jeudi 16 mai 2024

Menato

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Uncheckable ou le travail d’orfèvre de Giada Menato

Par Christopher Galmiche

cg@jourdegalop.com

La semaine écoulée a été marquée par les premières victoires de Groupe ou de Listed de jeunes professionnels en obstacle. Parmi cette jeune vague de l’obstacle, plusieurs femmes, comme Élisabeth Allaire, déjà lauréate dans cette catégorie précédemment, Lucie Pontoir qui a enlevé ses deux premiers Groupes samedi à Auteuil, Manon Scandella-Lacaille, laquelle a décroché sa première victoire à Auteuil directement dans une Listed, et Giada Menato. Jeune entraîneur d’origine italienne, elle a remporté sa première Listed avec son cheval de cœur, Uncheckable (Maxios), vainqueur du Prix Roger Saint (L), jeudi à Compiègne. Elle nous a raconté l’achat et la “fabrication” d’Uncheckable mais aussi son parcours de jeune femme passionnée et enthousiaste…

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Un cheval de cœur

Réclamé 33.456 € par son précédent propriétaire, suite à sa victoire par huit longueurs dans le Prix de Gien, le 2 septembre 2022 à Auteuil, Uncheckable a rejoint les boxes de Giada Menato, dont il défend désormais les couleurs, en association avec Roberto Sealtiel. Depuis qu’il est arrivé à Chantilly chez la jeune femme, le poulain a décroché quatre victoires, dont le Roger Saint, et quatre places en huit sorties. « C’est vrai qu’Uncheckable est mon cheval de cœur. C’était une impression magnifique car c’est très beau de s’imposer dans une Listed, mais c’est encore plus beau de le faire avec ce cheval. C’est lui qui m’a donné mon premier gagnant… C’est superbe ! » 

Trouver les bons boutons

Uncheckable avait la réputation de ne pas être très simple et Giada Menato a dû trouver les bons réglages pour lui faire donner sa pleine mesure. Une fois acquis à réclamer, elle ne l’a recouru que deux mois après. « Uncheckable avait toujours couru sans les œillères précédemment et la première fois qu’il les a eues, il s’est imposé dans le réclamer à Auteuil. Je voyais que le cheval était un peu vert. Il avait besoin de grandir. Yearling, il avait été acheté pour une belle somme par Nicolas Bertran de Balanda chez Arqana. J’adorais la façon de sauter et de galoper d’Uncheckable. Il avait gagné si facilement son réclamer à Auteuil… Il y avait eu beaucoup de bulletins pour l’acheter ! J’ai mis un peu de temps à trouver les bons boutons. Comme on peut le voir, je l’ai couru presque deux mois après son achat. Je n’arrivais pas trop à comprendre sa manière de faire et il travaillait mal pour être honnête. J’ai changé des choses comme l’alimentation et l’entraînement. Par la suite, il a commencé à aller bien et nous avons couru et gagné à Compiègne pour sa première sortie pour moi. Il est à l’écurie depuis plus d’un an et je le connais par cœur. Je le monte tous les jours depuis le début : c’est un grand avantage ! »

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Peut-être qu’il pourra être rallongé

Uncheckable a souvent bien performé sur les 3.450m de Compiègne. Mais plus il court, meilleur il est. Le rallonger devient dès lors une possibilité, d’autant plus qu’il faudra faire au moins 3.800m pour briller à Compiègne à 5ans. « Uncheckable va profiter d’un mois de vacances à l’écurie car nous avons des paddocks. De plus, c’est un cheval qui a ses habitudes. Il n’aime pas en changer, il reste donc au paddock à la maison. Nous recommencerons au printemps. Au printemps dernier, il courait sur des distances plus longues et pour finir, il craquait un peu. Mais c’est vrai qu’il était différent. Au début, il était allant et se dépensait un peu trop dans la première partie de la course. Il s’est beaucoup calmé. Étant donné la façon avec laquelle il a couru jeudi, je pense que nous pourrons peut-être le rallonger. Son jockey m’a dit aussi que l’on pouvait le mettre où on le décidait et que l’on faisait ce que l’on voulait avec lui désormais. » Uncheckable, c’est aussi une collaboration fructueuse avec l’un des meilleurs pilotes en obstacle, Ludovic Philipperon. Giada Menato nous a raconté : « Ma collaboration avec Ludovic a commencé avec Uncheckable. Je l’avais appelé pour le monter la première fois. Il était venu le matin le sauter quelques fois. Ensuite, nous avons commencé à travailler ensemble et ça marche très bien entre nous ! Sa manière de monter est parfaite pour la façon de courir de mes chevaux. C’est un jockey tactique et, comme moi, il n’aime pas forcément aller devant. »

