Saint-Vincent, la qualité plus que la quantité

Première course européenne réservée aux 2ans, le Prix de Carqueiranne (Inédits) a été remporté par Kaléocreek (Bow Creek), un élève d’Émilie Lafeu présenté par le haras de Saint-Vincent chez Osarus. Ce haras du Sud-Ouest n’a pas de gros effectifs, et pourtant, il est souvent à l’honneur en tant qu’éleveur et/ou consignor. La victoire la plus “émouvante” est certainement celle de Fang (Goken) dans le Prix du Pin (Gr3). Il faut dire qu’il est entraîné par Jean-Claude Rouget, un entraîneur qui a beaucoup compté dans l’histoire de l’entreprise de Thierry Dalla Longa et Ludivine Charles. La mère a été élevée par le “quasi-voisin” et client de longue date François Bayrou à partir de la souche de cœur de l’homme politique. Fang vient de se balader dans une Classe 2 à Chantilly et on se prête à rêver de le revoir au niveau black type.

Parmi les chevaux élevés et/ou présentés par le haras de Saint-Vincent, il faut également citer Alastor (Helmet), troisième du Derby italien (Gr2), Rock Boy (Rock of Gibraltar), lauréat du Prix Djebel (Gr3), Palus Argenteus (Silver Frost), gagnant du Grand Prix du Département 06 et du Prix Right Royal (Ls), Nadette (Outstrip), lauréate du Prix Finlande (L) et deuxième des Autumn Miss Stakes (Gr3) ou encore Fleeting (Zoffany), gagnante des May Hill Stakes (Gr2), puis sur le podium des Oaks d’Irlande, du Prix de l’Opéra et des Oaks (Grs1)… liste non exhaustive. De bons résultats pour un consignor aux effectifs limités.

Le lot 124 est un petit-fils de la précoce Sotka (Dutch Art), gagnante à 2ans d’une course “F” sur les 1.000m de Maisons-Laffitte. Deuxième du Prix des Rêves d’Or (L), Sotka a produit Fas (Fastnet Rock), lauréat du Prix Sigy (Gr3) et étalon au haras de Saint-Vincent, mais aussi Silva (Kodiac), gagnante du Prix Bertrand de Tarragon (Gr3) et des 1.000 Guinées des UAE (L). La troisième mère, Demerger (Distant View) a donné le champion sprinter Sole Power (Kyllachy), vainqueur à deux reprises des King’s Stand Stakes et des Nunthorpe Stakes, ainsi que de l’Al Quoz Sprint (Grs1). Demerger a aussi produit Cornus (Inchinor), gagnant à quinze reprises et deuxième des Cornwallis Stakes (Gr3). Un vrai papier “vite et précoce”. Sans surprise, quand Zaur’s Heart (No Nay Never), une fille de Sotka, est passée sur le ring d’Arqana en décembre 2020, les Irlandais de Tally Ho Stud étaient à l’affût. Il faut dire que la jument correspond vraiment à leur profil : en matière d’élevage et d’étalonnage, ils sont LA référence européenne sur le créneau “vitesse et précocité”. Thierry Dalla Longa se souvient : « Si nous voulons être présents à la vente d’août, il nous faut investir sur de bonnes juments avec des partenaires. Les bons résultats nous donnent de l’énergie pour continuer. C’est encourageant car nous ne sommes associés que sur une dizaine de juments. Ce lot 124 est une fille de Kodiac (Danehill) – comme sa tante Silva – et elle a vraiment tout pour plaire, ayant pour mère une fille de No Nay Never (Scat Daddy). C’est la nièce de Fas qui fait la monte chez nous. J’adore cette famille. L’origine est développée par Zalim Bifov qui investit dans de belles saillies… Ce ne fut pas facile d’acheter Zaur’s Heart car face à nous, il y avait l’équipe de Tally Ho. Nous avions été battus à de multiples reprises lors de cette session, et j’ai bien cru que cela allait être encore une fois le cas sur Zaur’s Heart. Une fois acquise, la jument est donc allée à la saillie de Kodiac… qui fait la monte à Tally Ho Stud ! Tout comme pour sa saillie suivante, Mehmas (Acclamation), lequel officie au même endroit… »

