vendredi 10 mai 2024
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Plus de 300 millions depuis 2018

Le marché des juments haut de gamme

Plus de 300 millions depuis 2018

Depuis 2018, sur tous les rings de ventes de la planète, pas moins de 104 pouliches et poulinières ont atteint la barre des deux millions de dollars, dont 96 qui ont été vendues. Ces 96 juments représentent 312,38 M$ (289,56 M€). L’utilisation du dollar est liée à deux raisons. La première, c’est la force du marché américain qui totalise 68,7 % des transactions et 72,7 % du chiffre d’affaires. La seconde, c’est la constance du dollar, là où d’autres devises ont une valeur plus fluctuante… La top price du segment des ventes françaises en euros se nomme Malavath (Mehmas), adjugée en décembre dernier à 3,2 M€, c’est-à-dire 3,37 M$. Rougir (Territories), douze mois auparavant, a coûté 3 M€ à Peter Brant et Coolmore (3,39 M$).

Par Franco Raimondi

fr@jourdegalop.com 

L’ÉVOLUTION DU MARCHÉ DES JUMENTS À 2 MILLIONS OU PLUS SELON LES LIEUX DE VENTE

Année

Lots

FR

GB

AU

Chiffre d’affaires ($)

Jument la plus chère

2018

15

2

51.195.209

Lady Aurelia ($ 7.500.000)

2019

11

1

32.053.649

Blue Prize & Abel Tasman ($ 5.000.000)

2020

10

1

1

42.307.235

Monomoy Girl ($ 9.500.000)

2021

29

5

3

2

87.941.984

Magical World ($ 5.200.000)

2022

25

2

5

2

84.771.066

Gamine ($ 7.000.000)

2023

6

6

14.114.496

Forbidden Love ($ 2.725.000)

Le poids du dollar et des autres devises

En décembre 2021, un euro valait 1,13 $. En 2022, le taux de change a baissé à 1,05. En novembre 2021, un million de dollars correspondait à 113 millions de yens. Douze mois plus tard, le même million pesait 136 millions pour les acheteurs japonais. Tout sauf un détail puisque plus d’un tiers des femelles adjugées à plus de 2 M$ aux ventes américaines sont parties au Japon. L’investissement “haut de gamme” des japonais s’élevant 66,45 M$. En 2021, neuf femelles achetées aux États-Unis par des éleveurs japonais l’ont été à plus de deux millions. En 2022, ce nombre a chuté à sept, le chiffre d’affaires passant de 27,45 à 21,3 millions. Si on convertit cela en yens, on se rend compte que le Japon n’a pas levé le pied… bien au contraire !

Tout se passait aux États-Unis…

Dans les années 2018 et 2019, sur 26 femelles qui ont trouvé preneur à 2 M$ ou plus, 23 sont passées aux États-Unis et trois à Newmarket. En 2020, lorsque le Covid a changé la face du monde, dix femelles ont atteint la barre de 2 M€. Huit l’ont été aux États-Unis. Alors que la championne Sunlight (Zoustar) a été achetée 4,2 millions d’AU$ par Coolmore. Les Irlandais ont déboursé 2,2 millions de Gns pour Beach Frolic (Nayef), la mère du top miler Palace Pier (Kingman). Monomoy Girl (Tapizar), double lauréate de la Breeders’ Cup Distaff, a coûté 9,5 millions.  

Sept françaises à plus de deux millions

Depuis 2021, le scénario a changé, le segment du marché devenant plus international. Au cours des deux dernières années, sept femelles adjugées à 2 M$ ou plus sur le marché français, pour un chiffre d’affaires de 16,75 M€ (ou 18,54 millions de dollars). Chez Tattersalls, sur la même période, huit femelles ont franchi cette barre pour un total de 23,7 millions de guinées (30,61 M$). En Australie, le marché des femelles est décalé de six mois. En comptabilisant les quatre à plus de deux millions vendues mardi chez Magic Millions, dix femelles ont dépassé la barre des 2 M$ en Australie ces trois dernières années. Soit un total de 34,1 millions de AU$ (23,65 M€). En comptabilisant les ventes américaines, ce créneau a doublé en nombre entre 2018 et 2020. Quant au chiffre d’affaires, il a littéralement explosé à 186,82 M$. Une hausse de 49 % !

Coolmore tête de liste des acheteurs

Trente-neuf acheteurs se sont offert une femelle à plus de deux millions de dollars depuis 2018. Coolmore en a acquis seize – dont trois pour son antenne australienne – pour une enveloppe globale de 56,31 M$. Katsumi Yoshida vient après avec dix achats pour 29 M$. Spendthrift avait beaucoup investi en 2020 et 2021 avec sept femelles pour 27,95 M$ (dont Monomoy Girl). Mandy Pope continue à enrichir sa collection de super juments de son côté.

L’impact de Yulong

L’impact de Yuesheng Zhang (Yulong) sur les ventes en Australie et en Europe est colossal. Depuis mai 2021, il a acheté sept femelles à plus de deux millions avec un top price à 5,4 millions de Gns (6,78 M$) pour Alcohol Free (No Nay Never). Les six autres achats ont tous été effectués pour l’Australie. Au total, ces sept femelles cumulent 31 victoires de Gr1, dont quatorze enregistrées par la seule Melody Belle (Commands). Yuesheng Zhang n’est pas un collectionneur de “perles rares” : il est très actif dans les autres segments du marché. Mardi et mercredi, lors des deux premières sessions de la vente de juments de Magic Millions, il a acheté 49 lots pour 26,11 millions d’AU$ (16,04 M€). Le tout dans une fourchette de prix comprise entre les 36.000 AU$ déboursés pour Data (I Am Invincible) qui a remporté une course dans le cadre bucolique de Coffs Harbour, et les 4,1 millions AU$ payés pour la top price Forbidden Love (All too Hard).

Une offre en hausse

Le fort développement du marché haut de gamme n’est pas seulement le fruit de l’arrivée sur la scène de nouveaux investisseurs. Il est aussi lié à l’augmentation de l’offre. Aujourd’hui, les juments de qualité sont moins concentrées dans les effectifs de gros propriétaires/éleveurs. Elles sont donc à vendre  à l’entraînement après un bon résultat, voire en fin de carrière. De plus en plus, les propriétaires délaissent les amiables car le marché public offre de meilleures valorisations. C’est la même chose pour les juments qui appartiennent à des associations dont les membres n’ont pas forcément vocation à l’élevage. Nous verrons comment le marché se tient en novembre et décembre dans l’hémisphère Nord. Les juments à l’entraînement (ou sortant d’entraînement) représentent plus du 60 % de ce créneau haut de gamme…

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