C’était un privilège de monter un si bon cheval au pied levé. Offrir la victoire à tout son entourage, c’était vraiment top ! »

Le buzz du samedi

Dans le Prix Djarvis, samedi à Auteuil, Clément Lefebvre a fait le buzz malgré lui. En selle sur Lord Brett (Born to Sea), Kevin Nabet a été éjecté de son partenaire au bull-finch. À terre, il a réussi à tenir les rênes de Lord Brett mais s’est aussi raccroché à celles de L’Amazone (Khalkevi), partenaire de Clément Lefebvre. La scène a duré moins de 100m avant que Kevin Nabet ne lâche les deux chevaux. « Je vous assure que c’est la première fois que je vis cela en course ! C’était vraiment particulier. Il y avait cet instinct de s’accrocher aux « branches » de Kévin [Nabet, ndlr]. Ce n’est pas trop explicable. »

Gagner !

Après ce retour tonitruant, un deuxième Grand Steeple, quels sont désormais les objectifs de Clément Lefebvre pour 2025 ? « Gagner le plus de courses possible ! Et monter de bons chevaux bien sûr. Mais je suis un gagneur et un compétiteur dans l’âme. Nous allons poursuivre la même méthode : nous rendre un peu partout, monter pour nos clients et être fidèle. »

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