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mardi 8 octobre 2024
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Justify là où l’on ne l’attendait pas

Il est le père des deux meilleurs 2ans d’Europe

Justify là où l’on ne l’attendait pas

Le samedi 28 juillet 2018, la fin de carrière de Justify (Scat Daddy), unique lauréat invaincu de la Triple couronne américaine, a été annoncée par une parade sur l’hippodrome de Del Mar. Un mois et demi plus tard, Coolmore a gagné sa bataille pour s’adjuger comme futur étalon Justify à un prix – selon plusieurs sources bien renseignées – avoisinant les 75 millions de dollars ! Le tarif pour sa première saison de monte a été fixé à 150.000 $. Exception faite de la précocité, Justify avait tout pour séduire les éleveurs. Pourtant, malgré cette lacune, Justify est aujourd’hui le père du meilleur 2ans d’Europe, City of Troy (117 de rating) et de la meilleure pouliche, la française Ramatuelle (K) (107), avec seulement sa deuxième génération !

Dix gagnants de Groupes

Justify avait effectué ses débuts à 3ans, le 18 février à Santa Anita, parvenant d’emblée à briser la malédiction d’Apollo, fils de deux étalons (Ashstead ou Lever ?), dernier cheval à avoir enlevé le Kentucky Derby (en 1882) sans avoir couru à 2ans. On pouvait tout attendre d’un champion qui, en moins de quatre mois et six courses, n’était passé près d’une défaite qu’à une reprise (dans les Preakness courues dans le brouillard). Justify a trouvé un excellent soutien grâce à Coolmore, tout autant qu’avec le soutien des éleveurs américains. Il a eu une première génération dans l’hémisphère Nord de 177 sujets, suivie d’une deuxième de 167. Et, entre les deux, il a fait la navette en Australie où il a donné 96 juniors. Au total, Justify a produit dix gagnants de Groupe, dont neuf ont décroché leur titre à 2ans, et 23 sujets black types avec une large majorité (16) d’éléments précoces.

Les gagnants de Groupe de Justify

Cheval Sexe Mère Père de mère Pays Âge Prix d’achat Entraîneur Titre
Aspen Grove F Data Dependent More than Ready IRE 3 Élevée Fozzy Stack Gag. Gr1
Arabian Lion M Unbound Distorted Humor USA 3  600.000 $ Bob Baffert Gag. Gr1
Ramatuelle F Raven’s Lady Raven’s Pass FRA 2 100. 000 € Christopher Head Gag. Gr2
City of Troy M Together Forever Galileo IRE 2 Élevé Aidan O’Brien Gag. Gr2
Learning to Fly F Ennis Hill Fastnet Rock AUS 2 900.000 AU$ Annabel Neasham Gag. Gr2
Statuette F Immortal Verse Pivotal IRE 3 Élevée Aidan O’Brien Gag. Gr2
Verifying M Diva Delite Repent USA 3 775.000 $ Brad Cox Gag. Gr3, Pl Gr1
Air Assault M Elegant Eagle Zabeel AUS 2 100.000 AU$ Leon MacDonald Gag. Gr3
Champions Dream M Dancinginherdreams Tapit USA 3 425.000 $ Mark Casse Gag. Gr3
Just Cindy F Jenda’s Agenda Proud Citizen USA 3 140.000 $ Eddie Kenneally Gag. Gr3

Six ont brillé sur le gazon

Quatre gagnants de Groupe sont entraînés aux États-Unis. Dès lors, logiquement, ils ont remporté leur succès sur le dirt. Le meilleur d’entre eux est Arabian Lion, un “Baffert” qui a raté le train de la Triple couronne mais a remporté les Woody Stephens (Gr1) à Belmont. Quatre sont stationnés en Europe : en plus des 2ans de cette année, on retrouve Aspen Grove, qui avait ouvert son palmarès l’an dernier dans les Flame of Tara (Gr3) avant de s’adjuger les Belmont Oaks (Gr1), ainsi que Statuette, si prometteuse en 2022 mais pas revue cette saison. Les deux australiens sont Learning to Fly, invaincue en trois courses avant de faire tomber son jockey dans les Golden Slipper (Gr1) et le plus tardif Air Assault, qui s’est imposé dans les South Australian Sires’ Produce (Gr3). On retrouve six gagnants de Groupe sur le turf et quatre sur le dirt pour neuf entraîneurs différents. Le seul qui en héberge deux dans son écurie n’est autre qu’Aidan O’Brien. Si on prend également en compte les autres black type, on retrouve alors 18 entraîneurs pour 23 sujets. Il y a les “Baffert” et les “Pletcher” mais également celui de James Chapman qui entraîne Prove Right, un placé de Gr3 qui a coûté 15.000 $ et en a gagné 232.000 $, et de José Jimenez, deux professionnels qui rarement ont dépassé le million de dollars de gains par saison.