Para, avec l’objectif de Merano

Autre achat judicieux pour l’écurie Menato, celui de Para (Prince Gibraltar). Pour sa première sortie pour la jeune femme, il s’est imposé de sept longueurs et demie sur le steeple de Fontainebleau, dans le Prix Princesse d’Anjou. Elle nous a raconté : « Nous avons acheté Para cet été avec monsieur Desmet qui est un grand propriétaire du trot. C’est son premier cheval au galop et il est très content. Je suis très heureuse que Para ait gagné plaisamment à Fontainebleau. L’année prochaine, avec lui, nous essaierons peut-être de courir le Gran Premio di Merano (Gr1). C’est un cheval qui saute très bien, c’est un vrai petit chat, qui aime être sur la main. Il apprécie de sauter et de tourner. Nous l’avions acheté cet été pour courir un peu en France avec l’objectif d’aller à Merano ou Waregem en 2024. Merano est un parcours avec des verts où il faut avoir de bons sauteurs. Le tracé est très différent d’Auteuil et il faut s’adapter. Para a le profil pour faire Merano. Ce serait magnifique de revenir là-bas ! En Italie, le niveau est plus bas qu’à l’époque, mais pour bien faire à Merano, il faut bien connaître son cheval et y aller en pensant que l’on a une belle chance à défendre ! »

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La passion du dressage

Au fil de la discussion, alors que les bruits de sabots rythment celle-ci, au moment de l’écurie du soir, Giada Menato transparaît comme quelqu’un de passionné. Passionnée par l’entraînement et le dressage : « J’adore dresser les jeunes chevaux ! C’est la plus belle chose qui soit : avoir un cheval juste débourré et le créer à ma façon ! Tous les 3ans de l’écurie, sauf un, ont été dans l’argent. C’est superbe ! » L’obstacle permet à la jeune femme de faire parler sa passion du dressage. Mais c’est aussi une passerelle avec ses débuts dans l’équitation et notamment le concours complet. « J’ai commencé de zéro car ma famille n’est pas du tout dans les chevaux. Je suis “folle” des chevaux depuis toute petite. Mon père m’a emmenée dans un centre équestre en Italie et ç’a été la catastrophe (rires) ! Je ne voulais plus aller nulle part… J’ai fini mes études scientifiques et j’ai beaucoup monté dans les concours. À l’époque, je montais en concours complet et j’ai d’ailleurs gagné le championnat italien. Ensuite, j’ai pris ma licence de cavalière et j’ai monté en course. Parallèlement, je suis restée neuf ans chez Bruno Grizzetti, où j’ai tout appris. C’est la meilleure écurie en Italie. J’ai fait ensuite le championnat de la Fegentri, puis j’ai arrêté de monter en course à l’issue de celui-ci. J’ai pris ma licence d’entraîneur, mais en Italie c’est très compliqué ! J’ai décidé de déménager en France, j’ai refait le stage d’entraîneur et je me suis installée à Chantilly il y a deux ans. J’ai choisi Chantilly car j’adore y entraîner ! Je monte à cheval tous les jours, tous les lots et j’adore l’entraînement. Cela me passionne de voir l’entraînement des grands professionnels. Le centre d’entraînement de Chantilly est tellement grand qu’il nous donne la possibilité de tout faire et de tout essayer avec les chevaux. Avec nos jeunes chevaux, on peut aller aux Aigles, aux Lions, on passe par la ville et cela contribue à bien dresser nos chevaux. À Chantilly, on travaille dans le calme, avec la possibilité de changer de piste tous les jours. Les chevaux s’habituent à tout. »

Une qualité de jeunes chevaux

Pour 2024, Giada Menato pourra compter sur de jeunes pousses pour continuer sa montée en puissance. « C’est sûr que gagner un Groupe peut faire partie de mes objectifs. Mais je veux continuer comme cela. J’entraîne car j’adore cela. Nous avons acheté des 2ans de qualité avec de bons pedigrees, donc j’espère que nous pourrons courir de belles courses avec eux et les 3ans qui vont prendre 4ans sont bien également. »

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