Fantastic Moon, les Cups plutôt que l’Arc 

« Plutôt que l’Arc, nous pensons à d’autres possibilités. Dont la Japan Cup et la Breeders’ Cup (Grs1). » À son retour aux balances, Sarah Steinberg a été catégorique : son pensionnaire Fantastic Moon (Sea The Moon) ne sera pas au départ du Qatar Prix de l’Arc de Triomphe (Gr1), course dans laquelle il n’est d’ailleurs pas engagé. Pourtant, le représentant de Liberty Racing a gagné son ticket en s’offrant le Qatar Prix Niel (Gr2), dimanche. Mais Fantastic Moon aime le bon terrain. L’aurait-il eu le premier dimanche d’octobre ? Pas impossible ! Sur les dix dernières années, le terrain était entre bon et souple à six reprises…

Avant la course, tous les regards étaient rivés sur Feed the Flame (K) (Kingman). À tel point que l’on oubliait la présence de Fantastic Moon, lauréat du Derby allemand (Gr1) quelque mois plus tôt… Bien parti, ce dernier a laissé le leader, King of Records (Sea the Stars), s’emparer des commandes. Positionné juste derrière lui, Fantastic Moon a eu une course idéale puisque le rythme imprimé en tête n’était pas très soutenu. Laissant partir le leader dans la fausse ligne droite, René Piechulek a laissé souffler Fantastic Moon. Actionné à 500m de l’arrivée, Fantastic Moon a progressivement comblé son retard sur King of Records avant de le dominer à 250m de l’arrivée. Parti au bon moment, Fantastic Moon a vécu sur son avance pour l’emporter finalement de deux longueurs et demie. Longtemps dernier, Feed the Flame a dû se faufiler entre ses rivaux dans la phase finale. Son pilote, Christophe Soumillon, l’a respecté en l’accompagnant uniquement aux bras. Ayant un beau passage à mi-ligne droite, il a ensuite demandé à souffler pour finir tout en parvenant à prendre la deuxième place. Il devance d’une demi-longueur Bravais (Frankel), qui est longtemps resté à ses côtés durant la course.

Fantastic Moon était avec Feed the Flame et Marhaba Ya Sanafi (Muhaarar), le troisième lauréat de Gr1 au départ du Niel. Dernièrement, dans le Grosser Dallmayr-Preis – Bayerisches Zuchtrennen (Gr1), il venait de se classer deuxième de Nations Pride (Teofilo), un pensionnaire de Charlie Appleby qui, un an plus tôt, avait remporté les Saratoga Derby Invitational Stakes (Gr1). À sa descente de cheval, son jockey, René Piechulek, nous a confié avec une certaine assurance : « Je ne suis pas surpris de gagner. Nous avons choisi le Niel pour qu’il trouve son terrain. Il bat de bons chevaux et il est aussi bon que nous le pensons. À cause du terrain, qui est souvent souple, l’Arc ne devrait pas être son objectif. Il a besoin de terrain bon ou rapide. »

Fantastic Moon porte les couleurs de Liberty Racing, un syndicat dont les parts annuelles sont proposées à 25.000 €. Et parmi ses membres, on note la présence de Michael Vesper, le président du France Galop allemand. Le gérant de cette écurie au quotidien n’est autre que Lars Baumgarten, qui était fou de joie lorsqu’il nous a confié ces mots : « Nous avons pris la bonne décision en ne courant pas la dernière fois à Baden-Baden car le terrain était trop fatigué. Et il a besoin de bon terrain, comme il le montre le matin. C’est un super cheval. L’entraîneur comme le jockey ont fait du très bon travail. La course a manqué de train et ce n’était pas facile. Mais il est maniable et très bon. À mon avis, c’est le meilleur gagnant du Derby allemand depuis Sea the Moon. À la différence qu’il est encore en lice en fin d’année de 3ans, alors que son père était en train de partir au haras. Vraiment, Sarah Steinberg a fait un travail d’orfèvre. Elle mérite d’avoir un tel cheval. Nous sommes tellement heureux pour notre syndicat, Liberty Racing. Rendez-vous compte, nous avons quatre chevaux dont deux de niveau Groupe ! Nous avons créé d’autres syndicats cette année et déjà acheté 10 yearlings dans cet objectif. Nous prendrons la décision pour la suite de sa carrière lundi. » L’autre représentant de Liberty Racing qui a le niveau pour remporter un Groupe se nomme Winning Spirit (Soldier Hollow), double lauréat de Listed en Italie cette année… 

