Mot de la fin : Stoïque
Les Anglais appellent cela le “stiff upper lip”, cette capacité à rester stoïque face à l’adversité et aux événements. En 1987, le mensuel (malheureusement disparu) Galop Informations consacrait une page à André Fabre. Il avait alors 42 ans et venait de basculer quelques années auparavant dans le plat, après avoir débuté en entraînant des sauteurs. On y apprenait que le jour où il avait remporté son premier Prix de l’Arc de Triomphe (Gr1) avec Trempolino (Sharpen Up), André Fabre était resté totalement impassible. L’entraîneur était resté figé devant un petit écran de télévision à l’entrée du vestiaire des jockeys. Comme si la course qui se déroulait de l’autre côté des tribunes, sous les yeux de milliers de spectateurs, ne le concernait pas. Deux minutes trente qu’André Fabre avait traversées sans le moindre signe d’émotion, d’appréhension ou encore de jubilation… Au début des années 1980, quelques années avant l’Arc de Trempolino, André Fabre avait déclaré dans ces mêmes colonnes : « Le Français, viscéralement, n’aime pas la compétition, ni son verdict, c’est-à -dire la sélection. » Quelques lignes plus loin, il ajoutait sur son maître, André Adèle : « J’ai beaucoup appris à ses côtés. Son cynisme vis-à -vis de ceux qui travaillaient avec lui a paradoxalement eu pour effet de lui attacher ces gens à vie, dans une totale fidélité vouée à sa personne et à son autorité. » Près de 36 ans plus tard, nul doute que le leader français ne réfuterait pas ces propos. Les décennies passent et il garde toujours la même distance, le même flegme que dans sa jeunesse. Ainsi le 1er mai à Saint-Cloud, après le succès de Tribalist (Farhh) dans le Prix du Muguet (Gr2) il reste de marbre. Félicité de toute part, il n’a laissé transparaître aucune émotion… ★★