lundi 13 mai 2024
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Renaud Lavillenie : « J’ai découvert un milieu qui me plaît »

Renaud Lavillenie : « J’ai découvert un milieu qui me plaît »

Propriétaire depuis trois ans, Renaud Lavillenie, champion olympique du saut à la perche en 2012, à Londres, a vu ses couleurs briller à plusieurs reprises, notamment dans deux Grs3 à Auteuil. Pourtant, son aventure ne fait que commencer…

Par Rose Valais

rv@jourdegalop.com

Jour de Galop. – Le monde des courses a-t-il été une belle découverte ?

Renaud Lavillenie. – Le milieu des courses hippiques a en effet été pour moi une jolie surprise… L’aspect humain est particulièrement fort dans cette aventure… J’ai pu rencontrer des personnes avec lesquelles je passe d’excellents moments. D’un point de vue sportif, j’y trouve énormément de plaisir et les aléas rencontrés dans les courses me plaisent. Je ne m’étais pas plus renseigné que cela sur le milieu, mais à mon arrivée, j’ai réellement découvert un monde plaisant.

Qu’avez-vous appris depuis vos débuts en tant que propriétaire ?

Au début, j’avais de jeunes chevaux, ce qui m’a permis de découvrir la partie débourrage et pré-entraînement. Le côté entraînement a également été une belle découverte. J’ai également dû me familiariser avec les différentes catégories de courses, ce qu’elles représentent. J’ai la chance d’avoir à mes côtés Jules Cyprès qui m’aide énormément. L’objectif est de ne pas être propriétaire uniquement “sur le papier” car je souhaite m’impliquer au maximum. Et grâce à mon expérience d’athlète, il y a toujours de petits points de comparaison à établir.

Selon vous, avoir plusieurs parts de chevaux en association est-elle la bonne solution pour de nouveaux propriétaires ?

Je ne peux pas affirmer le contraire. Je me suis lancé dans le monde des courses afin de pouvoir partager ces moments conviviaux à plusieurs, au-delà du sport. Grâce aux petites parts que je détiens sur un cheval, je peux passer d’agréables moments avec mes associés. Lorsque nous sommes seuls, l’aspect financier rentre en jeu mais je pense que les émotions ne sont pas vécues de la même manière. De plus, être à plusieurs permet d’avoir une réflexion intéressante entre associés sur le programme d’un cheval. C’est également l’occasion de partager des repas. Et même, si nous n’avons pas 100 % d’un cheval, les émotions sont similaires. Je suis notamment associé à Pierre Pilarski sur plusieurs chevaux. Sa grande expérience m’est bénéfique et ô combien intéressante. Lorsqu’il donne son avis, je sais que je peux lui faire confiance…

Quels sont les chevaux qui vous ont le plus marqué ?

J’ai déjà eu la chance de tomber sur de bons chevaux et couru de grandes courses. Je ne pourrais jamais oublier Idée Neuve (Diamond Boy), la première pouliche sous mes couleurs. Elle aura toujours une place particulière. Voir ma casaque gagner à Auteuil était quelque chose de fort. J’ai eu aussi l’opportunité de remporter deux Grs3 chez les femelles et d’avoir couru trois Grs1… Chaque histoire est différente. En deux ans, j’ai vécu de grands moments ! Lorsque Kargèse (Jeu St Éloi) a remporté le Prix Sagan (Gr3), je n’étais pas présent pour vivre pleinement ce moment. Mais, je me souviens que lorsque Villa Rica (Cokoriko) a remporté cette même épreuve, je n’étais pas loin d’avoir une petite larme. Lors du grand week-end de l’obstacle, South Lodge (Milan) disputait le Prix Maurice Gillois (Gr1). Elle n’avait pas de chance mais la voir se donner à fond et réaliser cette performance [8e, ndlr ] m’a apporté beaucoup d’émotions. J’étais ravi car c’est un honneur d’avoir eu cette pouliche sous mes couleurs au départ d’un Gr1.

Pensez-vous vous lancer un jour dans l’élevage ?

Non (rires). J’adore y passer du temps lorsque je suis chez Jules Cyprès. J’aime bien voir les nouvelles naissances et les chevaux qui sont au repos mais c’est un autre métier. Plus tard, j’aimerais bien retrouver l’un de mes chevaux en fin de carrière afin de faire des balades… Je ne suis pas certain de changer d’avis par rapport à l’élevage mais j’aurai le temps de choisir le cheval que je souhaite garder (rires).

Allez-vous davantage investir en plat ?