Cinq sont à l’entraînement en France

En plus de Ramatuelle, les produits de Justify enregistrés à l’entraînement par France Galop sont au nombre de quatre. La seule autre 2ans est Soleil Levant, élevée par Westerberg, achetée 160.000 Gns (195.000 €) par Monceaux, Skymarc et Noir et Or Élevage à Tattersalls et confiée à Jean-Claude Rouget. Nicolas de Watrigant a acheté un produit de l’étalon à la breeze up Arqana pour 50.000 €. Issu de Shell House (Galileo), placée de Groupe, il est destiné à aller à l’entraînement en France. Les 3ans sont l’invaincue Secretive, qui a remporté deux courses sur la P.S.F. pour l’entraînement de Yann Barberot et la casaque Prime Equestrian, le hongre Malleolus placé pour ses débuts sous l’entraînement de Mikel Delzangles, et l’inédite Thanksgiving, confiée à Nicolas Clément par China Horse Club.

Son premier top price au Japon

La première génération de Justify a affiché un prix moyen de 314.160 € pour 81 yearlings vendus avec trois millionnaires en dollars, dont deux vendus au Japon. Un n’a pas couru, l’autre est le top price, nommé Yuttitham, qui a coûté 200 millions de yens (1,28 M€) et a gagné trois courses sur cinq en se classant quatrième dans le Japanese Dirt Derby (L), il y a une semaine. La deuxième génération a confirmé avec un prix moyen de 296.332 €, 78 vendus et trois millionnaires en dollars dont deux achetés par Coolmore. Les juniors 2023 qui sont passés en vente en Europe sont au nombre de cinq, dont trois proposé à Arqana où Arthur Hoyeau a déniché Ramatuelle, ce qui correspond au même chiffre qu’en 2022. La présence de Justify sur le vieux continent est un peu plus conséquente puisque l’étalon a le fort soutien de Coolmore qui a envoyé au jeune sire plusieurs juments de haut niveau, presque toutes par Galileo, à l’image de Together Forever, la mère de City of Troy. En Australie, où le tarif de Justify est beaucoup plus bas (47.000 € la première saison et 41.000 € la deuxième), le prix moyen des Justify a affiché 246.000 AU$ (150.000 €) en 2022 et 218.000 AU$ (132.000 €) cette année.

Trois pouliches à la vente d’août

Trois yearlings par Justify figurent dans le catalogue de la vente d’août. Par ordre numérologique, on retrouve, avec le lot 128, une sœur de Shamwari – placé black type – élevée par Barronstown et présentée par le haras d’Étreham. Le lot 242 présente un profil à la Ramatuelle : elle est élevée par la Yeguada Centurion qui a acheté la mère, Hollywood Glory (Maclan’s Music), à Keeneland, et l’a envoyée à Justify. Tout comme Ramatuelle, elle sera présentée par le haras de l’Hôtellerie. La troisième (lot 278) est le premier produit de la gagnante à 2ans Lovely Queen (Kingman), élevée par Jean-Pierre Dubois et présentée par le haras des Capucines. Les catalogues de Goffs Orby et Tattersalls October ne sont pas encore parus et on devrait y retrouver un peu plus de produits de Justify que lors des deux premières années. Mais sûrement pas bien plus puisque très peu d’éleveurs ont suivi le pari de Coolmore qui a aussi acheté de nombreuses top-juments aux États-Unis comme en Australie.

Champion first crop en Australie

Le marché, d’accord, mais les statistiques ? L’an dernier, aux États-Unis, Justify s’est classé troisième du classement des First crop sires par les gains, non loin de Bolt d’Oro (Medaglia d’Oro). Il est également dauphin, au nombre de gagnants (29), de Sharp Azteca (Freud), alors que cette année, il a conservé sa troisième place par les gains. En Australie, quasiment à la fin de la saison, il est largement en tête par les gains et deuxième au nombre de gagnants (huit, ce qui reste honorable compte tenu de la concurrence). En Europe, Justify n’a pas eu assez de partants mais, avec les gains de City of Troy et de Ramatuelle, il occupe la neuvième place du classement des pères de 2ans avec cinq juniors qui ont couru. Au total, sur 17 partants en Europe, Justify a six produits black types et ce n’est pas terminé puisque les produits de Justify sont plus précoces que leur père. Ceci dit, dans l’histoire des courses, il restera comme le seul gagnant invaincu de la Triple couronne et le cheval qui a brisé la malédiction d’Apollo…

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