Feed the Flame n’avait pas été revu depuis sa victoire du Grand Prix de Paris (Gr1). Deuxième, le poulain a certainement laissé quelques regrets à son entourage, sans pour autant remettre en cause sa participation à l’Arc. Pascal Bary, son entraîneur, nous a dit : « Il était sans doute un peu moins prêt que je ne le croyais. Avec la chaleur, Feed the Flame a beaucoup demandé à souffler dans le parcours. Sinon, il a bien accéléré, même si les 100 derniers mètres lui ont peut-être paru longs pour finir. Christophe Soumillon s’est forcé à lui apprendre à évoluer entre les autres chevaux, c’est une bonne préparation. De plus, il n’a pas été dur avec lui. Certes, c’est toujours mieux de gagner qu’être deuxième. Cela étant, le gagnant, Fantastic Moon, a le droit d’être bon. Feed the Flame sera au départ de l’Arc. Si le terrain venait à s’assouplir, cela serait encore mieux. »

Placé du Tattersalls Prix de Saint-Patrick ainsi que du Prix Nureyev (Ls), Bravais a franchi un nouveau palier en prenant la troisième place du Niel. Représentant en France de Juddmonte, Claude Beniada nous a dit : « De toute évidence, il s’agit de la meilleure performance de la carrière de Bravais. Déjà, en dernier lieu, il avait attendu et il est sûrement plus décontracté en attendant de cette façon. Dernièrement, à Deauville, sur 2.000m, il a montré qu’il ne serait pas dérangé par le rallongement de la distance. Il le prouve aujourd’hui et c’est très encourageant. C’est un poulain qui n’a pas couru à 2ans et, en début d’année, il a gagné ses deux premières courses en montrant des progrès. C’est certainement un poulain tardif. Si tout va bien, il fera un bon 4ans. Le cheval de la casaque pour l’Arc c’est Westover (Frankel). Quant à Bravais, je ne sais pas s’il va recourir cette année. »

Philipp Stauffenberg et son épouse – Stauffenberg Bloodstock – sont plus connus pour le pinhooking et le consignement. Mais ils élèvent aussi avec un effectif réduit et Fantastic Moon leur a offert un premier succès classique dans ce rôle. Il a été acheté 49.000 € à la vente BBAG par Liberty Racing. Son père, Sea the Moon (Sea the Stars), fait la monte à Lanwades. Outre le gagnant du Derby allemand, il a donné les trois premières du Preis der Diana (Gr1) 2023 : aucun étalon n’y était parvenu la même année. Dans la réussite de Fantastic Moon, Sea the Moon a d’autant plus de mérite que le 3ans n’a pas la plus grande des pages de catalogue. C’est le croisement – Sea the Moon sur Lomitas – de Wonderful Moon (Sea the Moon), étalon au haras de Rosières-aux-Salines jusqu’en 2023 et qui fut favori du Derby allemand (Gr1).

La mère, Frangipani (Jukebox Jury), a gagné lors de ses débuts à 2ans et elle a couru le Preis der Winterkönigin (Gr3). Fantastic Moon est son premier gagnant sur deux produits. Elle a un yearling par Masar (New Approach). Fantastic Moon est le premier gagnant de Jukebox Jury (Montjeu) en tant que père de mères. Celui qui fut un bon étalon de plat en Allemagne – 15 % de black types par partant – officie désormais en Irlande sur le marché de l’obstacle. La deuxième mère, Firedance (Lomitas), a gagné à Longchamp pour l’entraînement Delzangles avant de tenter sa chance dans les Groupes. Elle a produit huit gagnants dont deux black types en Scandinavie, comme Fearless Hunter (Alhaarth), lauréat de Gr3 en Norvège.

La troisième mère, Fraulein Tobin (J O Tobin) est la jument fondatrice de l’élevage Stauffenberg. Elle a produit Germane (Distant Relative) qui a remporté les Rockfel Stakes (Gr3). Fraulein Tobin est l’aïeule d’une douzaine de black types.

Du départ à 1.000m : 1’34’’00

De 1.000m à 600m : 23’’39

De 600m à 400m : 11’’84

De 400m à 200m : 11’’96

De 200m à l’arrivée : 12’’01

Temps total : 2’’33’’20