Judgeland (It’s Gino) est notre seule représentante en plat mais elle y court “par défaut”. À la base, nous espérions qu’elle évolue sur les obstacles mais finalement, elle est plus à l’aise sur le plat. Je n’ai pas du tout la même attractivité et je ne ressens pas les mêmes émotions en regardant les courses plates. Je pense que l’obstacle me correspond réellement. Jusqu’à la dernière haie, tout peut arriver. C’est un peu comme moi en saut à la perche : tout peut basculer jusqu’au dernier essai. Pour moi, les courses d’obstacle sont plus excitantes. Je n’ai pas prévu de me diriger vers le plat… sauf si des opportunités venaient à se présenter.

Allez-vous assister à l’entraînement le matin ?

Faute de temps, je n’ai pas pu assister à de nombreux entraînements. De plus, les entraîneurs chez qui je possède des chevaux ne sont pas installés à côté de chez moi. Mais j’ai réussi à voir toutes les différentes étapes : débourrage, préentraînement, entraînement. J’attends de boucler ma saison pour revoir mes chevaux le matin chez leurs différents entraîneurs. La vision de chacun est très intéressante car les méthodes sont bien souvent différentes. L’année dernière, nous avions fait une petite tournée avec Jules. D’abord chez David Lumet, puis chez Donatien Sourdeau de Beauregard et, le lendemain, nous étions allés chez François Nicolle. Ce sont des environnements agréables et cela permet de tisser un lien avec l’entraîneur. Au niveau de l’entraînement des chevaux, hormis le travail régulier, il n’y a pas trop de points de comparaison avec le sport que je pratique. Moi, je réalise un travail sur le sprint alors que les chevaux travaillent principalement le fond. Mais il existe quand même quelques similitudes dans la méthode, notamment dans la montée en puissance et la progressivité. Même si le contenu n’est pas le même, les étapes sont similaires. Le comparatif le plus simple à faire concerne la gestion de la carrière du sportif : être à l’écoute du corps et de ne pas avoir peur d’écouter le cheval. Nous voulons toujours en faire plus et trop rapidement mais cela peut parfois porter préjudice. Personnellement, j’ai eu affaire à cette gestion : accepter d’en faire moins pour être plus performant.

Quel regard portez-vous sur les jockeys ?

C’est un sacré métier ! Les jours de courses, je suis fasciné lorsque je les vois monter plusieurs épreuves dans la même journée. Le risque de chutes assure encore plus le spectacle avec, hélas, des conséquences parfois graves. Je suis fréquemment en relation avec certains de mes jockeys et il est toujours intéressant d’avoir leur retour. Sur le plan sportif, c’est enrichissant. J’essaye de les encourager un maximum ! Rien n’est écrit, tout peut arriver et quand les planètes s’alignent, c’est magnifique.

Vivez-vous l’aventure en famille ?

J’ai été agréablement surpris car je ne suis pas seul dans cette aventure. Ma fille et ma femme se sont bien prises au jeu. Pour cette dernière, venir aux courses est devenu un plaisir, entre le côté sportif, les paris et la beauté du lieu. C’est plutôt sympa car cela nous permet de passer du bon temps en famille et de me projeter dans le futur. Au mois de mars, j’ai passé un week-end avec ma fille à Paris et nous étions allés voir Kargèse débuter à Auteuil. Ce jour-là, elle avait gagné. Un ami était présent avec nous et avant la course, il s’est positionné avec ma fille à côté du poteau. Sur la photo d’arrivée, on peut d’ailleurs les apercevoir. C’est l’un de mes plus beaux souvenirs…

Auteuil est votre hippodrome préféré mais pour vous, qu’est-il nécessaire d’améliorer ?

J’apprécie Auteuil et j’ai hâte de voir les rénovations. Je n’ai pas beaucoup de moyens de comparaison mais la première chose à laquelle je pense serait peut-être de créer plus de proximité entre le public et les chevaux. Pour les propriétaires, il faudrait peut-être plus de facilité afin de voir et vivre la course de manière plus intense.

Enfin, que manque-t-il aux courses pour avoir plus de visibilité au sein de notre société ?

C’est un milieu qui est connu pour son côté “enjeux” mais moins pour l’aspect sportif. S’il y a un progrès à faire, ce serait de communiquer sur le fait que le cheval est avant tout un athlète. Avant de penser à l’argent, il faut par conséquent songer aux performances…

Qui entraîne ses chevaux ?

Selon le site de France Galop, les pensionnaires de Renaud Lavillenie sont entraînés par Élisabeth Allaire, David Cottin, Adrien Fouassier, Isabelle Gallorini, Guillaume Macaire et Hector de Lageneste, Gabriel Leenders, Noel George et Amanda Zetterholm, François Nicolle et Donatien Sourdeau de Beauregard.

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