L’année 2023 est celle de toutes les réussites pour les filles de Montjeu (Feed the Flame, Paddington, Dubai Hounor…) Les juments par Montjeu étant difficiles à acheter désormais, on peut se reporter sur celles de ses fils comme Hurricane Run (Montjeu) ou encore Motivator (Montjeu). Il faut que l’étalon du haras du Hoguenet ait un sacré palmarès en tant que père de mère avec un Average Earning Index de 1,48 et quatorze lauréats de stakes, dont Titleholder (Duramante), gagnant de Gr1 au Japon. Sans oublier A’Ali (Society Rock), Ottoman Fleet (Sea the Stars), Wally (Siyouni) et Fleeting, laquelle fut vendue par le haras de Saint-Vincent avant de briller au meilleur niveau. Thierry Dalla Longa, fort de ce constat, a acheté plusieurs filles de Motivator et notamment Donizzeta (Motivator), la mère du lot 189. Lauréate de son maiden à Dax, elle s’est classée troisième de Classe 2. Cette jument est une sœur d’Alignement (Pivotal), gagnant du Prix Dollar (Gr2) et d’Alda (Munnings), deuxième des Natalma Stakes (Gr1) : « Donizzeta est un peu dans le même profil que la mère de Fleeting. Motivator est un super père de mère, surtout si on choisit des filles avec suffisament de physique. Et ses filles sont encore “achetables” dans des tarifs raisonnables. Dans le cas de Donizzeta, j’ai aussi été attiré par le fait qu’elle est issue d’une origine Wertheimer. Cet élevage “sort” des familles très solides dans lesquelles les petits éleveurs comme nous peuvent avoir confiance. Ce lot 189 est un bon mélange entre Hello Youmzain (Kodiac) et Motivator. »

Le lot 270 est une fille de Sea the Moon (Sea the Stars) et de la bonne Lady Penko (Archipenko), troisième du Prix Saint-Alary (Gr1) puis mère de deux gagnants, dont Golden Lips (Golden Horn), deuxième des Oaks Trial Fillies’ Stakes (L). L’étalon de Lanwades a donné la même année les trois premières du Preis der Diana (Gr1) et le gagnant du Derby allemand (Gr1)… ce qui n’est jamais arrivé dans l’Histoire ! Étalon très régulier, avec des statistiques très solides – 15 % de black types par partants – il semble bien croiser avec les filles d’Archipenko (Kingmambo), autre sire de Lanwades. Ce croisement a donné quatre gagnants sur sept partants, et son premier black type avec Empress Wu (Sea the Moon), troisième du Prix de Psyche (Gr3). Ce n’est pas exactement une surprise car il s’agit d’une “extension” d’un croisement redoutablement efficace “Sea the Stars sur Kingmambo” à qui l’on doit dix black types, dont quatre gagnants de Gr1 (Cloth of Stars, Zelza, Hukum et Baaeed) : « Je n’ai pas pour habitude d’acheter des juments qui ont déjà produit. Mais Lady Penko était très bonne et elle avait donné un black type avec un étalon peu populaire à l’époque. Son deuxième produit était gagnant. Et le troisième a gagné une semaine après que nous avons acquis la mère à Tattersalls. Il s’agit de Sword Song (Saxon Warrior​​​​​) qui était très estimée par son entraîneur [elle a été engagée dans le Prix Pénélope, Gr3, avant de sortir de l’entraînement, ndlr].​​ Ce lot 270 est un super poulain : bon marcheur, du physique, une belle gueule… Un vrai profil classique ! Il a tout ce qu’il faut. »

Il aura marqué l’histoire de l’élevage français et il n’est malheureusement plus de ce monde. Le Havre (Noverre) a vraiment très bien réussi avec les filles de Sunday Break (Forty Niner) : cinq partants, trois gagnants, dont Olendon (2e du Prix Saint Alary, Gr1) et Roman Candle (Prix Greffulhe, Gr2). Le lot 301 reproduit donc ce croisement car sa deuxième mère est Holy Dazzle (Sunday Break), placée des Prix Imprudence et Prix Miesque (Grs3), puis mère de Roman Candle : « C’est une pépite. J’ai acheté la mère Moisson du Ciel (Toronado) aux ventes. Elle s’était accidentée à l’entraînement. Au départ, je l’ai acquise seul… avant de m’associer avec deux amis, qui sont aussi des professionnels reconnus, Sylvain Vidal et Mathieu Daguzan-Garros ! J’ai eu un certain nombre de bonnes filles de Le Havre au repos à la maison, comme Avenir Certain (Le Havre) par exemple, et cette yearling est vraiment dans ce moule. Dès la naissance, elle a été très belle et facile. Il faut aussi dire que Sylvain Vidal est tout de même en terrain connu en ce qui concerne Le Havre ! Et Holy Dazzle étant au haras du Cadran, la jument a toutes ses chances. »

Les yearlings de la vente d’août

Les yearlings de la v.2